jeudi 24 décembre 2020

Homélie de noël 2020 de Mgr l’évêque

 

Lectures :

Nuit : Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

Jour : Is 52, 7-10; Hb 1, 1-6; Jn 1, 1-18

Frères et Sœurs,

Comment célébrer Noël dans un monde en perdition ?

1.       En cette année 2020, nous avons connu des moments de joie et de peine.  Si notre pays connaît des soubresauts politiques avec leurs corollaires d’incertitudes et une misère insupportable, l’humanité a été et est encore durement éprouvée avec la pandémie du Coronavirus.  Cette maladie nous a imposé des comportements inédits.  Même si certains minimisent ses méfaits sur la santé et la société, son impact est réel sur l’économie mondiale et sur celle de notre pays, une économie déjà fragile.  On dirait que nous sommes plongés dans les ténèbres, que l’humanité est en crise, que la paix a déserté  le monde, notre pays.  Pour prendre une image proche de chez nous, on dirait que nous sommes comme en plein lac, ballotés par les vents et les vagues. Comment célébrer la Noël avec joie et dans la paix quand la joie et la paix ont déserté nos cœurs et la vie de plusieurs de nos frères et sœurs ?  Comment célébrer la Noël dans un monde presqu’en perdition, qui ne sait pas toujours à quel saint se vouer ?

2.       C’est donc dans ce contexte particulièrement indécis que nous fêtons la Nativité du Seigneur et que s’achève cette année 2020.  Et les lectures proposées en cette veillée et au jour de Noël nous ouvrent à l’espérance de Dieu, manifestée en un enfant qui nous est donné et qui apporte la lumière au monde.

3.       Un monde, un pays, un peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière et est envahi par une joie et une allégresse, œuvre de la prodigalité de Dieu pour les hommes pour qu’ils vivent désormais dans un monde, un pays où règne la paix et où s’affermira la justice.

4.       C’était une nuit ordinaire. Un événement ordinaire a lieu dans une cité ordinaire, une petite cité de la ville de Juda, Bethléem.  Et pourtant, un événement ordinaire qui a profondément bouleversé le courant de l’histoire de l’humanité, parce qu’il réunit le ciel de Dieu et la terre des hommes.  Désormais cet événement est devenu extraordinaire et est au cœur de la vie de l’Eglise, des hommes de toute race, langue, peuple et nation.  Dieu se fait homme et l’homme se fait proche de Dieu.  Cette nuit ordinaire est devenue une nuit sainte.

5.       Un enfant nous était né, un fils nous a été donné, un fils nous est donné encore aujourd’hui.  Là où les hommes sont incapables d’établir la paix, de faire resplendir la justice, Dieu nous fait (un) don d’un enfant, de son Fils qui est un « conseiller-merveilleux et prince-de-la paix » ; il est l’image du Dieu-Fort et Père-à-jamais pour ceux sur qui pesait le joug et dont les épaules étaient meurtries par la barre et le bâton des tyrans, ceux dont le sang ne coulera plus comme un fleuve.

6.       Un enfant nous est né, un fils nous est donné.  Cet enfant, c’est l’amour vivant de Dieu pour l’humanité, Dieu qui vient habiter parmi nous et qui vient nous montrer le chemin à suivre afin de vivre dans la joie et dans la paix.  La joie que nous cherchons, la paix que nous voulons pour notre monde, pour notre pays, pour nos familles, nous ne pouvons les trouver qu’en Dieu, si nous acceptons de quitter notre confort, nos aises pour aller là où Dieu nous donne rendez-vous, là où, comme Jésus, il nous donne de naître.

Frères et Sœurs,

Dieu nous donne rendez-vous à Bethléem

7.       Cet enfant, les bergers l’ont reconnu parce qu’ils ont écouté les anges, les messagers de Dieu.  Comme eux, ouvrons nos cœurs et écoutons la voix de Dieu qui nous parle.  Comme eux, ouvrons nos yeux et marchons sur leurs pas pour aller à Bethléem et voir cet enfant, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous.  Aujourd’hui encore, Dieu envoie ses messagers pour nous inviter à aller à notre Bethléem, pour reconnaître son enfant, son Fils né dans la pauvreté, dans le dénuement, parmi ceux qui n’ont pas de place dans nos sociétés, dans nos cœurs.  Comme eux, Dieu fait de nous ses messagers pour annoncer la bonne nouvelle au monde, pour montrer aux autres la crèche où l’Enfant Jésus est né.

8.       A la Nativité, Dieu veut que nous soyons comme les bergers qui veillaient, tels des gardiens, à qui la joie de la nativité a été annoncée pour qu’à leur tour, ils l’annoncent à l’humanité.  « La Nativité veut dire que la gloire de Dieu se manifeste en priorité dans le dénuement de la crèche : quand Dieu se fait homme, il va à l’essentiel de la condition humaine, dédaignant tous les hochets de vanité auxquels s’attachent les hommes ».  Dieu vient rencontrer l’homme loin des palais luxueux, loin de ce qui attire les regards des hommes.  Renoncer à la convoitise et aux hochets de la vanité est la condition que la Nativité nous propose pour faire le bien, pour que nous devenions le peuple de Dieu.  On pourrait dire que la Nativité nous renvoie la figure de Dieu qui vient dans notre monde comme un pauvre.  Il faut un cœur de pauvre pour le reconnaître et l’adorer, contrairement à ceux qui s’attachent aux biens de ce monde et adorent des hommes qui se croient être tout puissants ; des hommes qui ne pensent qu’à faire le bien à leur égo surdimensionné, sans piété, incapables de vivre de manière raisonnable, ne se préoccupant que de la manifestation de leur gloire, au lieu de pratiquer la justice pour que la joie et la paix habitent véritablement nos cœurs et se répandent partout dans notre pays.

9.       La tradition veut que la Noël soit une fête durant laquelle les familles se retrouvent et célèbrent ensemble.  Dès lors, n’oublions pas de faire de nos villages, cités et villes la Bethléem où Dieu nous donne rendez-vous et de faire de nos cœurs des crèches où l’Enfant Jésus vient naître et habiter parce qu’il se sait accueilli avec la même joie et la même paix que sa venue nous procure.

Frères et Sœurs,

A Noël, la joie est source de paix et de la paix jaillit la joie

10.   En cette nuit, Dieu nous envoie un message : « N’ayez pas peur, ne craignez pas, car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : (il) vous est né un sauveur.  Vous trouverez … un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».  Ce que l’ange Gabriel avait annoncé à Marie s’est accompli.  Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, il sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.  Cette bonne nouvelle apporte la joie, la paix au monde.  Noël célèbre la joie de la paix parce que le Fils de Dieu naît dans nos vies.  La Nativité nous fait don de la paix et remplit nos cœurs d’allégresse, d’une joie que ni les tribulations, ni les souffrances, ni le coronavirus, ni la mort, ni les puissances malveillantes, ni les grands de ce monde, … ni personne ne peut nous ravir.  Autrement dit, Noël inonde nos cœurs de paix de la joie, une joie qui apaise, qui nous réconforte parce que désormais aimés et sauvés par Dieu. 

11.   Pendant quatre semaines, nous nous sommes préparés à célébrer ce grand mystère « avec une foi sans défaut et dans l’obéissance du cœur ».  Deux personnes ont compris et ont vécu tout cela : Marie et Joseph.  En cheminant avec eux de Nazareth à Bethléem, l’on comprend qu’il faut un cœur simple, généreux, disponible pour accueillir avec joie et dans la paix l’avènement du Fils de Dieu, né dans le dénuement d’une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.  De Nazareth à Bethléem, Marie et Joseph sont guidés par la lumière de la foi et le Verbe de  Dieu fait chair, les éclaire comme elle éclaire tout homme qui accepte de devenir enfant de Dieu.

12.   Avec les bergers et en compagnie des anges, que la  fête de Noël fasse de nous des gardiens et des messagers de paix, des semeurs de joie par notre présence qui inspire la bonté, la patience, la générosité, pour redonner le sourire aux malades, l’espérance aux prisonniers, le réconfort aux affligés.  Avec les bergers et les anges, ouvrons nos cœurs pour accueillir l’étranger, pour tendre la main à celui qui a besoin de notre aide.  Ici, je garde à l’esprit la joie et l’accueil fraternel des communautés que j’ai visitées avant et encore dernièrement à Semendwa, Makaw, Bokoro et Nioki.  C’est cela aussi la paix et la joie de Noël sur lesquelles nous devons bâtir l’église et notre diocèse.

13.   Avec Marie et Joseph, avec les bergers en compagnie de l’ange et de la troupe céleste, chantons la gloire de Dieu manifestée dans l’Enfant Jésus : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime ».  Que la paix et la joie de Noël habitent en nos cœurs et demeurent toujours en vous.  Joyeux Noël à vous tous et à vos familles, avec ma bénédiction apostolique pour une heureuse année 2021, au nom du Père, et Fils et du Saint-Esprit.  Amen. 

   Inongo, le 23 décembre 2020

 

+ Mgr Donatien BAFUIDINSONI, SJ. 

 Evêque d’Inongo.

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