Il était à la recherche des informations sur son confrère et ancien élève décédé à Perugia ... comment faire ? Son internet était toujours ouvert dans l'espoir de recevoir les nouvelles et notre blog d'Inongo l'a aidé à revivire ces moments tragiques. L'abbé Albert Mundele Ngengi, prêtre du diocèse de Kenge en vacances en dehors du pays nous écrit; lui qui a eu l'abbé Serge Kibala comme élève au petit séminaire de Katende.... puis ils ont été ensemble à Kenge, lui comme sécretaire de l'évêque et l'abbé Serge comme vicaire de la cathédrale.
Voici son texte :
A. Serge R. Kibala,
Mon cher Remy,
mon fils,
mon confrère,
Inki mputu yai ya nge kwendaka? Baninga ke kwendaka na mputu sambu na kulonguka. na nima bo kwisa, to bo bikala. Mais toi, tu n'as pas fini tes études, et tu rentres? et tu rentres dans un bois.
Depuis que j'ai appris la nouvelle de ta mort, mes yeux se mouillent chaque fois que je pense à toi.
Hier, je regardais encore mon adresse email pour voir s'il y avait quelqu'un qui me dirait quelque chose sur toi. Helas! Personne. Mais je voulais de tes nouvelles. Ah voilà! La nouvelle technique! Je demande de tes nouvelles à Google, et voilà, je te vois; non, je vois les soeurs de Marie Reine de la paix déseperées, embrassant un cercueil. Tu y étais. Les larmes ont commencé à couler; combien de temps? Je ne sais pas. Seul dans ce bureau d'une paroisse de Durban, dans le pays de Nelson Mandela,
impossible de mouvoir, je vois des confrères de Kenge, que pense Guy Nkayilila, ton camarade de classe, et Jean Pierre? et Mazola? et Gaby? et Jean-Baptiste? et Kiala? que pensent tous ces noirs et ces blancs avec des mouchoirs aux nez?
Remy, les larmes coulent, impossible d'arrêter... je me console et je communie avec les autres dans la douleur qui nous déchire: tu ne peux plus rire ni sourire avec nous, tu ne peux plus plaisanter parmi nous. Brusquement j'ai pitie'; de qui en fait? de toi ou de nous-mêmes? ou encore de nos soeurs désesperées qui apparemment ne sentent pas la présence des autres. Elles se croient seules, abandonnées avec toi, loin, très loin de chez toi, de ton Congo, de ton diocèse, de tes frères et soeurs, de tes autres amis et camarades. Qui peut dire avoir du courage en regardant le bois qui t'emprisonne, en se rappelant de toi? Seules les larmes! elles sont très courageuses, les larmes! Elles coulent d'elles mêmes et viennent nous consoler, sans qu'on le leur demande. Elles sont très bien organisées, elles se repartissent dans les yeux de chacune et de chacun de nous, prêtes à intervenir lorsque le moment est là. Tu sais? les larmes étaient en abondance à la mort de maman il y a une annee! Je leur ai consacré un grand espace dans la petite brochure que j'ai dedie' pour maman (à paraître), tu le liras de là où tu es. En voici une ligne: "Larme consolatrice, larme puissante, que tu es douce comme le sein maternel qui allaite et qui console le bébé... comme tu es bienveillante! Je ne t'avais pas dit, je ne t'avais pas invité et pourtant tu es là, tu pousses les autres à mouvoir avec toi: la main à prendre le mouchoir ou le bout de pagne, la gorge à se racler, la voix à se bloquer dans la gorge, les sanglots à s'exploser, les bras à embrasser, les yeux à chercher les yeux des autres!..." Les larmes etaient donc là avec moi devant l'écran et nous te regardions ensemble pendant longtemps. Deux heures? trois heures?
Remy, tu es là, dans ce bois là?
Es-tu bien là ? Ah je me suis souvenu : je devrais faire quelque chose... je devrais prier... Et pourquoi la sécretaire a -t -elle oublié son chapelet sur ce bureau? C'est pour toi. - oui c'est pas par hasard; certains disent que le hasard n'existe pas - j'ai prié le chapelet "oublié" sur le bureau et je dis : Notre mère du Ciel... prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant jusqu'a l'heure de notre mort". Ah oui! Tes fautes, je n'en vois plus! De fait, qu'est ce que tu avais fait pour mériter des punitions à Katende, en cette premiere annee là? Ah si tu pouvais parler, tu nous raconterais certainement des "légendes" et tous nous allions rire à nous faire mal aux côtes. Tes fautes je n'envois plus... alors que Dieu Pere et Misericorde n'en voit pas non plus, même dans ta vie de prêtre, car tu es son serviteur.... et qu'Il t'accueille auprès de lui.
Remy, mon fils,
Remy, mon confrère,
je te vois vicaire à la cathédrale "Mwense Anouarite" de Kenge. Nous rentrons des tournées très tard avec Mgr l'Evêque , tu viens me remettre la clé de ma chambre la main sur les yeux, de peur que ton sommeil ne puisse s'echapper par les yeux ouverts. Et le lendemain ces sont les commentaires et les rires, meme de Mgr l'évêque... et aujourd'hui tes yeux sont fermés et tu vois tout! Vous en faites aussi des commentaires avec Mgr Dieudonné?
Katende va accueillir ton corps. Elève de premier jour en ce milieu, tu y as été aussi formateur, tu y as été et y as travaillé. Sois-en le fumier qui y produit de bons et meilleurs fruits...
Remy,
Je n'en peux plus, je vais m'étendre, je ne mettrai pas la main sur mes yeux... nos mamans sont là avec toi, Mgr Dieudonné à Kenge et les autres à Katende, certes ceux de Kalonda y seront. Le vieux Binton saura-t-il se déplacer?
Mon cher Remy,
mon fils,
mon confrère,
Inki mputu yai ya nge kwendaka? Baninga ke kwendaka na mputu sambu na kulonguka. na nima bo kwisa, to bo bikala. Mais toi, tu n'as pas fini tes études, et tu rentres? et tu rentres dans un bois.
Depuis que j'ai appris la nouvelle de ta mort, mes yeux se mouillent chaque fois que je pense à toi.
Hier, je regardais encore mon adresse email pour voir s'il y avait quelqu'un qui me dirait quelque chose sur toi. Helas! Personne. Mais je voulais de tes nouvelles. Ah voilà! La nouvelle technique! Je demande de tes nouvelles à Google, et voilà, je te vois; non, je vois les soeurs de Marie Reine de la paix déseperées, embrassant un cercueil. Tu y étais. Les larmes ont commencé à couler; combien de temps? Je ne sais pas. Seul dans ce bureau d'une paroisse de Durban, dans le pays de Nelson Mandela,
impossible de mouvoir, je vois des confrères de Kenge, que pense Guy Nkayilila, ton camarade de classe, et Jean Pierre? et Mazola? et Gaby? et Jean-Baptiste? et Kiala? que pensent tous ces noirs et ces blancs avec des mouchoirs aux nez?
Remy, les larmes coulent, impossible d'arrêter... je me console et je communie avec les autres dans la douleur qui nous déchire: tu ne peux plus rire ni sourire avec nous, tu ne peux plus plaisanter parmi nous. Brusquement j'ai pitie'; de qui en fait? de toi ou de nous-mêmes? ou encore de nos soeurs désesperées qui apparemment ne sentent pas la présence des autres. Elles se croient seules, abandonnées avec toi, loin, très loin de chez toi, de ton Congo, de ton diocèse, de tes frères et soeurs, de tes autres amis et camarades. Qui peut dire avoir du courage en regardant le bois qui t'emprisonne, en se rappelant de toi? Seules les larmes! elles sont très courageuses, les larmes! Elles coulent d'elles mêmes et viennent nous consoler, sans qu'on le leur demande. Elles sont très bien organisées, elles se repartissent dans les yeux de chacune et de chacun de nous, prêtes à intervenir lorsque le moment est là. Tu sais? les larmes étaient en abondance à la mort de maman il y a une annee! Je leur ai consacré un grand espace dans la petite brochure que j'ai dedie' pour maman (à paraître), tu le liras de là où tu es. En voici une ligne: "Larme consolatrice, larme puissante, que tu es douce comme le sein maternel qui allaite et qui console le bébé... comme tu es bienveillante! Je ne t'avais pas dit, je ne t'avais pas invité et pourtant tu es là, tu pousses les autres à mouvoir avec toi: la main à prendre le mouchoir ou le bout de pagne, la gorge à se racler, la voix à se bloquer dans la gorge, les sanglots à s'exploser, les bras à embrasser, les yeux à chercher les yeux des autres!..." Les larmes etaient donc là avec moi devant l'écran et nous te regardions ensemble pendant longtemps. Deux heures? trois heures?
Remy, tu es là, dans ce bois là?
Es-tu bien là ? Ah je me suis souvenu : je devrais faire quelque chose... je devrais prier... Et pourquoi la sécretaire a -t -elle oublié son chapelet sur ce bureau? C'est pour toi. - oui c'est pas par hasard; certains disent que le hasard n'existe pas - j'ai prié le chapelet "oublié" sur le bureau et je dis : Notre mère du Ciel... prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant jusqu'a l'heure de notre mort". Ah oui! Tes fautes, je n'en vois plus! De fait, qu'est ce que tu avais fait pour mériter des punitions à Katende, en cette premiere annee là? Ah si tu pouvais parler, tu nous raconterais certainement des "légendes" et tous nous allions rire à nous faire mal aux côtes. Tes fautes je n'envois plus... alors que Dieu Pere et Misericorde n'en voit pas non plus, même dans ta vie de prêtre, car tu es son serviteur.... et qu'Il t'accueille auprès de lui.
Remy, mon fils,
Remy, mon confrère,
je te vois vicaire à la cathédrale "Mwense Anouarite" de Kenge. Nous rentrons des tournées très tard avec Mgr l'Evêque , tu viens me remettre la clé de ma chambre la main sur les yeux, de peur que ton sommeil ne puisse s'echapper par les yeux ouverts. Et le lendemain ces sont les commentaires et les rires, meme de Mgr l'évêque... et aujourd'hui tes yeux sont fermés et tu vois tout! Vous en faites aussi des commentaires avec Mgr Dieudonné?
Katende va accueillir ton corps. Elève de premier jour en ce milieu, tu y as été aussi formateur, tu y as été et y as travaillé. Sois-en le fumier qui y produit de bons et meilleurs fruits...
Remy,
Je n'en peux plus, je vais m'étendre, je ne mettrai pas la main sur mes yeux... nos mamans sont là avec toi, Mgr Dieudonné à Kenge et les autres à Katende, certes ceux de Kalonda y seront. Le vieux Binton saura-t-il se déplacer?
Tu es serviteur de Dieu pour l'éternite!
Abbé Albert Mundele Ngengi
Prêtre du diocèse de Kenge
en vacances en Afrique du Sud
Photos:
1. L'abbé Albert Mundele lors de la messe des 80 ans de Mgr Lesambo à Kinshasa ce 21 Juin
2. Ces photo ont fait pleurer plus d'un... dont l'abbé Albert Mundele...
1 commentaire:
Bonjour,
Je vous félicite vous du diocèse d'Inongo d'avoir eu un site sur internet. Je suis très content de revoir certains visages connus à Kolonda de votre diocèse tel que Mwana-Mère, lui-même saura de qui il s'agit. Je suis en France, je suis KAPENDE LASI Benjamin et désire avoir les coordonnées de l'Abbé Albert MUNDELE NGENGI.
Merci;
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