Vous êtes de quel Congo ?

Nous sommes devenus la risée des voisins

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Voici la question qui est souvent posée à certains de nos compatriotes à l'étranger: vous êtes du Congo de la guerre, de la pauvreté, du Congo exploité ou de l'autre Congo (C'est-à-dire Brazzaville)?

Oui, nous appartenons à ce Congo connu au monde parce que tu peux envoyer ton fils à l'Eglise pour prier et on t’appelle pour te dire qu'il a pris une balle perdue et qu'il est décédé. 

Nous appartenons à ce Congo où nos compatriotes sont chassés et expulsés par des pays voisins qui sont de loin plus pauvres que nous. Nous appartenons à ce Congo qui peine à décoller malgré ses richesses. Nous appartenons à ce Congo où les infrastructures routières n'existent pas.

 Nous faisons partie d'un peuple qui normalement devait être riche, capable de venir en aide aux autres  mais qui, malheureusement, est parmi les plus pauvres du monde.

Oui nous sommes connus au monde comme le Congo de la guerre, le Congo de manque de droit de l'homme, le Congo de la souffrance. Nous appartenons au Congo où certains ont endurci leurs cœurs sans voir la misère des frères et sœurs. Nous sommes de ce Congo où, pour des raisons difficiles à maitriser et à comprendre, le peuple est exploité par ses "propres frères" en grande complicité avec ceux qui veulent nous assujettir.

Oui nous sommes de ce Congo où l'Eglise lutte pour le droit de l'homme, où l'on voit les prêtres en soutane entourés du peuple de Dieu entrain de prier sur les routes de Kinshasa. Nous sommes de ce Congo où l'on tire à balles réelles sur celui qui n'a en main que sa Bible et son rosaire. Nous appartenons à ce Congo où quand il y a des morts, certains disent , sans scrupules et sans le moindre gêne, personne n'est mort. Oui, le Congo de l'absurde où  le mensonge, pour ceux qui maintiennent le peuple dans ces guerres et cette misère, est "systémique".

Oui, nous ne rougissons pas: nous sommes de ce Congo où certains de nos enfants pour manger ou aller à l'école doivent être adoptés par des « bienfaiteurs » étrangers alors que nous sommes dans un pays où "coulent le lait et le miel".

Ce Congo plein de forets et de bois mais où nos enfants manquent des bancs à l'école parce que tous les bois coupés vont à l'exportation, sous les yeux impuissants de la population parce que les contrats ont été signés dans les hautes sphères.

On comprend pourquoi l'on demande aux ressortissants de la République Démocratique du Congo qui sont à l’étranger quand ils se présentent comme congolais: "vous êtes de quel Congo": celui de la guerre, de la violence, de la misère; du Congo où l'on arrive même à lancer des gaz lacrymogènes dans l'Eglise ou ...vous êtes de l'autre petit Congo d'en face!

On comprend pourquoi, le 23 Février, le Pape a demandé à tous les chrétiens catholiques du monde entier, à tous les autres chrétiens et aux hommes de bonne volonté de prier et de jeûner pour la RD Congo.

Parfois, c'est avec amertume et avec honte que l'on dit: nous appartenons au Congo de la guerre et de la misère! MAIS nous sommes fiers d’être de ce Congo de la « misère » et nous sommes convaincus qu'avec l'aide de Dieu, appuyés par la détermination du peuple et le concours des hommes de bonne volonté qui de par le monde prient et intercèdent pour nous, 

ce Congo de la honte d'aujourd’hui  deviendra  le Congo de l'honneur de demain.
Congo, nous assurerons ta grandeur!