Lettre pastorale aux frères et sœurs du Diocèse d'Inongo à l'occasion de la fête de Noël 2008 "Il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune"(Lc 2, 7) (Traduction complète de la lettre écrite en lingala) Frères et sœurs bien-aimés, "Joyeux Noël et féconde nouvelle année Que le seigneur vous comble de ses bontés, vous donne sa paix et vous fortifie en toute chose. Le récit de l'évangéliste Luc sur la naissance de Jésus (on le lit à la messe de la nuit de Noël) est un récit qui nous stupéfie! Nous lisons en effet au ch. 2, 4-7 que Jésus est né au cours d'un voyage (pour cause de recensement), que sa mère Marie le couche dans une mangeoire, car "Il n'y avait pas de place pour eux (Marie et Joseph) dans la salle commune". Dieu laisse naître son Fils dans quelles conditions! C'est de l'inouïe, de l'inédit. Qui peut y croire ? Frères et sœurs, Une chose est certaine, et nous le savons, Dieu agit toujours pour un but précis. Les circonstances humbles et pauvres de la naissance de Jésus sont porteuses d'un message. Dieu veut nous révéler qu'Il est avant tout le Dieu des petits, de ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde, le Dieu de ceux que nous pouvons appeler les "passants", ceux qui n'ont pas de place dans la société, dans ce monde. A travers toute l'histoire biblique, le visage que Dieu se donne de lui-même est celui d'un Dieu préoccupé d'un ramassis d'esclaves en Égypte (Ex 3, 7-10), un Dieu plein de compassion pour les persécutés et affligés, un Dieu proche des marginaux, un Dieu engagé au coté des souffrants. C'est un Dieu qui veut prendre en main le sort de toute cette foule d'anonymes et de sans-dignité pour les sauver. C'est d'ailleurs avec un petit peuple, sans grande valeur, Israël d'alors, qu'il conclut une alliance qui a marqué toute l'histoire de Dieu avec les hommes! Toute sa vie durant, depuis sa très humble naissance à Bethléem- jusqu'à à sa mort ignominieuse sur la croix à Jérusalem, Jésus Fils de Dieu, entre lui-même dans le rang de ces "vauriens", de ces "passants" (itinérants, de ceux qui n'ont pas de place dans ce monde. Il s'est fait "l'ami des pécheurs et des ivrognes" (Mt 11,19), le frère des lépreux (qu'il ose toucher), des aveugles, des affligés. Tout ceci nous montre que notre Dieu est tout différent de l'image que nous nous faisons de Lui. Il n'est pas là où nous l'avons placé en priorité: dans les honneurs du culte, dans la grandeur des richesses, dans les succès. Il est Seigneur, bien sûr; mais Il n'est pas Seigneur à la manière des "seigneurs" de nos sociétés (politiques, économiques ou religieuses). Son être "Seigneur" est dans la puissance de son amour (Il est tout-puissant dans l'amour). Il est Seigneur par sa proximité bouleversante auprès de nous tous son peuple et prioritairement auprès de ceux qui sont démunis. Il leur est proche pour les "consoler " (briser leur isolement) et les sauver. D'ailleurs Jésus est appelé (dans ce récit de la naissance) le sauveur. "Il est né pour vous aujourd'hui un sauveur. C'est le messie de Dieu, dans la ville de David" (Lc 2, 11). Jésus est sauveur avant tout pour ceux qui sont seuls dans leur souffrance ; il se fait leur "com-pagnon". Il est sauveur avant tout pour ceux qui sont perdus, afin qu'aucun ne soit perdu (paraboles de la brebis perdue, de la monnaie perdue, de l'enfant perdu, Lc 15, 1-32). Il est sauveur avant tout pour ceux qui sont victimes de système d'injustices et de violences. Bien chers frères et sœurs, La réalité actuelle de notre pays est, nous le savons tous, une réalité de misère: la plupart de nos frères et sœurs humains sont devenus des véritables «sans logis». Il y en a qui le sont par suite de la guerre, tels les déplacés de guerre de Goma. D'autres manquent effectivement de logis ou résident dans des baraques indignes d'un humain; d'autres encore sont dans un manque total des biens de première nécessité d'autres ne savent pas se soigner, d'autres, des jeunes surtout ne savent pas être à l'école et d'autres enfin n'ont personne pour les aider. Toutes ces personnes n'ont pas de place dans notre monde. Or Dieu nous a donné une terre merveilleuse, le Congo pour que tous y habitent dignement et en jouissent. Cependant une minorité d'hommes et des femmes (fils du pays et étrangers) s'est emparée des biens destinés à tous. Assoiffés de l'Argent, imbus de leur pouvoir et esclaves de leurs plaisirs, il y a des hommes et des femmes, qui ne pensent qu'à eux-mêmes et oppriment leurs frères et sœurs humains. Voilà le péché qui abîme notre pays: le droit du plus rusé et du plus fort. Mais depuis qu le Fils de Dieu est devenu lui-même pauvre, victime de ce péché, une nouvelle ère est déjà là: l'heure de la victoire a sonné, l'heure du salut et de la sortie de tout esclavage. Frères et sœurs, A cause de la réalité de la guerre chez nous et de ses néfastes conséquences, la fête de la nativité de cette année revêt un accent particulier. Nous sommes appelés à vivre une réelle et effective solidarité avec ceux qui souffrent et sont opprimés, tués, humiliés de différentes façons dans notre pays. "Si un doigt se blesse, le sang se répand sur toute la paume de la main" (un proverbe de chez nous). Nos frères et sœurs de l'est du pays en guerre nous interpellent. Ils sont d'ailleurs l'image vivante de tout notre peuple congolais écrasé sous le poids de l'injustice mensongère et meurtrière des puissances mortifères, locales et étrangères à cause de l'Argent. Demandons au Seigneur, le Dieu des pauvres et des marginalisés de nous aider à changer notre regard sur les autres, nos frères et sœurs en humanité. Frères et sœurs, que le Seigneur désormais présent pour toujours au milieu de nous comme une lumière au cœur des ténèbres conduise nos pas sur le chemin de la vraie paix. Qu'Il enlève les ténèbres qui obscurcissent nos cœurs, les ténèbres de nos haines, les ténèbres du mépris des autres, les ténèbres de nos peurs, les ténèbres de nos mensonges et de nos oppressions. Prions les uns pur les autres. Ces jours-ci, je prie beaucoup pour vous. Joyeux Noël encore une fois. Que le Seigneur fasse descendre sur vous toute la puissance de son amour tout au long de l'année nouvelle 2009. Qu'il nous bénisse tous et toutes. Le vôtre, Père évêque + Philippe NKIERE KENA EVEQUE D'INONGO |
mercredi 24 décembre 2008
Lettre pastorale aux frères et sœurs du Diocèse d’Inongo à l’occasion de la fête de Noël 2008
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