ANNEE PASTORALE 2019-2020
« Seigneur, augmente
en nous la foi ! » (Lc 17, 5)
Le thème de notre
année pastorale, portant sur la foi, est illustré par cette demande des apôtres
à Jésus, en Luc 17, 5.
Voyons le contexte dans lequel cette demande est faite. Au chapitre 16, Jésus raconte l’histoire de
l’homme riche avec le pauvre Lazare. Nous savons comment l’histoire s’est
terminée : « Abraham lui dit : s’ils n’écoutent pas Moïse et les
prophètes, ils ne se laisseront pas
persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait » (Lc 16,
31).
Au début de ce chapitre, Jésus donne quelques enseignements
pour éviter de scandaliser les petits, les pauvres, c’est-à-dire tous ceux qui
n’ont pas une foi solide, tous ceux qui ont une foi simple ; sur le pardon
à accorder sans limite. Et plus loin, il
racontera l’histoire des dix lépreux qu’il avait guéris. Seul un reviendra pour rendre grâce, pour
dire merci à Dieu. A lui, Jésus
dit : « lève-toi, va ; ta foi t’a sauvé ». C’était un samaritain (cf. Lc 17, 12-19).
Qu’il s’agisse du riche avec le pauvre Lazare, des dix
lépreux ou des enseignements autour de ces deux récits, Jésus nous invite à
faire l’expérience de la foi en Dieu, en lui, le Fils de Dieu. Il s’agit d’une foi, si nous l’avions comme
un grain de sénevé, nous pouvions déplacer les arbres ou même les
montagnes. Cette foi que les disciples
demandent à Jésus d’augmenter en eux.
Pour que nous ne puissions pas scandaliser les petits, mais les aider à
s’approcher davantage de Dieu, à le connaître, à l’aimer et à le servir.
En cette année pastorale, je vous (nous) invite à prier pour
que notre foi en Dieu grandisse, que Dieu nous aide à faire grandir notre
foi. En plusieurs circonstances, (quand
nous nous soucions de ce que nous allons manger ou nous vêtir, devant la peur
de la tempête, Jésus nous dit : “gens de peu de foi, pourquoi avoir peur ;
Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (cf. Mt 6, 30 ; 8, 26; 14, 31;
16, 6). Devant un tel reproche, nous ne
pouvons que l’implorer : « Seigneur, augmente en nous la foi ».
Cette demande
montre toute l’importance que les apôtres accordentà ce sujet. En effet, la foi
est à la base de notre vie chrétienne. Sans la foi au Christ, il n’y a ni chrétien
ni Eglise. Aussi, chaque chrétien – comme les apôtres dans ce verset de
l’Evangile – se doit-il de se soucier de la croissance de sa foi.
A noter que, dans
les évangiles, la foi apparait comme la condition sine qua non de l’action de Dieu dans nos vies. Pour que Jésus
opère les miracles, il demandait d’abord la foi en lui. Aussi, pose-t-il la
question aux aveugles qui s’approchèrent de lui : « croyez-vous que
je puisse faire cela ? » (Mt 9, 28); à Marie, la sœur de Lazare,
« si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11, 40). Le chapitre 11
de l’épitre aux Hébreux nous décrit comment la foi a été à la base de l’action
de tous les grands hommes de Dieu de l’histoire du salut, comme Noé, Abraham,
Moïse.Même dans l’histoire de notre vie, près ou loin de nous. Il suffit de lire l’histoire des saints, des
martyrs comme Anuarite ou Bakanja. « Tout
est possible à celui qui croit », dit Jésus au père de l’enfant possédé
par un esprit muet. Aussitôt le père de
l’enfant s’écria : « je crois ! viens au secours de mon
incrédulité » (Mc 9, 23-24).
Mais, qu’est-ce
qu’au fond la foi ? La définition la plus nette nous est justement donnée
dans l’épitre aux Hébreux : « La foi est
une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités
qu’on ne voit pas »(Héb11, 1). Mais, de manière simple, on peut
dire que la foi est une adhésion personnelle et concrète en la personne de
Jésus, fils de Dieu ; c’est le fait de reconnaitre Dieu comme Père, manifesté
en son Fils Jésus, et de vivre de l’Esprit Saint. En ce sens, la foi constitue
l’identité du chrétien, en tant que croyant.
Autrement dit, la foi
est une adhésion, une acceptation, une reconnaissance de Jésus comme « Mon
Seigneur et mon Dieu » ; reconnaissance de Jésus comme mon unique
Sauveur, celui qui donne sens à ma vie, qui est l’Alpha et l’Oméga de ma raison
d’être.
Comment faire
pour avoir la foi ou pour la faire croitre ? La foi est d’abord œuvre
et don de Dieu à l’homme. Elle suppose donc de la part de l’homme ouverture et
disponibilité. Elle se demande dans la prière. D’où le sens de la demande des
apôtres :« Seigneur, augmente en nous la foi ! ». En ce
sens, une année pastorale dédiée à la foi doit nécessairement comporter des
espaces de prières de demande de la foi. Comme le père de l’enfant possédé appelait
Jésus au secours, nous sommes aussi invités à crier vers le Seigneur : « Je
crois, Seigneur, viens au secours de mon manque de foi ! » (Marc 9,
24).
Par ailleurs, la
foi doit aussi se nourrir. La première nourriture de la foi est, comme nous
venons de le dire, la prière. Mais à côté de la prière, il y a aussi la
formation. La foi chrétienne suppose, en effet, que l’on comprenne le contenu
de notre Credo. Chaque chrétien doit donc être attentif de continuer à
approfondir les mystères de notre foi, par les études et les lectures. Les
pasteurs – prêtres – doivent avoir cela comme premier souci : comment
nourrir et approfondir la foi des fidèles.
La foi, nous la recevons des Apôtres, des missionnaires, de
nos parents ou de toute personne qui nous aide à croire. Cette foi, nous la vivons et je voudrais que
nous puissions la vivre à deux niveaux :
1.
Au niveau personnel : La foi est une expérience
personnelle de ma rencontre avec Jésus.
Après avoir reçu la foi par l’entremise des autres, après avoir accepté
le baptême, quelle est ma réponse ?
Jésus me pose la question : les uns disent de moi que je suis Jean
Baptiste, Elie, Jérémie ; les autres disent que je suis un prophète ;
Simon-Pierre dit que je suis le Christ, le Fils du Dieu vivant. Tout cela, c’est bien. Mais, toi, que dis-tu de moi ? Qui suis-je pour toi ? (Mt 16, 14-16). Cette reconnaissance est le fruit d’une
rencontre personnelle, d’une démarche qui fait que je puisse professer les
prescrits de ma foi catholique reçue des Apôtres.
Comment est-ce que je témoigne de ma
foi ? Par la prière personnelle ?
Par la lecture de la Parole de Dieu pour bien connaître Jésus, ce qu’il
me dit et ce qu’il me dit de faire pour manifester mon identité
chrétienne ?
2.
Au
niveau communautaire : La foi est aussi ecclésiale et communautaire. Si
l’adhésion à Dieu est personnelle – en tant qu’elle engage la liberté –, son
expression est toujours communautaire. Bien plus, la foi de chacun est la foi
de toute l’église. Ne disons-nous pas avant la communion, à la messe :
« ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton église… ». La foi a
donc nécessairement un caractère ecclésial : on ne choisit pas seul ce en
quoi on veut croire, mais on le reçoit de l’Eglise, on l’hérite. D’ailleurs,
dans les évangiles, on voit plusieurs personnes être touchées par la grâce par le
moyen de la foi des autres, la mère de Naïm (Lc 7, 11-16), le centurion romain
pour son serviteur (Mt 8, 5-13), etc. La foi a donc nécessairement un aspect
communautaire, où l’on se porte les uns les autres.
La première communauté, c’est la
famille, le premier endroit où nous vivons et partageons notre foi.
Comment est-ce que nous vivons notre
foi en famille ? Papa, maman et les enfants, comment vivez-vous votre
foi ? Comment la nourrissez-vous ?
Avec la prière en famille, avec la lecture de la Parole de Dieu (la
Bible) ?
La deuxième communauté, c’est la communauté
paroissiale, mieux la Communauté Ecclésiale Vivante (CEV) : comment est-ce
que je vis ma foi dans mon quartier, dans ma Communauté Ecclésiale Vivante
(CEV) ? Je suis engagé dans ma
paroisse, dans quel groupe ou mouvement ? Comment est ma participation à
la messe quotidienne ou dominicale ?
Est-ce que je me sens concerné par la vie de ma CEV ou de ma
paroisse ? Et en dehors de ma
famille, de ma CEV, comment je vis et témoigne de ma foi dans mon milieu de
travail ? Suis-je fier de me présenter
comme chrétien catholique ou je suis plutôt timide ?
Pour conclure, j’invite les prêtres à
travers les prédications et enseignements, aux bayangeli, aux responsables des
groupes et autres mouvements, de prendre le temps de lire ce texte lors de vos
rencontres ou réunions, de partager ensemble, de réfléchir sur les questions
que je vous ai posées et de vous posez aussi d’autres questions que vous vivez
personnellement et communautairement sur la qualité de votre (notre) foi.
Prions donc ensemble les uns pour les
autres et disons : “Seigneur, augmente en nous la foi” afin que nous formions
des familles, des communautés assidues à la prière et à la fraction du pain,
comme nous invite déjà le 3ème Congrès eucharistique national qui
aura lieu du 7 au 14 juin 2020 à Lubumbashi, sous le thème “Eucharistie et
Famille. Que la Vierge Marie, elle qui
a cru et a adhéré librement et totalement au projet de Dieu sur elle, intercède
pour nous. Amen.
+ Mgr Donatien Bafuidinsoni, SJ.,
ouverture de l’année pastorale
2019-2020
(Inongo, le 22 septembre 2019).