lundi 3 septembre 2007

LA SPECIFICITE DE L'ECOLE CATHOLIQUE

L’importance, dans notre pays, de l’Eglise catholique dans le domaine de l’éducation de la jeunesse et de l’enseignement ainsi que celle des écoles catholiques se passent de tout commentaire.

1. Chronologiquement déjà, la naissance de l’instruction formelle aux congolais est liée à l’Eglise catholique. En effet, avant notre rencontre avec la culture occidentale, il n’existait, certes pas, d’organisation scolaire structurée dans notre pays ; mais l’éducation de la jeunesse y était assurée par la famille, le clan, et, dans certaines régions, par tribu. Les enfants apprenaient à l’école de la vie, à l’école de l’expérience ; et tout adulte était plus ou moins un maître.
Sans être littéraire ou scientifique(nous sommes de l’une ou l’autre formation), la formation qui était alors donnée, par tradition orale, préparait les jeunes à leur vie sociale, en leur inculquant des notions théoriques, mais surtout pratiques dans le domaine de l’agriculture, la pêche, la chasse, la danse, l’art médical ; ainsi que des habitudes du bien moral, suivant les règles admises par la communauté à laquelle ils appartenaient ; cela, même dans les tribus qui n’avaient pas la pratique de l’ « initiation » (Firmin Kilunga).
Et c’est l’Abbé Van Impe (de l’Eglise Catholique donc), directeur de l’Institut St Louis de Gonzague de GIJZEN en Belgique, qui, le tout premier, et cela, en 1888 et en Belgique, se battit bec et ongles pour être autorisé par le Gouvernement belge à faire étudier des enfants congolais en Belgique, (sans doute dans son école), d’abord à ses propres frais, ensuite avec l’aide du gouvernement. Cette initiative de bienfaisance, qui lui vaudra une distinction honorifique de l’Etat, poussera plus tard les autorités coloniales à créer des écoles au Congo.

2. Effectivement, l’enseignement débutera au Congo en 1890 avec des écoles appelées « Colonies scolaires », dirigées par un personnel militaire (à Boma, par exemple Epamboko).
Et très vite, ces écoles furent, au fur et à mesure, confiées aux missionnaires (de l’Eglise catholique donc), devenant ainsi les ancêtres des futures « écoles officielles congrégationistes », c.à.d. écoles de l’Etat mais dont la gestion est confiée à une congrégation ou association religieuse), qui feront partie de l’une des trois catégories de l‘école catholique avant la nationalisation de 1974.

3. Mais bien auparavant, les missionnaires, de leur côté, chaque fois et partout où ils s’installaient, s’occupaient avant tout, certes, d’organiser une très intense instruction religieuse, leur objectif premier.
Cependant, très vite, ils sentirent la nécessité de s’entourer d’un corps d’auxiliaires, catéchistes, qui sachent lire et écrire, afin d’assurer l’instruction religieuse, tenir des registres, entretenir la correspondance avec le poste de mission.
Ainsi donc, bien que par nécessité et de façon subsidiaire, les missionnaires organisèrent l’enseignement de la lecture, écriture et calcul ; et les catéchistes formés, disséminés à travers le territoire confié à la mission, feront de même en donnant des leçons de lecture, d’écriture et de calcul : L’enseignement fondamental est ainsi né.

4. Cet impératif d’instruction religieuse, auquel les missionnaires répondent par l’école, sera renforcé par la suite par un deuxième impératif, d’ordre économique, celui-là.
En effet, les missionnaires avaient besoin de beaucoup de bras pour mettre en valeur les vastes terres qu’ils avaient reçus du gouvernement. La multiplication des postes de mission et de leurs succursales, la construction d’innombrables églises, couvents, etc…, nécessitaient une abondante main-d’œuvre, et spécialisée, de maçons, menuisiers, etc…, qu’il fallait former sur le tas.
C’est pour répondre à cette nouvelle nécessité que ces écoles missionnaires ajouteront, à leur programme d’apprentissage de la lecture, écriture et calcul, des activités agricoles et professionnelles.
L’enseignement dans ces écoles étant essentiellement agricole et professionnel, en plus de l’apprentissage de la lecture, écriture et calcul en vue de l’instruction religieuse, c’est pourquoi ces écoles missionnaires seront appelées des « fermes-écoles » ou des « chapelles-écoles ».

5. Initiatives privées, ces chapelles-écoles des missionnaires ne bénéficiaient, du moins au départ, d’aucune aide de l’état colonial, qui n’allouait alors des subsides qu’au culte et à l’installation des missions, et non à leurs écoles. Et même alors, aux seules missions catholiques.
Par la suite, Léopold II éloignera de son « Domaine » les congrégations religieuses catholiques d’origine, ou de direction, française, de peur que le pouvoir étranger français s’immisce dans l’administration de sa colonie sous prétexte religieux. Ce n’est qu’alors qu’il octroiera ses subsides aussi aux écoles, mais aux seules écoles catholiques, parce qu’appartenant à des missionnaires belges. Car, le roi avait, entretemps, obtenu du Saint Siège en 1886 que son fief soit réservé aux seuls missionnaires belges, spécialement de Scheut, Congrégation belge dont il demanda l’envoi des membres au Congo.
Tout cela fera que les écoles protestantes, parce qu’avec des missionnaires d’origine anglo-américaine, par conséquent victimes de la discrimination de Léopold II, stagneront longtemps ; tandis que le réseau scolaire catholique connaitra un développement rapide.
C’est tout cela aussi qui explique la place de premier plan qu’occupent, depuis toujours, les écoles catholiques dans ce pays ; d’autant plus que les écoles officielles laïques ne verront le jour que beaucoup plus tard, en 1954, avec Buisseret, Ministre de la colonie. Cela ne date donc pas d’aujourd’hui. Et de nos jours encore, les statistiques scolaires confirment cette place.
En l’année scolaire 1986-1987, par exemple, le réseau catholique, au niveau national, avait géré 78% d’écoles primaires et 22% d’écoles secondaires.Au niveau provincial et de District, les proportions doivent avoir tourné autour des mêmes chiffres, même si, ne possédant pas des données de la part des services compétents de la division provinciale et des 7 sous-divisions sur lesquelles la coordination diocésaine est à cheval, nous ne pouvons pas confirmer ce fait avec les statistiques à l’appui.

6. Mais l’importance de l’école catholique dans notre pays ne provient pas seulement du nombre d’écoles, de classes, d’élèves et d’enseignants qu’elle gère ; elle ne provient pas, non plus, de la qualité de ses infrastructures en bâtiments, équipements, livres, etc… ; mais de la qualité de l’enseignement et surtout de l’éducation qu’elle assure.
Aux récents EXETATS 2006, par exemple, alors que la réussite pour l’ensemble du pays s’élevait à 64 %, pour les écoles catholiques elle s’élevait à 74 % au niveau national et 90 %, au niveau du diocèse.
C’est ce double aspect qui explique l’engouement avec lequel les parents d’autres confessions religieuses et même les enseignants d’autres réseaux nous envoient leurs enfants, surtout filles, à l’école catholique ; ils ne les envoient ailleurs qu’après coup et résignés de n’avoir pas trouvé de la place dans l’école catholique.Cela, parce qu’en fait des connaissances et des compétences (lecture, écriture, dactylo- graphie, etc….) on apprend au moins quelque chose à l’école catholique.Et celle-ci ajoute, en plus, la formation aux valeurs éthiques sans lesquelles la construction harmonieuse de la société n’est pas possible, ainsi que l’éducation religieuses et spirituelle, fondement de l’éducation intégrale de l’homme.

7. Ce double aspect permet aussi de comprendre que dans les pays d’Asie où les catholiques sont une infinie minorité avec moins de 5% et où la pratique religieuse pour les vieilles religions asiatiques (Hindouisme, Bouddhisme, Confucianisme, Shintoïsme, etc…) est une donnée tellement importante qu’il est pratiquement impossible, et parfois même interdit(pays musulmans) sous peine de mort, de convertir au catholicisme, l’école catholique, pour élèves et avec enseignants à majorité musulmane ou d’autres religions asiatiques, est, pourtant, non seulement autorisée, mais fort prisée et même recherchée ; et cela, pas uniquement pour les quelques catholiques, mais pour desservir des populations à majorité, ou exclusivement, musulmane. C’est le cas cde l’Afrique du Nord, Maroc, Tunisie, etc…
A ce stade, à la question (de savoir) : pourquoi l’école catholique dans ces pays ? La réponse est que l’une des manières les plus décisives pour l’Eglise d’apporter les valeurs et les enseignements de l’Evangile dans la vie des gens des autres religions est par la voie des institutions d’éducation gérée par elle. Pour ces populations musulmanes et d’autres religions asiatiques, le seul contact avec le Christ et les chrétiens, c’est par le biais des écoles catholiques gérées par les chrétiens. Cela les amènera à se poser des questions sur le christianisme, l’Eglise catholique.

8. Comme on le voit, l’école catholique inspire confiance et jouit d’un prestige considérable. On s’y réfère. D’où notre slogan : « Ecole catholique, école de la différence, école de référence »
C’est reconnu de tout le monde, par exemple, que, pour mettre fin aux années blanches qu’ont connue les écoles de la RDC, au niveau de Kinshasa, c’est le feu Cardinal ETSOU, et ici chez nous, c’est la coordination diocésaine , qui a donné le ton pour commencer le nouveau système de prime ou de contribution des parents dans le Maindombe. Ceux qui n’ont pas la mémoire courte se rappelleront que c’est la coordination diocésaine qui a mis fin à la longue grève de l’année 93/94 avec sa fameuse circulaire « Sauvons la Nation » du 7 janvier 1994 ; et à chaque rentrée scolaire, tout le monde attendait que l’école catholique fixe le taux de la prime, élabore le calendrier du secondaire, particulier au Maindombe, que les autres copiaient etc…: Réseau et école de référence !

9. Tout cela est motif de fierté pour nous, sans doute ; mais surtout une grande responsabilité. Responsabilité de sauvegarder la tradition de l’école catholique telle que nous l’avons reçue de nos prédécesseurs, pour pouvoir la léguer, à notre tour, intacte aux générations futures.
C’est ainsi que, devant des cas, par exemple, de polygamie, de 2è bureau, d’élèves auteurs de grossesse, filles-mères ou pères de familles ; de détournement, corruption, tricherie, etc…, l’école catholique doit dire comme les apôtres Pierre et Jean aux chefs des juifs : « Nous ne pouvons pas nous taire, ne pas parler » c.à.d. nous ne pouvons pas, en conscience, ne pas pendre des mesures disciplinaires et d’exclusion définitive. C’est cela la tradition de l’école catholique. Il en est de même de l’EXADIO, l’ancien examen du Père Inspecteur. Agir autrement serait trahir l’école catholique et même l’homme de la rue nous le reprocherait.
C’est d’ailleurs ce qu’ils nous rappellent chaque fois qu’ils présentent leurs doléances sur ces différents cas : L’école catholique commence maintenant à garder ou tolérer pareils cas de polygamie, grossesse d’élèves, etc…, nous disent ou nous écrivent-ils ?

10. Lors de la nationalisation des écoles en 1974, il existait dans notre pays, 4 catégories d’écoles.
a) Ecoles officielles : sont celles créées (depuis 1954 seulement) par l’Etat (donc propriété de l’Etat) et gérées par l’Etat
b) Ecoles congrégationistes : sont celles créées par l’Etat (donc propriété de l’Etat), mais dont l’Etat a confié la gestion à une association ou congrégation religieuse, particulièrement la congrégation enseignante des Frères des Ecoles Chrétiennes à Boma.
c) Ecoles privées subsidiées (ou écoles subventionnées) : sont celles créées par les missionnaires (donc propriété de l’Eglise) et gérées par l’Eglise, mais recevant les subsides (argent) de l’Etat pour la paie des enseignants et leur fonctionnement, contrairement au système français.
d) Ecoles privées non subsidiées(ou écoles non subventionnées) : sont celles créées par l’Eglise(ou société) et gérées par l’Eglise, mais ne recevant pas les subsides (argent) de ‘Etat. C’est le cas, par exemple, des petits séminaires.
Aussi lors d des écoles e la nationalisation en 1974, l’étiquette d’école catholique (dépendant du BEC) comprenait alors en son sein les trois catégories d’écoles ci-dessous :
a) Les écoles privées et non subsidiées
b) Les écoles privées et subsidiées
c) Les écoles congrégationistes
Chez nous, au Diocèse d’Inongo, on n’a pas connu d’écoles congréganistes ; et comme école privée non subsidiée, rien que le petit séminaire, alors qu’ailleurs ils ont eu, par exemple, les écoles privées non subsidiées de la Gécamines.

11. Voilà qu’en 1974 intervient la nationalisation des écoles. Toutes les écoles, à l’exception des séminaires et maisons de formation religieuse, deviennent écoles de l’Etat (bien que non créées par lui) et gérées par l’Etat, à l’instar des écoles officielles ; donc, écoles publiques.
Mais trois ans après, sous la pression des parents d’élèves, touchés par la dégradation des écoles et l’immoralité des élèves surtout filles, l’Etat sera obligé de signer avec l’Eglise, en 1974, la Convention de gestion scolaire, la troisième du genre.
En effet, en 1906, le Saint- Siège avait signé la première Convention scolaire avec l’Etat Indépendant du Congo. D’où en 1907, les supérieurs de mission décidèrent l’implantation d’écoles dans chaque poste de mission.
En 1926, alors que Léopold II avait déjà cédé le Congo au Royaume de Belgique et que le pays s’appelait Congo Belge, une deuxième Convention scolaire fut passée entre l’Etat du Royaume et le Saint- Siege. C’est ainsi que l’administration belge édita les « Dispositions générales de l’enseignement au Congo », c.à.d. la charte, le guide pour l’orientation de l’enseignement au Congo, dispositions qui furent revues en 1952.
En 1954, éclatera ce qu’on appelle « la guerre scolaire ». Le gouvernement belge socialo-libéral et athée, sous Buisseret comme Ministre de Colonie, lancera avec fracas les écoles dites « officielles », avec teinture d’anticléricalisme.On vit alors, dans beaucoup de grandes villes, pousser comme des champignons, de gros immeubles baptisés « Athénées ». Une lutte âpre surgit entre les catholiques belges et le gouvernement socialo-libéral.
Ce conflit perdurera jusqu’à l’indépendance du Congo en 1960. Et c’est le gouvernement congolais qui éteindra le feu en mettant au même pied d’égalité les écoles privées subsidiées et les écoles officielles, à la grande satisfaction de tous.

12. Lorsque il signera, le 26 février 1977, cette troisième Convention scolaire avec l’Eglise, l’Etat congolais ne reviendra pas sur sa décision de nationalisation des écoles. Les anciennes écoles catholiques privées subsidiées, qui avaient été nationalisées en 1974, continueront à rester propriété de l’Etat, écoles publiques de l’Etat, écoles nationales.
Ce n’est que leur gestion que l’Etat confiera, à l’instar des anciennes écoles congréganistes, à l’Eglise et ce, suivant les modalités déterminées par la Convention.
C’est ainsi que la Convention de 1977 porte, officiellement, le titre de « Convention de gestion des écoles nationales » et que les écoles catholiques d’après 1977 sont appelées, non pas, « écoles catholiques », mais « écoles conventionnées catholiques » c.à.d. écoles catholiques régies par la Convention pour leur gestion.
Aussi, aujourd’hui en RDC, les écoles nationales sont divisées en écoles privées agrées (petit séminaire, complexe Massamba, Malula, …) et écoles publiques de l’Etat. Et ces dernières, en écoles non conventionnées(ou officielles) et écoles Conventionnées, selon qu’elles sont gérées directement par les pouvoirs publics eux-mêmes ou par l’Eglise, suivant les modalités déterminées par la Convention de gestion scolaire.
Enfin, les écoles conventionnées sont divisées en écoles conventionnées catholiques, protestantes, kimbanguistes, islamiques, et même salutistes, suivant que la convention a été signée par l’Etat avec l’Eglise catholique, protestante, kimbanguiste, les musulmans ou l’Armée du Salut.
Il y a lieu de remarquer qu’en 1977, lors de la signature de la convention de gestion scolaire avec l’Etat, les musulmans et l’armée du salut n’étaient pas de la partie ; elles sont venues après coup.
Actuellement, l’étiquette « école catholique » ne comprend plus que les deux catégories d’écoles : les écoles conventionnées catholiques qui sont les écoles publiques de l’Etat, mais dont la gestion est confiée à l’église catholique ; et les écoles privées catholiques qui, à l’instar des petits séminaires, sont créées par des paroisses catholiques, Malula,
Mgr Moke…), des Abbés, etc… et gérées par eux, avec orientation catholique et même sur les modèles des écoles conventionnes catholiques. Mais la réunion des Coordinateurs de la Province ecclésiastique de Kinshasa, à Boma, avait décidé que ces dernières devaient soit passer sous la juridiction des Coordinations diocésaines soit renoncer alors à l’appellation « Ecoles privées catholiques »

13. Tout cela, c’est l’école catholique du point de vue juridique ! Mais, par quoi se distingue une école catholique et qu’est –ce qui, réellement et concrètement dans la pratique, fait d’une école donnée une école catholique, réellement et pas de nom ?
D’entrée de jeu, une école n’est pas une école catholique par le simple fait d’être sous la juridiction d’une Coordination diocésaine ou d’avoir un Coordinateur ecclésiastique : prêtre, religieux ou religieuse (Kin avec laïcs).
Une école n‘est pas une école catholique simplement parce qu’elle est dirigée par un ecclésiastique prêtre, religieux ou religieuse, suivant en cela l’opinion populaire qui parle spontanément de « école ya Basango, école ya ba-masoeur » (Toutes nos écoles primaires ne le seraient pas puisqu’elles sont dirigées par des laïcs !)
Une école n’est pas , non plus , une école catholique par le simple fait qu’un groupe de catholiques ou un catholique, si engagé soit- il ,la dirige (la plupart des écoles officielles ont des catholiques à leur tête).
Une école n’est même pas une école catholique uniquement parce qu’elle a été créée par une paroisse, un ecclésiastique, religieux, prêtres, évêque, cardinal.
Une école n’est pas une école catholique parce qu’elle porte le nom d’un ecclésiastique ou d’une vertu chrétienne ou d’un saint.
En outre, ce n’est pas nécessaire, pour qu’une école soit une école catholique, que les enseignants qui y œuvrent ou les élèves qui la fréquentent soient tous, ou en majorité, des catholiques(le cas des écoles catholiques dans les pays musulmans).
En résumé, ce n’est pas nécessaire que ça soit une école créée ou dirigée par des catholiques ni une école pour des catholiques ou encore une école qui assure l’enseignement religieux. Tout cela fait partie des apparences, de l’aspect psychologique, de la même façon qu’aux EXETAT ou EXADIO il y a la réussite apparente et la réussite réelle ; et qu’en analyse grammaticale, il y a le sujet réel et le sujet apparent.

14. Evidemment, pour qu’une école soit appelée une école catholique, la première condition juridique exigée par le Droit Canon est que la personne ou le groupe des personnes qui la gèrent aient reçu une mission d’Eglise, par un document écrit de la part de l’autorité ecclésiastique compétente. Toutefois, le plus important est que l’école puisse exprimer, réellement dans les faits, l’identité catholique.
Mais, comment va s’exprimer l’identité catholique pour une école, dans les cas des écoles catholiques dans les pays musulmans, par exemple, avec des enseignants et pour des enfants, en majorité musulmane (si pas tous), qu’il est souvent interdit de convertir au christianisme sous peine de mort ? Cela revient à répondre à la question : Quelle est la spécificité (ou la particularité) d’une école catholique, au-delà de l’aspect psychologique et apparent, et même canonique ?

15. La comparaison avec « l’hôpital catholique » nous aidera à mieux comprendre les choses. Les hôpitaux catholiques sont, en effet, dans leur majorité, l’héritage des Instituts religieux féminins. Au fur et à mesure que diminuait le nombre des religieuses, il leur devenait de plus en plus difficile d’assurer une présence dans leurs établissements, et même dans les Conseils d’administration. Aussi, dans ces hôpitaux catholiques, les soignants, les directeurs et les administrateurs deviennent en majorité des laïcs.
Le maintien de l’identité catholique dépend alors de la fidélité et de l’attachement de ces laïcs aux valeurs catholiques, c.à.d. l’application des principes catholiques, ainsi que la conformité avec l’enseignement de l’Eglise sur des sujets médico- moraux ; en incorporant les directives du Magistère aux ROI de l’hôpital. Ça, c’est l’aspect que j’appellerai juridique.
Mais, concrètement l’identité catholique pour un hôpital consiste surtout dans la vision et l’engagement de son personnel de considérer les soins comme un ministère, un apostolat, dans ce sens- ci que :
La qualité des soins médicaux ne pourraient être inferieure à celle que donnent les hôpitaux non catholiques et laïcs ; mais surtout qu’un hôpital catholique est au service de la personne tout entière : le corporel, le mental, le spirituel. Et ce traitement demande qu’on ne porte pas attention uniquement à la qualité scientifique des soins médicaux, mais à la manière de les donner. Les patients ont besoin d’une main humaine secourable et non d’un bistouri et d’un robot.
Quoiqu’il n’y ait rien d’exclusivement catholique dans le soins qualitatifs que donne un hôpital catholique, c’est cette touche personnelle qui, dans l’opinion populaire, distingue les hôpitaux catholiques des autres ; en y ajoutant une attention particulière aux patients pauvres, en leur octroyant la même qualité des soins et la même attention personnelle qu’ils accordent aux riches, aux grands, suivant, en cela, l’enseignement évangélique de Mt 25, 40 : « Tout ce que vous aurez fait à l’un de ces plus petits (de ces pauvres) , c’est à moi-même que vous l’avez fait » C’est toute cette atmosphère qui fait apprécier, qui fait que Sr. Ankume à Inongo, Mushie est prisée, recherchée.

16. Il en est de même de l’identité catholique pour une école, de spécificité (ou particularité) de l’école catholique.
Les fins intellectuelles et culturelles prévues au programme et que poursuit, et doit poursuivre, toute école, l’école catholique aussi les poursuit et ne peut être en reste, bien au contraire.Et cela, non seulement en privilégiant et en visant la qualité et l’excellence, mais aussi en faisant tout cela dans un esprit (ou atmosphère) spécial, celui évangélique de service, de solidarité, d’amour.
Concrètement, pour ce qui concerne :
1. Le savoir
Toute école transmet, fait acquérir, des savoirs, des connaissances, des pensées. Elle apprend à l’élève à savoir lire, savoir écrire, savoir calculer : des savoirs ! Elle lui apprend à connaître : des connaissances.
Sur ces points, l’école catholique vise la qualité et l’excellence. D’où certaines exigences dans les conditions de travail : Pas d’écoles sans bâtiments, sans bancs ni sans livres ; pas d’élèves de 1ère année primaire sans cahiers d’écriture, sans ardoises, sans bics, etc….
Grace à cela, à l’école catholique on apprend au moins quelque chose. C’est la raison pour laquelle, même les non-catholiques nous envoient leurs enfants, malgré nos exigences catholiques, malgré, parfois comme à Inongo, les distances.Car, le plus important n’est pas ce que l’enseignant enseigne, mais ce que l’élève apprend réellement.
2. Le savoir –faire
Toute école doit aller au-delà des simples connaissances acquises, des pensées, etc…, pour transmettre, faire acquérir, des savoir-faire, des compétences. L’école doit pouvoir rendre son produit fini, le finaliste, immédiatement utile à la société. Cette finalité a été cristallisée dans le terme « professionnalisation » de l’enseignement.
Sur ce point, l’école catholique vise les compétences réelles pour pouvoir agir ; elle apprend à l’élève à faire, et pas uniquement des simples théories.
Ainsi, donc, un finaliste de menuiserie doit savoir fabriquer une chaise, table, lit… ; celui de la mécanique, savoir fabriquer une petite houe …Un A2 (ou A3) coupe et couture doit pouvoir coudre différents modèles d’habits ; un A 2 (ou A3) commercial, savoir taper aisément, et les yeux fermés, une lettre.
D’où certaines exigences dans les conditions de travail : Pas de sections commerciales sans machines à écrire ni de coupe et couture sans machines à coudre ; pas de sections techniques sans un minimum d’équipements ; cela, même si l’on a, entre les mains, l’Arrêté ministériel d’agréation. Car, sans cela, jamais les finalistes auront la compétence et le savoir- faire qu’on attend d’eux. Or, le plus important, ce n’est pas ce que le professeur enseigne, mais ce que l’élève devient.
3. Le savoir-être ou le vivre ensemble
Faire acquérir les connaissances et les compétences, c’est la mission de toute école, même si l’école catholique en privilégie la qualité.
Alors que le secteur officiel d’enseignement ne se limite qu’à ces deux aspects et que la formation au savoir-être, au vivre ensemble, aux valeurs éthiques et spirituelles ne constitue pas sa préoccupation ; que, non seulement elle est le moindre de ses soucis, mais serait même considérée comme atteinte à la liberté des enseignants et des élèves ; et, au nom de la prétendue laïcité de l’Etat, come affaire des familles et des organisations religieuses.
Pour l’école catholique, par contre, pour qui « science sans conscience est ruine de l’âme et nuisance pour la société », la formation et l’éducation à y donner sont dites « intégrales », parce qu’elles touchent toute la personne : esprit et corps, intelligence, sensibilité, sens esthétique, spiritualité, dimension surnaturelle et englobent à la fois le savoir, le savoir-faire, le savoir-être et le vivre ensemble.
L’école catholique éduque aux valeurs éthiques de : conscience professionnelle et sens moral, amour et pratique du bien, dialogue, tolérance et solidarité, sens du travail et du bien commun, esprit de justice, de dévouement, etc…, c.à.d. elle forme le cœur d’où, selon l’Evangile, partent toutes les choses bonnes comme mauvaises. Autant de valeurs dans le cadre du savoir-être et du vivre ensemble, valeurs éthiques dont l’importance pour la construction harmonieuse de la société n’est plus à démontrer.
Par ailleurs, l’éducation religieuse étant le fondement de l’éducation intégrale en lui donnant des profondes racines et en lu conférant solidité et vigueur, la formation intégrale que donne l’école catholique comportera aussi la dimension spirituelle, c.à.d. la relation vécue avec Dieu.
4. Milieu éducatif catholique
Ce n’est pas seulement l’accent mis sur la qualité dans la transmission des savoirs et des savoir-faire (ou compétences) ; ce n’est même pas tant cet ajout (par rapport aux écoles officielles) de savoir être ou vivre ensemble et de formation aux valeurs éthiques ,qui font la particularité, la spécificité de l’école catholique, car même les bulletins officiels parlent de la « conduite » de l’élève, eu égard, par exemple, au fameux Arrêté ministériel n°940/90 du Ministre Koli Elombe.
Ce qui fait la spécificité de l’école catholique, c’est plutôt et surtout, comme pour les hôpitaux catholiques, cette ambiance, cette atmosphère, cette écologie propre, appelée « milieu éducatif catholique », s’inspirant de la personne de J.C. et des enseignements évangéliques d’amour, de service, de solidarité, de vérité, etc…..C’est cela qui fait que l’école catholique devient ainsi un lieu d’éducation intégrale, aidant l’enfant à devenir homme et adulte dans toutes les dimensions de son être : le corps, l’esprit, la volonté et le cœur, sans les diviser ni déséquilibrer l’enfant en négligeant l’une ou l’autre dimension.
En résumé, une éducation intégrale fondée sur quatre piliers fondamentaux : Apprendre à connaître (=le savoir), apprendre à faire (=le savoir-faire), apprendre à être (=le savoir- être), apprendre à vivre (=le savoir -vivre ensemble) ; tout cela, dans une atmosphère propre, appelée « milieu éducatif ». Car le ROI national des écoles conventionnées catholiques dit, par exemple, que même la transmission du savoir, l’enseignement profane, doit tenir compte de la vision chrétienne du monde et de l’homme.
5. Projet éducatif
Cette atmosphère propre du milieu éducatif est contenue, enfermée, dans le Projet éducatif de l’école catholique et dans son ROI.
Le projet éducatif doit porter essentiellement sur la transmission des connaissances, des compétences, des valeurs éthiques et de cet art de vivre, par les éducateurs; éducateurs dont la condition essentielle est d’être eux-mêmes, au lieu de simples « enseigneurs », des modèles et des exemples vivants de tout ce qu’ils transmettent comme valeurs aux enfants. Car, le maître éduque par ce qu’il est, et non par ce qu’il dit.
Ainsi donc, une école catholique qui ne préparerait les élèves qu’à passer les examens, à avoir un diplôme, sans les préparer à vivre une vie complète en homme responsable et utile à la société, n’aurait de catholique que le nom, même si elle organise, en son sein, les cours de religion, des messes dominicales, des messes hebdomadaires de classes.
Comme vous le voyez, dans une école catholique, il ne s’agit pas uniquement des problèmes d’assistance à la messe, de polygamie, de 2è bureau, d’élèves auteurs de grossesse ou filles mères, ainsi que plusieurs le pensent à tort.
17.Voilà l’école catholique dont nous sommes tous tenus de sauvegarder la tradition reçue et de la léguer, à notre tour, intacte, à ceux qui viendront après nous, c.à.d.:
a) L’école catholique : un lieu d’enseignement, où l’on transmet des savoirs(ou connaissances) et des savoir-faire (compétences), réels. Où le finaliste du primaire sait réellement lire, écrire, calculer et s’exprimer ; et où le finaliste du secondaire sait réellement coudre, taper à la machine, saisir à l’ordinateur, etc…, et a un niveau suffisamment élevé pour permettre aux diplômés d’être à même de soutenir la concurrence à l’échelle mondiale.
b) L’école catholique : un lieu d’éducation où l’on transmet le savoir être et le savoir vivre ensemble. Où, dans la perspective de l’éducation intégrale, l’on forme non seulement l’intelligence, mais aussi le cœur, la volonté, le caractère, l’esprit, le corps, la sensibilité, le sens esthétique,…..bref tout l’homme. Où l’on ne donne pas seulement l’instruction, mais l’on forme aux valeurs humaines, sociales, morales, civiques , de l’amour, justice, vérité, discipline, service, honnêteté, esprit de travail et de travail bienfait, efforts….Tout ce travail de formation intégrale ne doit pas être limité à des simples principes à inculquer, mais doit aller, au-delà, à la pratique, suivant le principe éducatif « Learning by doing ».
c) L’école catholique : un lieu d’évangélisation comme CEV. Où l’on s’inspire, dans la vie, de la personne de J.C. et des enseignements évangéliques.
Abbé Alidor N Z E K E,Coordinateur Diocésain

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Mgr Donatien Bafuidinsoni, sj

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31.03. 2018-

Mgr Jan Van Cauwelaert, cicm

Mgr Jan Van Cauwelaert, cicm
(06.01.1954-12.06. 1967) + 18.08.16

Mgr Léon LESAMBO

Mgr Léon LESAMBO
(12.06. 1967-22.07. 2005) + 19.11.17

Mgr Philippe NKIERE KENA, cicm

Mgr Philippe NKIERE KENA, cicm
27.07.2005-31.03. 2018

PETIT SEMINAIRE ST LOUIS DE GONZAGUE

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