dimanche 23 octobre 2022

Homélie de Mgr l’évêque

 

DIMANCHE DE LA MISSION UNIVERSELLE

ET D’Ordinations diaconale et sacerdotale

Lectures : Act 1, 3-8 ; 1 Tim 1, 1-8 ; Mt 28, 16-20

Chers frères et sœurs,

Mes chers diocésains,

1. Aujourd’hui, nous célébrons le dimanche de la Mission universelle.  Et le thème choisi par le Pape François pour cette année est « Vous serez mes témoins » (Act 1, 8), titré de ce verset « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Act 1, 8).

2. Il s’agit pour nous, qui formons l’Eglise, de nous rappeler de notre mission évangélisatrice. L’Eglise est mission ! Et par notre baptême et par notre confirmation, nous avons reçu, chacun, cette mission de porter la bonne nouvelle au monde, en commençant par ceux qui nous entourent. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ! » (Mt 28, 19), avons-nous attendu dans l’Evangile qui venait d’être proclamé. Ces paroles sont parmi les dernières paroles de l’Evangile selon Matthieu. Et nous savons tous la valeur des dernières paroles données avant la séparation définitive, avant la mort, par exemple. C’est dire donc que notre mission évangélisatrice est tellement importante pour notre vie chrétienne que notre bonheur en dépend.  Saint Paul l’a bien compris quand il dit : En effet, annoncer l’Evangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi.  Malheur à moi, si je n’annonçais pas l’Evangile » (1 Cor 9, 16).

3. Mais comment vivre concrètement cette mission évangélisatrice ? Le dernier verset de l’Evangile de Matthieu, les paroles ultimes de Jésus à ses disciples, nous le dit : « apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28, 20). Comme chrétien, notre mission évangélisatrice – notre manière de faire des disciples » –, c’est de les amener à observer ce que le Seigneur nous a commandé. Pour cela, il n’y a pas d’autre manière que de vivre de ce que le Seigneur nous a commandé de vivre. La mission universelle, la mission évangélisatrice, consiste donc, en tout et pour tout, à une vie qui correspond aux enseignements de Jésus. C’est en cela que nous ferons de disciples : si nous vivons des enseignements, des commandements reçus du Seigneur Jésus.

4. Et quel est l’enseignement principal que le Seigneur Jésus nous a légué ? N’est-ce pas le commandement d’amour ? La mission universelle nous invite donc à faire des disciples autour de nous en étant témoins de l’amour de Dieu pour nous-mêmes et pour les autres : en proclamant à haute voix les bienfaits que le Seigneur a faits et continue à faire pour chacun de nous ; mais aussi en témoignant de cet amour pour tous ceux qui nous entourent, de manière à ce qu’eux aussi expérimentent, à travers nous, les bienfaits de Dieu. C’est cela que signifie le thème du dimanche de Mission universelle : « Vous serez mes témoins ! ». Témoins de l’efficacité de la parole de Dieu dans nos vies, comme ce fut le cas pour la première communauté des chrétiens, après l’Ascension de Jésus, une communauté marquée par la charité mutuelle et le partage.

5. En ce dimanche de la Mission universelle, notre Eglise d’Inongo se réjouit d’accueillir de nouveaux diacres et de nouveaux prêtres. Il n’y a pas meilleur jour pour recevoir ce sacrement de l’ordre, qui renouvelle dans la vie du pasteur cet appel à faire des disciples. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ! ». Si cette invitation concerne chaque baptisé, comme je venais de le dire toute à l’heure, elle rejoint de manière spéciale ceux qui reçoivent le sacrement de l’ordre. C’est à nous, c’est à vous, chers Ordinands, que revient directement cette charge de faire des disciples.

6. En trois points, je voudrais vous partager, à vous particulièrement, ce que je pense de cette mission. En effet, si la vocation de tout chrétien est d’être témoin de Jésus, le diacre, le prêtre est davantage un témoin privilégié, mais aussi un témoin à qui on exigera beaucoup étant donné son rôle dans la communauté chrétienne.  Le Seigneur l’a choisi, du milieu du monde et l’a mis à part  pour l’envoyer porter du fruit (cf. Jn 15, 16), pour être témoin, un témoin actif et non passif, pour accomplir les œuvres de l’Esprit (la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance) et non de la chair, comme l’impudicité, l’impureté, les maléfices, les inimitiés, les jalousies, les emportements, les disputes, l’ivrognerie, les excès de table et autres choses semblables (cf. Gal 5, 16-26).

Les trois points sur lesquels je voudrais particulièrement revenir aujourd’hui viennent de trois versets de la première lecture de ce jour.

A. « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ».

7. Jésus, répondant à ses disciples préoccupés de savoir si c’était le moment de la restauration du règne d’Israël – c’est-à-dire un royaume tout humain –, leur annonce l’octroi d’une force, d’un pouvoir tout différent du pouvoir humain : la force ou le pouvoir de l’Esprit Saint.

Il est bon que nous nous rappelions cela toute notre vie de prêtre : s’il est vrai que le Seigneur nous donne une force, un pouvoir, il ne s’agit nullement d’une force ou d’un pouvoir à la manière humaine. Il est plutôt question de la force qui nous vient de l’Esprit Saint. Tout est dit en cela !

8. Certains peuvent avoir la tentation de considérer le sacerdoce comme un pouvoir au sens humain ! Ce serait se tromper du sens véritable de ce ministère : le sacerdoce ne nous octroie pas un pouvoir humain. Si pouvoir, si force il y a, c’est celle qui nous vient de l’Esprit Saint. Et cette force a pour finalité de faire des disciples, comme le Christ le dit lui-même dans l’Evangile que nous avons entendu : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ! ». C’est ce même pouvoir que nous héritons de Jésus pour faire des disciples, et jamais pour nous prévaloir de quelque privilège ou puissance.

9. Nous avons reçu l’Esprit Saint lors de notre baptême et il est venu nous fortifier dans notre vocation lors de la confirmation. Et aujourd’hui, nous prions de manière particulière pour vous qui allez être ordonnés et nous disons : « Envoie sur eux, Seigneur, l’Esprit Saint : par lui, qu’ils soient fortifiés des sept dons de ta grâce, pour remplir fidèlement leur ministère ».  Et encore :

« Répands une nouvelle fois au plus profond d’eux-mêmes l’Esprit de sainteté ; qu’ils incitent à la pureté des mœurs par l’exemple de leur conduite.  Qu’ils soient de vrais collaborateurs des évêques pour que le message de l’Evangile, par leur prédication et avec la grâce de l’Esprit Saint, porte du fruit dans les cœurs et parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».

B. « Vous serez alors mes témoins ! »

10. Nous recevons la force de l’Esprit-Saint pour être les témoins de Jésus. Pas témoins de n’importe qui, d’un groupe, d’une famille, d’une tribu ou ethnie, mais témoins de Jésus, Fils de Dieu, le Messie et le rédempteur.  Témoins de Jésus, de sa parole, de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.  Il nous appartient à nous tous d’annoncer le Verbe de Dieu fait chair, la parole de Dieu, celle que nous écoutons chaque jour, celle que vous avez reçue et celle à laquelle nous sommes appelés à conformer notre vie.  Tout le secret est là, dans la parole entendue et proclamée.  Dès lors, il faut avoir fait cette expérience de Jésus, l’avoir écouté, entendu à travers sa parole, côtoyé comme les premiers disciples, avoir généreusement répondu à son appel, avoir découvert sa demeure pour pouvoir être son témoin, pour parler de lui ; il faut l’avoir aimé pour apprendre aux autres à l’aimer.

11. S’il est vrai que chacun est appelé à être témoin, individuellement, nous sommes aussi et surtout appelés à être témoins ensemble, comme famille, comme communauté, comme presbyterium, comme église.  L’église n’est église que parce qu’elle est et doit être témoin.  Une église, un diocèse qui, par sa vie, ne témoigne pas ou ne témoigne plus de Jésus, est voué à la décadence, à la disparition, à une mort lente et certaine.  Une famille, une communauté, un presbyterium qui ne témoigne plus de Jésus, qui ne rayonne plus de la vie de Jésus, de son amour qui l’a conduit à la mort pour nous, est voué à la division et à la perte.

12. En effet, « le prêtre n’est pas envoyé pour se communiquer lui-même, pour montrer ses qualités et ses capacités de persuasion ou ses compétences en matière de gestion.  Il a, au contraire, le grand honneur d’offrir le Christ, en paroles et en actes, en annonçant à tous la Bonne Nouvelle du salut avec (humilité) joie et franchise ».  Il est appelé à être le témoin, le martyr qui donne sa vie pour le Christ en échange du don qu’il nous fait de lui-même.  On ne le dira jamais assez : « La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus » (EG, 264), aimer le prochain comme nous-même.  C’est dire donc que pour évangéliser, pour transmettre la foi, le témoignage de vie évangélique des chrétiens, des prêtres est fondamental.  La meilleure manière de prêcher, c’est le témoignage de notre propre vie.  On peut parler toutes langues du monde, avoir des diplômes, de l’argent, mais si notre vie ne reflète pas celle de Jésus, si je ne témoigne pas de son amour, je ne suis qu’une cymbale retentissante. C’est pourquoi, en remettant la Parole de Dieu au diacre, nous disons : « Crois ce que tu lis, enseigne ce que tu crois et pratique (vis) ce que tu enseignes ».

13. Et notre prière continue plus ou moins en ces paroles : Fais croître en eux les vertus évangéliques ; qu’ils soient animés d’une charité sincère (gratuite et non intéressée ou mendiante, qui n’attend pas une récompense au retour), qu’ils prennent soin des malades et des pauvres, qu’ils fassent preuve d’une autorité pleine de mesure et d’une grande pureté de cœur… Par leur fidélité à tes commandements et l’exemple de leur conduite, qu’ils soient un modèle pour le saint ; en donnant le témoignage d’une conscience pure, qu’ils demeurent fermes et inébranlables dans le Christ.

C. «  jusqu’aux extrémités de la terre ».

14. Il s’agit d’aller annoncer la Bonne Nouvelle de la vie de Jésus partout où le peuple de Dieu a besoin de nous.  A Jérusalem, dans toute la Judée comme à Samarie, à Inongo comme à Bongimba, à Nioki comme à Beronge, jusqu’aux extrémités ou à la périphérie de notre diocèse, auprès des riches comme des pauvres, des bien-portants comme des malades, sans distinction de peuples, de langues, de cultures ou de traditions.

15. Il m’arrive d’entendre les prêtres se plaindre de l’endroit où il est envoyé en mission. La question que je me pose souvent, et que je pose : « là où tu es envoyé, il y a des chrétiens, oui ou non ? ». Là où il y a des chrétiens, là doit être le prêtre. Il n’y a pas un endroit qui ne soit pas indiqué pour la vie du prêtre, tant qu’il peut y exercer son ministère sacerdotal. Soyez heureux d’y exercer votre mission, forts de cette assurance que le Christ nous donne dans l’Evangile aujourd’hui, l’ultime parole qu’il a laissée à ceux à qui il confie la mission de faire des disciples : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Où que vous soyez, et malgré les difficultés, si vous y êtes pour faire des disciples, le Seigneur Jésus lui-même est et sera avec vous.

16. Que la Vierge Marie, Notre-Dame du Rosaire, en ce jour de joie, vous protège et vous obtienne de vous son Fils, de demeurer fidèles au service de vos frères et sœurs, toujours pour la plus grande gloire de Dieu.  Amen.

Inongo, le 23 octobre 2022

+ Donatien Bafuidinsoni, SJ

Évêque d'Inongo 

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