MESSAGE DE PAQUES 2017
AUX FRERES ET SŒURS DU DIOCESE D’INONGO ET
AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE :
Jésus le Crucifié est Vivant…
Il marche avec nous sur nos
chemins de vie
(Lc 24, 13-35).
Frères et sœurs bien aimés,
Joyeuse Pâques. Le Seigneur est ressuscité. Il est Vivant. Il a vaincu
la mort. Il nous a ouvert un chemin de victoire au cœur même de nos impasses et
contradictions, de nos peurs et angoisses. Il est notre espérance et notre
salut.
Chers frères et sœurs,
Impasses et contradictions, peurs et angoisses
nous les expérimentons spécialement dans la situation que traverse aujourd’hui
notre pays. La misère de plus démunis s’accroît. Les violences meurtrières se
multiplient dans plusieurs endroits. Les divisons internes au sein de nos
familles et villages nous interpellent. Au fond de nous-mêmes, cette
interrogation : « où allons-nous ? Comment nous en
sortir ? » Face à ces réalités et interrogations, plusieurs parmi
nous perdent courage et deviennent pessimistes face à l’avenir. D’autres se laissent
aller à la mollesse et au découragement. D’autres encore, se jettent dans toute
sorte de « distractions », dans la boisson, la drogue…pour y
noyer leurs soucis et frustrations. D’autres encore font tout pour quitter le
pays devenu « terre brûlée ». D’autres enfin se réfugient dans
les pratiques occultes et maléfiques pour y chercher argent et succès, au
risque de leur propre vie et de celle des autres ! Irresponsabilité, peur,
fuite, pratiques occultes et maléfiques ne sont d’aucune utilité. Au contraire,
tout cela conduit à un sentiment de vivre impuissants dans un combat de nuit où
gagnent les plus violents et les plus rusés.
Frères et sœurs bien aimés,
Nous vivons, en cette période de notre histoire,
une expérience pareille à celle de « deux disciples d’Emmaüs » après
la mort ignominieuse de Jésus. Selon le récit, deux disciples (dont l’un du nom
de Cléopas) quittent Jérusalem pour un village du nom d’Emmaüs. Un étranger les
rejoint sur la route. C’était Jésus, mais eux ne l’ont pas reconnu. L’étranger
s’intéresse à eux. Il leur demande l’objet de leurs discussions et le pourquoi
de leur tristesse. Ils lui racontent l’histoire de leur Maître. Jésus de
Nazareth, condamné à mort et crucifié sur la demande des grands prêtres et des
chefs d’Israël ! Ils lui disent leur grande
déception : « et nous, nous espérions qu’il était celui qui
allait délivrer Israël »(Lc 24, 21). L’étranger leur reproche leur manque
de foi aux Ecritures, selon lesquelles le Messie devait souffrir et entrer
ainsi dans sa gloire (Lc 24, 25-27). Finalement, le même étranger, invité à
table, prend le pain, le bénit, le rompt et le leur donne. En ce moment, ils se
rendent compte que l’étranger était Jésus Lui-même. Mais Celui-ci disparait à
leurs yeux…Eux, malgré la nuit, retournentà Jérusalem pour rencontrer les
autres disciples. Ils racontent ce qui leur est arrivé en chemin…et comment ils
ont reconnu le Seigneur « à la fraction du pain »(Lc 24, 33-35).
Frères et Sœurs,
Nous sommes, nous aussi, comme les deux
disciples d’Emmaûs. Nos yeux sont aussi « empêchés pour reconnaître
Jésus qui fait route avec nous » en ce moment difficile de l’histoire de
notre pays. Comme eux, nous croyons que Jésus, le Messie de Dieu, ne peut pas
nous rejoindre dans notre déception et notre tristesse ! Il ne peut
sûrement pas entrer dans nos contradictions et dans nos nuits ! Nous en
avons fait un Messie puissant, triomphaliste ! Et nous oublions que tout
au long de sa vie Jésus arejetté toute espèce de messianisme de conquête, de
domination ou d’exclusion. Il s’est fait, par Amour, un Messie ouvert à tout
humain, jusqu’à devenir un crucifié sur le bois de la croix ! Sur
n’importe quel chemin de vie, dans la souffrance comme dans la joie, il nous
rassure de sa présence continuelle : « Je suis (je serai) avec vous
tous les jours jusqu’à la fin des temps » ( Mt 28, 20).
C’est à la « fraction du pain » que
les deux disciples d’Emmaûs reconnaissent le Seigneur. Tout au long de sa vie
en effet Jésus n’a fait que livrer sa vie, être au service de ses frères et
sœurs humains. Il le dit sans ambages : « Le fils de l’homme n’est
pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la
multitude » (Mc 10, 45).
Célébrer Pâques nous fait entrer dans le mystère
de la mort et de la résurrection du Seigneur de façon plus intense et dans un
engagement réel de changement de vie. Cela signifie pour nous aujourd’hui,
croire en la présence efficace du Seigneur, au cœur de toutes les réalités qui affectent
notre vie. Toujours et partout. Il est notre salut et notre victoire : de
qui ou de quoi aurons-nous peur ?(Ps 26,1).
Cela signifie également : livrer sa vie
pour les autres, spécialement pour tous ceux qui sont «les blessés de la
vie ». La puissance de l’amour dont l’univers est rempli suite à la mort
et à la résurrection du Seigneur est la seule puissance qui sauve notre
humanité. C’est elle qui nous fait passer de la mort à la vie, dans l’attente
du retour du Seigneur, comme nous le proclamons dans chaque Eucharistie.
Jésus-Christ qui est le même, hier, aujourd’hui
et pour l’éternité(Héb 13, 8) nous remplisse de son Souffle de vie. Que nous
sortions, ainsi, de toute peur. Que nous devenions vainqueurs de la vie par la
puissance de l’Amour qui se donne aux autres. Joyeuse et féconde Pâques !
Fait à Inongo, le 15 Avril 2017
+Philippe NKIERE KENA
Evêque d’Inongo