vendredi 14 novembre 2008

LA RD CONGO PLEURE SES ENFANTS


LA RD CONGO PLEURE SES ENFANTS, ELLE EST INCONSOLABLE

(cf. Mt2, 18)

Déclaration du Comité permanent des évêques sur la guerre

dans l'Est et dans le Nord-Est de la RD Congo

1. Nous, Archevêques et Evêques, membres du Comité permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, réunis à Kinshasa, en session extraordinaire du 10 au 13 novembre 2008, affligés et bouleversés par la tragédie humaine dans l'Est et dans le Nord-Est de la RD Congo, lançons un cri de détresse et de protestation. En effet, juste un mois vient de s'écouler depuis que notre Conférence Episcopale Nationale du Congo, par son Président, a fait une déclaration en rapport avec la reprise des hostilités dans l'Est et dans le Nord-Est de la RD Congo. Malgré nos appels pathétiques aussi bien à nos gouvernants qu'à la Communauté internationale, hélas ! la situation dans cette partie de notre pays n'a fait qu'empirer. Elle vient d'atteindre des proportions insupportables, très inquiétantes et susceptibles de déstabiliser toute la sous-région si on n'y prend garde. Oui, aujourd'hui, comme le dit l'Ecriture : une voix en RD Congo s'est fait entendre, des pleurs et une longue plainte ; c'est Goma, Kiwanja, Dungu…, c'est la nation tout entière qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus (cf. Mt 2, 18).


Génocide silencieux ?

2. Un vrai drame humanitaire qui s'apparente à un génocide silencieux dans l'Est de la RD Congo se déroule sous les yeux de tous. Les massacres gratuits et à grande échelle des populations civiles, l'extermination ciblée des jeunes, les viols systématiques perpétrés comme arme de guerre : de nouveau une cruauté d'une exceptionnelle virulence est en train de se déchaîner contre les populations locales qui n'ont jamais exigé autre chose qu'une vie paisible et décente sur leurs terres. Qui aurait intérêt à un tel drame ?

3. Le plus regrettable, c'est que ces événements malheureux ont lieu sous l'œil impassible de ceux qui ont reçu le mandat de maintenir la paix et de protéger la population civile. Nos propres gouvernants se montrent impuissants devant l'ampleur de la situation, donnant l'impression de ne pas être à la hauteur des défis de la paix, de la défense de la population congolaise et de l'intégrité du territoire national. La classe politique tout entière ne semble pas prendre la mesure de sa responsabilité devant ce drame qui risque d'hypothéquer l'avenir de la nation.

Ressources naturelles et plan de balkanisation : nerf de la guerre

4. Il est évident que les ressources naturelles de la RD Congo alimentent la convoitise de certaines puissances et ne sont pas étrangères à la violence que l'on impose à sa population. En effet, tous les conflits se déroulent dans les couloirs économiques et autour des puits miniers. Comment comprendre que les différents accords soient violés sans aune pression efficace pour contraindre les signataires à les respecter ? Les diverses conférences et réunions pour dénouer cette crise n'ont toujours pas abordé les questions de fond et n'ont fait que renvoyer et décevoir les attentes légitimes à la paix et à la justice de notre peuple. En outre, le plan de balkanisation que nous ne cessons de dénoncer est exécuté par des personnes relais. On a l'impression d'une grande complicité qui ne dit pas son nom. La grandeur de la RD Congo et ses nombreuses richesses ne doivent pas servir de prétexte pour en faire une jungle. Nous demandons au peuple congolais de ne jamais céder à toute velléité de balkanisation de son territoire national. Nous lui recommandons de ne jamais souscrire à une remise en question de ses frontières internationalement établies et reconnues depuis la conférence de Berlin et les accords ultérieurs.

Condamnation

5. - Nous condamnons avec véhémence cette manière ignoble de considérer la guerre comme moyen pour résoudre les problèmes et accéder au pouvoir. L'ordre institutionnel issu des élections démocratiques dans notre pays doit être sauvegardé.

- Nous dénonçons tous les crimes commis sur des paisibles citoyens et désapprouvons de la manière la plus absolue toute agression du territoire national.

- Nous fustigeons le laxisme avec lequel la Communauté internationale traite le problème de l'agression dont notre pays est victime.

Que demandons-nous ?

6. Nous demandons instamment la cessation des hostilités et la garantie des conditions de sécurité pour le retour des déplacés sur leurs terres.

7. De toute urgence, nous en appelons à la solidarité nationale et internationale pour un accroissement de l'aide humanitaire en faveur des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants entassés dans des camps.

8. Nous invitons toute la population congolaise à un sursaut national pour vivre en frères et sœurs, dans la solidarité et la cohésion nationale, afin que la RD Congo ne sombre pas dans la violence et les divisions.

9. Nous exhortons le Gouvernement congolais à mettre tout en œuvre pour rétablir la paix sur toute l'étendue du territoire national. C'est le devoir sacré de nos gouvernants d'exercer leurs fonctions régaliennes afin de protéger le peuple et de garantir la sécurité aux frontières. Nul n'ignore que l'absence d'une armée républicaine est préjudiciable à la paix dans le pays.

10. Nous demandons à la Communauté internationale de s'impliquer sincèrement pour faire respecter le droit international. Nous estimons impérieux l'envoi d'une force de pacification et de stabilisation pour rétablir notre pays dans ses droits. Tout le monde gagnera avec un Congo en paix plutôt qu'un Congo en guerre.

Engagement de l'Eglise

11. Solidaire de la souffrance de son peuple, l'Eglise-famille de Dieu qui est en RD Congo s'engage à accompagner ses fils et ses filles meurtris pour les conduire sur le chemin de la réconciliation et de la paix. Elle exprime sa reconnaissance à Sa Sainteté le pape Benoît XVI pour son attention au drame de la RD Congo, ses appels répétés à tous pour une solution pacifique et pour l'aide financière qu'il vient d'apporter lui-même afin de soulager des populations déplacées.

12. Puisse le Seigneur, qui a veillé pendant des heures au jardin de Gethsémani et qui a ressenti comme faites à lui-même toutes les souffrances infligées et imposées aux membres de son corps (cf Mt 25, 31-46), veiller avec nous et nous soutenir devant ce drame que connaît notre pays.
Que la Très Sainte Vierge Marie, Reine de la paix, obtienne la paix à notre chère patrie.
Fait à Kinshasa, le 13 novembre 2008

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que l'Eglise Catholique ferait mieux de se taire, que de faire semblant de denoncer le genocide qui a lieu au Kivu.Pourquoi?
Aucune mention n'est faite au sujet des exactions, viols, piallages... commis par les FARDC, alors que toutes les chaines de televisions en parlent, temoignage a l'appui; aucune allusion a l'implication rwandaise. comment condamner ces violences sans citerles beligerants? Pensez-vous vraiment denoncer les coupables de ces crimes avec des pareilles declarations?
Franchement mieux vaut se taire et dire sa messe!

voyageuse a dit…

Il est du devoir de l'Eglise, internaute clavert lulu ,de dénoncer les exactions qui se passent. Elle n'a pas besoin de nommer les coupables, car elle englobe dans son message TOUS les coupables.
Et puis où se trouvent les vrais coupables , cher internaute? Sont ils au Congo où est ce ceux qui visent la richesse du Congo et qui ont intérêt que cette situation se perdure, dans leur propre intérêt?
Même si je ne suis pas toujours d'accord avec l'Eglise, j'estime qu'elle doit dénoncer les atrocités qui se passent , nommer et trouver les vrais coupables n'est pas de son ressort.
Si elle ne disait rien, vous serez peut être le premier à dire que l'Eglise est indifférente aux évènements. Trouver le juste milieu , n'est pas facile n'est ce pas....

Anonyme a dit…

Cette position ne nous mene nul part. Un prelat l'avait derja utiliser en disant"...ni Tshisekedi ni Birindwa..", avec comme consequence la remise en cause de tous les acquis de la conference nationale. je ne demande qu'une chose a l'Eglise: C'est de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Jesus lui-meme l'avait fait; feu le Cardinal Etsou l'avait aussi fait. Comment comptez-vous donner une idee claire aux personnes qui ne connaissent pas la region, des realites qui s'y passe, si vous ne citer pas les coupabls? Merci chere compatriote j'espere.

voyageuse a dit…

Admettons qu'il faut sortir des généralités et pointer du doigt ceux qui sément le malheur dans la population.Cela rapporterait il quelque chose? Les gens comprendront ils mieux? Le peuple réagira t'il ? Je me le demande?
Ce qui m'étonne moi c'est le silence de l'Eglise sur place, non seulement l'Eglise Catholique, mais toutes les Eglises qu'il soient protestante ou autres.Où sont ils ? Que font ils? Quelle est leur réaction face à ce massacre? Là nous n'avons aucune réponse, car les médias se concentrent à nous montrer les populations en fuite,les témoignages des malheureuses qui ont subit les viols, les pillages etc...on voit les routes, la forêt etc..mais n'y a t'il pas des gens qui se réfugient autour ou dans les Eglises? jamais on les voit demander l'avis d'un homme d'église ...et jamais on les voit près de ceux qui représentent les Eglises, qui à ce moment auraient l'occassion de s'exprimer.... tout est très complexe.... et même les médias ne sont pas impartials... pour eux c'est le scoop qui compte, montrer le plus de détresse possible, mais donner la parole et l'occasion à ceux qui pourraient s'exprimer est soigneusement éviter. Nos humbles avis....nos révoltes.....sont une petite goutte d'eau qui disparaît dans cette océan de malheurs. Notre impuissance nous pèse, il est vrai, mais si c'était nous ?aurions nous le courage de pointer du doigt ceux qui en sont la cause?
Souhaîtons alors que la "paix" puisse revenir dans cette région...
Merci à vous aussi!

Mgr Donatien Bafuidinsoni, sj

Mgr Donatien Bafuidinsoni, sj
31.03. 2018-

Mgr Jan Van Cauwelaert, cicm

Mgr Jan Van Cauwelaert, cicm
(06.01.1954-12.06. 1967) + 18.08.16

Mgr Léon LESAMBO

Mgr Léon LESAMBO
(12.06. 1967-22.07. 2005) + 19.11.17

Mgr Philippe NKIERE KENA, cicm

Mgr Philippe NKIERE KENA, cicm
27.07.2005-31.03. 2018

PETIT SEMINAIRE ST LOUIS DE GONZAGUE

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BOKORO