Je crois en Jésus-Christ, crucifié, ressuscité et vivant
aujourd’hui au milieu de nous (Lc 24, 13-35)
Frères et Sœurs bien-aimés,
Alleluia ! Joyeuse fête de la Résurrection du Seigneur à vous tous et vous
toutes.
Que Dieu notre Père, source de vie, lui qui a ressuscité d’entre les morts,
son Fils et notre Frère Aîné Jésus Christ, vous remplisse d’espérance et de puissance
en « la vie nouvelle ». Que l’Esprit-Saint, qui inspire et guide
l’Eglise, puisse conduire notre nouveau Pape François et tout le peuple de Dieu
sur le chemin d’un radical changement évangélique. Qu’ainsi le monde entier
renaisse dans la bonté, la justice et la paix. Amen.
Chers Frères et
Sœurs,
Le merveilleux
récit des « disciples d’Emmaüs » dans l’Evangile de Lc 24, 13-35,
nous est tous familier. Mais ce récit est aussi comme une espèce de « credo » vivant en Jésus-Christ mort,
ressuscité et vivant aujourd’hui au
milieu de nous. Nous connaissons le récit…
Après la fin
tragique de Jésus par sa mort sur la croix, deux de ses disciples quittent
Jérusalem pour Emmaüs… Déçus, abattus, tristes, ils ne comprennent plus rien
sur ce Jésus, le Messie promis par Dieu à leur peuple Israël ! Mais avec
cette mort infâme et publique, ils ne pouvaient plus rien attendre ! Même
si quelques femmes de leur groupe racontent qu’elles ont trouvé son tombeau
vide ; et qu’elles ont eu une vision des anges qui disent qu’il est
vivant !
L’étranger qui les avait rejoints sur la route et à qui ils avaient
raconté leur déception, les a aussi déroutés à son tour. Il leur a expliqué que
selon les Ecritures, le Messie devait
souffrir pour entrer dans sa gloire !...Invité à manger avec eux, le fameux étranger a rompu le pain et le leur a donné…Alors seulement leurs yeux s’ouvrent et ils le reconnaissent, mais lui
disparaît. Quant à eux, ils rentrent nuitamment à Jérusalem raconter aux
autres disciples qu’ils ont vu le
Seigneur et l’ont reconnu par la fraction du pain.
Ce récit est d’une actualité étonnante pour
nous aujourd’hui. La situation de confusion, d’opacité, de division que nous
vivons aujourd’hui dans nos familles, nos cités, notre pays…nous interpelle
tous. C’est pour nous « l’heure des ténèbres.. ». Nous nous demandons
où nous allons et qu’en sera-t-il de nous dans quelques années ? Certains (pour
ne pas dire plusieurs) parmi nous ne voient aucun avenir véritable. Ils pensent
même au contraire que la situation va s’empirer davantage. D’autres ne veulent
faire aucune réflexion sérieuse sur la situation actuelle. Ils préfèrent
« errer » comme des brebis sans berger. D’autres enfin s’excitent et
s’énervent : ils trouvent dans la colère et la violence le lieu d’expression
de leur mécontentement. Des vies sans joie (quand il y a plein le
soleil) !
Chers frères et
sœurs,
Pour nous,
disciples de Jésus-Christ, nous croyons qu’à travers cet homme Jésus qui a vécu
il y a 2000 ans sur notre terre, Dieu lui-même est venu habiter parmi nous (Jn
1,14). Pour nous, Jésus est le Fils de Dieu qui a vécu notre vie humaine
jusqu’au bout ; jusque dans la souffrance, jusque dans la mort (Mc 8,
31-32). Il y accomplit ainsi la volonté de son Père (Jn 12, 27-33) et nous
manifeste jusqu’où va son Amour pour nous : « il n’y a pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Jésus n’est donc pas resté au seuil de la mort ; au contraire il est entré lui-même dans la mort. Et quelle
mort ! Avec tout ce que le crucifiement comportait de souffrances et
d’humiliations ! Il voulait ainsi connaître la souffrance, la mort du
dedans : comme nous, avec nous et pour nous. Il voulait ainsi la vaincre
du dedans et nous rendre aussi vainqueurs de la mort, de toute mort.
Désormais, frères
et sœurs, dans n’importe quelle souffrance où nous sommes, dans n’importe
quelle mort, nous ne sommes plus seuls. Malgré les apparences, lui y est avec
nous. Voilà pourquoi le temps des lamentations doit céder au temps de confiance
et du courage. Ouvrons-nous à la puissance du Crucifié-Ressuscité qui nous est
devenu compagnon de vie dans toutes
les réalités et situations de notre vie, aussi sombres soient-elles.
Nous pouvons désormais, comme les disciples d’Emmaüs, affronter la nuit
pour rentrer à Jérusalem, rencontrer nos frères et sœurs dans la foi pour leur
dire que le Seigneur est vivant, présent au cœur même de nos souffrances.
Nous pouvons désormais, dénoncer l’orgueil des arrogants et de ceux qui
font le mal, provoquant des guerres pour leur profit. A leur propos, il est
écrit : « les arrogants ne tiennent pas devant tes yeux, tu détestes
ceux qui font le mal et tu casses les reins aux diseurs de mensonge. L’homme de
sang et de ruse, le Seigneur le hait » (Ps 5,6-7).
Chers frères et sœurs,
Nous savons qu’au
moment de son arrestation et de sa passion, les disciples de Jésus l’avaient
tous abandonné…Après sa résurrection, lui au contraire les rejoint, comme dans
ce récit, sur la rote d’Emmaüs… Aujourd’hui, comme hier, le Seigneur ne nous
abandonne jamais. Même quand nous nous détournons de lui, il continue à nous
chercher. De différentes manières, il vient à notre rencontre. Par la parole,
par des inspirations, par des rencontres avec les autres et à travers des
événements de la vie, il vient nous rejoindre. Parfois tu sens comme un feu en
toi, une joie, une paix dont tu ne connais ni l’origine ni le sens profond. Le « pèlerin »
d’Emmaüs nous accompagne et se fait notre lumière sur les chemins de nos vies.
Je crois, Seigneur Jésus, que tu es ressuscité. Je crois que tu
chemines avec moi : tu es le chemin et la lumière qui me conduit vers le
Père. Seigneur, apprends-moi à ne jamais me lasser des autres sur le chemin de
la vie. Apprends-moi à ne conduire personne dans l’obscurité de mes projets
cachés, mais à conduire tous sur le chemin de la vérité, de ta lumière.
Chers frères et
sœurs,
Quand Jésus rompt
le pain et le donne aux deux disciples d’Emmaüs, alors leurs yeux s’ouvrent. Ce
signe de fraction du pain, nous 88le savons, rappelle la dernière Cène de Jésus
avec ses disciples (Lc 22, 14-20) ; mais c’est le signe de toute sa vie.
Jésus, dans toute sa vie, est venu pour se donner aux autres, pour servir et
non pour être servi (Lc 10,45). Il s’est fait esclave, par amour (Lc
22,25-27 ; Jn 13, 4-5). Fraction du pain. C’est aussi l’Eucharistie où le
Seigneur nous répète le don de sa vie, afin que nous puissions le poursuivre à
notre tour chez les autres.
Célébrer la Pâques
c’est célébrer le Seigneur qui, par sa mort, sa résurrection et sa présence au
milieu de nous, nous délivre de tout repliement sur nos souffrances et nos
peurs. C’est aller à la rencontre des autres plus démunis en leur apportant la
confiance en la vie et le courage de tout affronter. C’est accepter de livrer
notre vie aux autres, jusqu’au bout comme a fait Jésus le Crucifié-Ressuscité,
le Vivant au milieu de nous. C’est là notre foi. Qu’en cette Année de la Foi,
le Seigneur augmente notre foi en Lui.
Que le Seigneur
nous bénisse. Qu’Il fasse de nous des hommes et des femmes d’espérance. Christ
est ressuscité : l’univers entier (notre diocèse, notre pays, notre terre)
est entrain de passer de la mort à la vie, du temps des ténèbres au temps de la
lumière et de la Résurrection, jusqu’à l’achèvement total lors du retour du Seigneur.
Joyeuse fête de Pâques
à vous !
Fait à
Inongo, le 31 Mars 2013
Évêque d'Inongo
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