HOMELIE
DE NOËL 2021
Lectures :
Messe de
la nuit : Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Messe du jour
: Is 52, 7-10; Hb 1, 1-6; Jn 1, 1-18
Chers Frères et Sœurs !
Mes chers diocésains !
« Le
peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur
les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi », (Is. 9, 1).
1. Ce
sont là les premières paroles que nous avons entendues dans les lectures de
cette nuit. Ces paroles donnent le ton de la solennité de la Nativité qui
s’ouvre avec cette nuit très sainte ! Par sa naissance parmi nous, Dieu, –
l’Emmanuel –, nous rejoint, nous ses créatures et ses enfants, et fait route
avec nous, pour nous faire sortir des ténèbres du péché. « Le Verbe était la vraie
lumière qui éclaire tout homme » (Jean 1, 9), nous dit l’Évangile selon
saint Jean que nous lirons dans la messe de demain. Noël, c’est la fête de
cette grande et vraie lumière qui vient éclairer nos vies, et nous faire sortir
de l’ombre des ténèbres. Elle vient dissiper toute ténèbre en nous et autour de
nous. Noël, c’est l’invitation de Dieu
faite à chacun de nous de nous laisser éclairer par sa lumière, et, ainsi, de
devenir fils et filles de Dieu, dans l’unique Fils – Jésus-Christ – qui, en
naissant parmi nous, s’est fait l’un de nous !
2.
Noël, c’est Dieu lui-même qui nous rejoint,
dans notre histoire, avec ses hauts et ses bas. C’est cela que nous lisons dans
l’évangile selon saint Luc, où le récit de la naissance de Jésus est inséré
dans une histoire – toute humaine – de recensement voulu par un empereur
romain, Auguste 1er. Alors que cet Empereur ordonne de recenser
« toute la terre », pour ainsi étendre son pouvoir, Dieu, le Tout-Puissant et
le Créateur de toute chose, choisit de s’insérer discrètement dans cette
histoire des hommes. Non pas pour se laisser dominer par cet Empereur, mais
pour être à côté de l’homme dominé et le libérer. En ce Noël, Dieu est avec
nous, alors qu’à l’Est du pays nos frères et sœurs continuent de mourir chaque
jour. Dieu n’est pas absent de nos souffrances : Il est avec nous et
s’engage à nous libérer, si nous acceptons de nous laisser éclairer par sa
lumière de vérité et d’Amour.
3.
Noël, c’est donc la fête de notre libération
et de notre salut. C’est cela qu’annoncent les anges aux bergers : « Ne
craignez pas, je vous annonce une bonne nouvelle (…). Aujourd’hui vous est né
un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11). La venue du Fils
de Dieu devrait nous libérer de toute crainte et de toute peur, car « Dieu lui-même
vient nous sauver ». Un chrétien, qui
sait que le Fils de Dieu est venu le rejoindre dans son histoire, n’a rien à
craindre dans son engagement pour la paix et l’avènement d’un règne d’amour
autour de lui. La peur ne vient pas de Dieu. Avec la naissance de son Fils
parmi nous, Dieu nous apporte courage et foi pour que nous nous débarrassions
de tout ce qui nous avilit et nous fait perdre la dignité de fils de Dieu.
C’est cela Noël !
4.
Noël, c’est aussi la fête du dépouillement de
Dieu pour notre salut. Il choisit de naître dans le dénuement le plus total.
S’il s’est fait si pauvre – lui qui est le Seigneur de toute chose –, c’est
pour nous apprendre « à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et
à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété »
(Tt 2, 12). La naissance de Jésus dans le dénuement total nous apprend à
ne pas nous laisser avilir par la recherche des biens temporels, amassés au
détriment des autres. Être chrétien, c’est refuser l’esclavage de l’avoir. Si
nous baignons dans la corruption et le vol des biens qui devraient servir pour
le bien-être de tous, ce que nous n’avons pas encore compris ce que signifie
Noël, la venue du Fils de Dieu dans le dénuement total, pour que nous devenions
riches de sa pauvreté. Car, en vérité, ce n’est pas tellement un tel lieu ou
tel endroit qui l’intéresse, mais plutôt notre cœur. S’il ne trouve pas de
place pour naître, c’est certainement parce qu’il veut solliciter notre cœur
comme lieu de sa naissance et de sa manifestation.
5.
Noël, c’est Dieu qui choisit de naître dans
nos vies pour qu’elles soient remplies de joie et d’allégresse qu’il apporte.
En effet, par la naissance de Jésus, Dieu nous prodigue la joie, et fait
grandir notre allégresse (cf. Is. 9, 2). Pensons à la joie que nous apporte la
venue d’un nouvel enfant dans nos foyers ! Comme un enfant, Jésus veut naître
en nos cœurs ; il veut trouver une place dans nos maisons, dans nos
foyers. Acceptons-nous aujourd’hui de
devenir la crèche où le Christ est censé naître ? Que la pauvreté et
l’indignité de nos vies ne soient pas un alibi pour ne pas le laisser naître en
nos cœurs : rappelons-nous qu’il a accepté de venir au monde dans la
mangeoire des animaux.
6.
Noël, c’est donc Dieu qui, comme un petit
enfant, se remet entre nos mains d’hommes. Nous savons tous le rôle qu’ont joué
saint Joseph et la Bienheureuse Vierge Marie pour l’accomplissement du dessein
salvifique de Dieu. Jésus est né dans une famille, où il a eu besoin des soins
pour grandir. Aujourd’hui encore, Dieu choisit nos cœurs et nos familles pour
que son œuvre de salut prenne chair. Si nous ne l’accueillons pas, nous
empêcherons que son œuvre de salut trouve place dans nos vies. Aujourd’hui,
dans notre vie et dans notre cœur, est né un petit enfant, l’Enfant-Jésus. Ne
soyons pas tentés de le jeter dans la poubelle, pour qu’il soit rongé par les
fourmis et les divers insectes.
7.
Nous avons eu, récemment, dans notre ville
d’Inongo, deux cas des bébés abandonnés, jetés, dont un n’a pas survécu et
l’autre remis à sa famille. Ces événements m’ont donné des larmes aux
yeux ! Ils devraient nous interpeller tous. Tout en disant, « plus jamais
cela ! », nous sommes invités à nous poser la question de l’accueil que nous
faisons de la vie qui nous est donnée de la part de Dieu. Mes chers diocésains,
aucune pauvreté, aucune souffrance ne peut justifier que nous puissions jeter
une vie donnée par Dieu dans une poubelle, dans la forêt, livrée aux fourmis et
autres bêtes. Je vous demande et vous supplie pour que cela n’arrive plus dans
nos cités, dans nos villages ! Que
chacun soit attentif à aider ceux qui n’ont pas les moyens d’élever les
enfants, pour qu’ils ne soient pas tentés de commettre l’irréparable, ou de les
laisser devenir des fumeurs de chanvre ou des kulunas, ou les encourager à
terroriser les paisibles citoyens.
8.
Que la Vierge Marie, Mère de Dieu, nous aide à
accueillir son Fils comme elle l’a fait, afin que nous vivions de la vie même
de Dieu. Que saint Joseph, qui a su jouer le rôle de gardien de l’Enfant-Jésus,
nous obtienne de savoir faire grandir la vie de Dieu. Et que Dieu le Père
remplisse notre cœur de la Joie et de la Paix qu’apporte l’Emmanuel à notre
monde ! Apportons la paix et semons la
joie de Dieu dans nos familles, dans nos quartiers, partout où nous sommes afin que Noël soit réellement la fête des
enfants, la fête des familles et en famille, la fête de nous tous, enfants de
Dieu.
9. Avec
Noël, ne craignons plus, car Dieu est avec nous. Nous avons prié, nous avons chanté
« Viens, Emmanuel ». En cette
nuit, la promesse de Dieu s’est accomplie : nous sommes comblés de
joie ; En cette nuit sainte, un Enfant nous est né, un sauveur nous est
donné. Que sa lumière envahisse nos
cœurs, afin que nous devenions des lumières pour briller et faire disparaître
les ténèbres qui nous entourent. Avec
les anges du ciel, et tous les saints, en cette nuit où le Fils de Dieu se fait
l’un de nous, chantons en pleine voix : « Gloire à Dieu au plus haut des
cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime » (Luc 2, 14). Dieu est avec nous.
Sainte et
Joyeuse fête de Noël, à chacun et à tous, et à toutes vos familles ! Avec mes vœux les meilleurs pour la nouvelle
année 2022. Et que Dieu vous bénisse, le
Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen.
Inongo, le 24 décembre 2021
+ Mgr Donatien BAFUIDINSONI Evêque d’Inongo.