DIMANCHE DE LA MISSION UNIVERSELLE
ET D’Ordinations diaconale
et sacerdotale
Lectures :
Act 1, 3-8 ; 1 Tim 1, 1-8 ; Mt 28, 16-20
Chers frères et sœurs,
Mes chers diocésains,
1. Aujourd’hui, nous célébrons le
dimanche de la Mission universelle. Et
le thème choisi par le Pape François pour cette année est « Vous
serez mes témoins » (Act 1, 8), titré de ce verset « Vous allez
recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez
alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre » (Act 1, 8).
2. Il s’agit pour nous, qui formons
l’Eglise, de nous rappeler de notre mission évangélisatrice. L’Eglise est
mission ! Et par notre baptême et par notre confirmation, nous avons reçu,
chacun, cette mission de porter la bonne nouvelle au monde, en commençant par
ceux qui nous entourent. « Allez ! De
toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et
du Fils, et du Saint-Esprit ! » (Mt 28, 19), avons-nous attendu dans
l’Evangile qui venait d’être proclamé. Ces paroles sont parmi les dernières
paroles de l’Evangile selon Matthieu. Et nous savons tous la valeur des
dernières paroles données avant la séparation définitive, avant la mort, par
exemple. C’est dire donc que notre mission évangélisatrice est tellement
importante pour notre vie chrétienne que notre bonheur en dépend. Saint Paul l’a bien compris quand il
dit : En effet, annoncer l’Evangile, ce n’est pas là pour moi un motif de
fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi.
Malheur à moi, si je n’annonçais pas l’Evangile » (1 Cor 9, 16).
3. Mais comment vivre
concrètement cette mission évangélisatrice ? Le dernier verset de
l’Evangile de Matthieu, les paroles ultimes de Jésus à ses disciples, nous le
dit : « apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai
commandé » (Mt 28, 20). Comme chrétien, notre mission évangélisatrice –
notre manière de faire des disciples » –, c’est de les amener à observer
ce que le Seigneur nous a commandé. Pour cela, il n’y a pas d’autre manière que
de vivre de ce que le Seigneur nous a commandé de vivre. La mission
universelle, la mission évangélisatrice, consiste donc, en tout et pour tout, à
une vie qui correspond aux enseignements de Jésus. C’est en cela que nous
ferons de disciples : si nous vivons des enseignements, des commandements
reçus du Seigneur Jésus.
4. Et quel est
l’enseignement principal que le Seigneur Jésus nous a légué ? N’est-ce pas
le commandement d’amour ? La mission universelle nous invite donc à faire
des disciples autour de nous en étant témoins de l’amour de Dieu pour
nous-mêmes et pour les autres : en proclamant à haute voix les bienfaits
que le Seigneur a faits et continue à faire pour chacun de nous ; mais
aussi en témoignant de cet amour pour tous ceux qui nous entourent, de manière
à ce qu’eux aussi expérimentent, à travers nous, les bienfaits de Dieu. C’est
cela que signifie le thème du dimanche de Mission universelle :
« Vous serez mes témoins ! ». Témoins de l’efficacité de la
parole de Dieu dans nos vies, comme ce fut le cas pour la première communauté
des chrétiens, après l’Ascension de Jésus, une communauté marquée par la
charité mutuelle et le partage.
5. En ce dimanche de la
Mission universelle, notre Eglise d’Inongo se réjouit d’accueillir de nouveaux
diacres et de nouveaux prêtres. Il n’y a pas meilleur jour pour recevoir ce
sacrement de l’ordre, qui renouvelle dans la vie du pasteur cet appel à faire
des disciples. « Allez ! De toutes les nations faites des
disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit ! ». Si cette invitation concerne chaque baptisé, comme
je venais de le dire toute à l’heure, elle rejoint de manière spéciale ceux qui
reçoivent le sacrement de l’ordre. C’est à nous, c’est à vous, chers Ordinands,
que revient directement cette charge de faire des disciples.
6. En trois points, je voudrais vous
partager, à vous particulièrement, ce que je pense de cette mission. En effet,
si la vocation de tout chrétien est d’être témoin de Jésus, le diacre, le
prêtre est davantage un témoin privilégié, mais aussi un témoin à qui on
exigera beaucoup étant donné son rôle dans la communauté chrétienne. Le Seigneur l’a choisi, du milieu du monde et
l’a mis à part pour l’envoyer porter du
fruit (cf. Jn 15, 16), pour être témoin, un témoin actif et non passif, pour
accomplir les œuvres de l’Esprit (la charité, la joie, la paix, la patience, la
mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance) et non de la
chair, comme l’impudicité, l’impureté, les maléfices, les inimitiés, les jalousies,
les emportements, les disputes, l’ivrognerie, les excès de table et autres
choses semblables (cf. Gal 5, 16-26).
Les trois points sur lesquels je
voudrais particulièrement revenir aujourd’hui viennent de trois versets de la
première lecture de ce jour.
A. « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit
viendra sur vous ».
7. Jésus, répondant à ses disciples
préoccupés de savoir si c’était le moment de la restauration du règne d’Israël
– c’est-à-dire un royaume tout humain –, leur annonce l’octroi d’une force,
d’un pouvoir tout différent du pouvoir humain : la force ou le pouvoir de
l’Esprit Saint.
Il est bon que nous nous rappelions
cela toute notre vie de prêtre : s’il est vrai que le Seigneur nous donne
une force, un pouvoir, il ne s’agit nullement d’une force ou d’un pouvoir à la
manière humaine. Il est plutôt question de la force qui nous vient de l’Esprit
Saint. Tout est dit en cela !
8. Certains peuvent avoir la tentation
de considérer le sacerdoce comme un pouvoir au sens humain ! Ce serait se
tromper du sens véritable de ce ministère : le sacerdoce ne nous octroie
pas un pouvoir humain. Si pouvoir, si force il y a, c’est celle qui nous vient
de l’Esprit Saint. Et cette force a pour finalité de faire des disciples, comme
le Christ le dit lui-même dans l’Evangile que nous avons entendu :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ! ». C’est
ce même pouvoir que nous héritons de Jésus pour faire des disciples, et jamais
pour nous prévaloir de quelque privilège ou puissance.
9. Nous avons reçu l’Esprit Saint lors
de notre baptême et il est venu nous fortifier dans notre vocation lors de la
confirmation. Et aujourd’hui, nous prions de manière particulière pour vous qui
allez être ordonnés et nous disons : « Envoie sur eux, Seigneur,
l’Esprit Saint : par lui, qu’ils soient fortifiés des sept dons de ta
grâce, pour remplir fidèlement leur ministère ». Et encore :
« Répands une nouvelle fois au
plus profond d’eux-mêmes l’Esprit de sainteté ; qu’ils incitent à la
pureté des mœurs par l’exemple de leur conduite. Qu’ils soient de vrais collaborateurs des
évêques pour que le message de l’Evangile, par leur prédication et avec la
grâce de l’Esprit Saint, porte du fruit dans les cœurs et parvienne jusqu’aux
extrémités de la terre ».
B. « Vous serez alors mes témoins ! »
10. Nous recevons la force de
l’Esprit-Saint pour être les témoins de Jésus. Pas témoins de n’importe qui,
d’un groupe, d’une famille, d’une tribu ou ethnie, mais témoins de Jésus, Fils
de Dieu, le Messie et le rédempteur. Témoins
de Jésus, de sa parole, de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sa
résurrection. Il nous appartient à nous
tous d’annoncer le Verbe de Dieu fait chair, la parole de Dieu, celle que nous
écoutons chaque jour, celle que vous avez reçue et celle à laquelle nous sommes
appelés à conformer notre vie. Tout le
secret est là, dans la parole entendue et proclamée. Dès lors, il faut avoir fait cette expérience
de Jésus, l’avoir écouté, entendu à travers sa parole, côtoyé comme les
premiers disciples, avoir généreusement répondu à son appel, avoir découvert sa
demeure pour pouvoir être son témoin, pour parler de lui ; il faut l’avoir
aimé pour apprendre aux autres à l’aimer.
11. S’il est vrai que chacun est
appelé à être témoin, individuellement, nous sommes aussi et surtout appelés à
être témoins ensemble, comme famille, comme communauté, comme presbyterium,
comme église. L’église n’est église que
parce qu’elle est et doit être témoin.
Une église, un diocèse qui, par sa vie, ne témoigne pas ou ne témoigne
plus de Jésus, est voué à la décadence, à la disparition, à une mort lente et
certaine. Une famille, une communauté,
un presbyterium qui ne témoigne plus de Jésus, qui ne rayonne plus de la vie de
Jésus, de son amour qui l’a conduit à la mort pour nous, est voué à la division
et à la perte.
12. En effet, « le prêtre n’est
pas envoyé pour se communiquer lui-même, pour montrer ses qualités et ses
capacités de persuasion ou ses compétences en matière de gestion. Il a, au contraire, le grand honneur d’offrir
le Christ, en paroles et en actes, en annonçant à tous la Bonne Nouvelle du
salut avec (humilité) joie et franchise ».
Il est appelé à être le témoin, le martyr qui donne sa vie pour le
Christ en échange du don qu’il nous fait de lui-même. On ne le dira jamais assez : « La
première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu,
l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours
plus » (EG, 264), aimer le prochain comme nous-même. C’est dire donc que pour évangéliser, pour
transmettre la foi, le témoignage de vie évangélique des chrétiens, des prêtres
est fondamental. La meilleure manière de
prêcher, c’est le témoignage de notre propre vie. On peut parler toutes langues du monde, avoir
des diplômes, de l’argent, mais si notre vie ne reflète pas celle de Jésus, si
je ne témoigne pas de son amour, je ne suis qu’une cymbale retentissante. C’est
pourquoi, en remettant la Parole de Dieu au diacre, nous disons : « Crois
ce que tu lis, enseigne ce que tu crois et pratique (vis) ce que tu
enseignes ».
13. Et notre prière continue plus ou
moins en ces paroles : Fais croître en eux les vertus évangéliques ;
qu’ils soient animés d’une charité sincère (gratuite et non intéressée ou
mendiante, qui n’attend pas une récompense au retour), qu’ils prennent soin des
malades et des pauvres, qu’ils fassent preuve d’une autorité pleine de mesure
et d’une grande pureté de cœur… Par leur fidélité à tes commandements et
l’exemple de leur conduite, qu’ils soient un modèle pour le saint ; en
donnant le témoignage d’une conscience pure, qu’ils demeurent fermes et
inébranlables dans le Christ.
C. « …
jusqu’aux extrémités de la terre ».
14. Il s’agit d’aller annoncer la
Bonne Nouvelle de la vie de Jésus partout où le peuple de Dieu a besoin de
nous. A Jérusalem, dans toute la Judée
comme à Samarie, à Inongo comme à Bongimba, à Nioki comme à Beronge, jusqu’aux
extrémités ou à la périphérie de notre diocèse, auprès des riches comme des
pauvres, des bien-portants comme des malades, sans distinction de peuples, de
langues, de cultures ou de traditions.
15. Il m’arrive d’entendre les prêtres
se plaindre de l’endroit où il est envoyé en mission. La question que je me
pose souvent, et que je pose : « là où tu es envoyé, il y a des chrétiens,
oui ou non ? ». Là où il y a des chrétiens, là doit être le prêtre.
Il n’y a pas un endroit qui ne soit pas indiqué pour la vie du prêtre, tant
qu’il peut y exercer son ministère sacerdotal. Soyez heureux d’y exercer votre
mission, forts de cette assurance que le Christ nous donne dans l’Evangile
aujourd’hui, l’ultime parole qu’il a laissée à ceux à qui il confie la mission
de faire des disciples : « Et moi, je suis
avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Où que vous soyez, et
malgré les difficultés, si vous y êtes pour faire des disciples, le Seigneur
Jésus lui-même est et sera avec vous.
16. Que la Vierge Marie,
Notre-Dame du Rosaire, en ce jour de joie, vous protège et vous obtienne de
vous son Fils, de demeurer fidèles au service de vos frères et sœurs, toujours
pour la plus grande gloire de Dieu.
Amen.
Inongo, le 23
octobre 2022
+ Donatien Bafuidinsoni, SJ
Évêque d'Inongo