mardi 24 décembre 2019

Homélie de Noël 2019



« Jésus est la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1, 9).
1. Nous célébrons aujourd’hui la naissance de Jésus, l’Emmanuel. Aujourd’hui, comme chaque année, Dieu se fait l’un de nous, il vient chez nous, il vient habiter avec nous. Désormais, Dieu est avec nous ; le sauveur, Jésus, demeure avec nous. « Celui que les prophètes avaient chanté, celui que la Vierge attendait avec amour, celui dont Jean Baptiste a proclamé la venue et révélé la présence au milieu des hommes », celui que nous-mêmes attendions en veillant dans la foi et dans la prière pendant quatre semaines, vient nous donner la joie et nous remplir d’allégresse.

2. Celui qui vient, c’est Dieu qui, en toute humilité, s’est fait homme, à travers un enfant, pour rencontrer chaque homme, pour être accueilli par chaque homme et pour accueillir chaque homme. Dans nos crèches, nous plaçons souvent une figurine de l’enfant Jésus les bras ouverts, tendus pour être accueilli dans nos bras et pour accueillir chacun dans ses bras, sans discrimination, avec un regard illuminé et souriant. Voilà l’attitude que nous devons avoir envers Dieu, mais aussi et surtout envers chaque homme qui vient à nous chaque jour, et particulièrement en cette nuit (en ce jour) de Noël.

3. Parmi ceux vers qui Jésus tend les bras, il y a les pauvres. Et « contrairement à tant de personnes occupées à faire mille choses », qui sont préoccupées par l’argent à voler et à gaspiller, par les biens à accumuler, les pauvres qui sont eux tournés vers Dieu comme leur seul espoir, en l’occurrence « les bergers, deviennent les premiers témoins de l’essentiel, c’est-à-dire du salut qui est donné. Ce sont les plus humbles et les plus pauvres qui, avec un cœur large et généreux, savent accueillir l’événement de l’incarnation. Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous. En naissant dans la crèche, Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l’amour, la révolution de la tendresse. De la crèche, Jésus a proclamé, avec une douce puissance, l’appel à partager avec les plus petits ce chemin vers un monde plus humain et plus fraternel, où personne n’est exclu ni marginalisé » (cf. Pape François, Admirabile signum).

4. Noël, c’est la fête de la vie et non de la mort. Dans notre pays, pendant que nous célébrons la vie, d’autres provoquent la mort, sème la désolation. La mort, pas seulement physique, mais aussi spirituelle ou morale en tuant les valeurs sur lesquelles se fonde une nation ou se construit une société des hommes responsables et honnêtes. Il suffit de penser à ce qui se passe à l’Est de notre pays. Et combien et comment nous vivons dans une indifférence certaine face à tous ces massacres au quotidien. Cela devient un fait divers. On tue. On compte les morts et puis rien. Personne ne veut poser les vraies questions et aborder les causes de la souffrance de nos frères et sœurs à l’Est, mais aussi partout où l’on tue et l’on sacrifie des vies humaines, par la guerre pour des intérêts égoïstes, pour diviser les populations et ravir leurs terres. Noël sera Noël quand nous qui venons prier en cette nuit (en ce jour), nous serons réellement capables à entrainer les autres à redonner le sourire aux pauvres, aux marginalisés, comme ces enseignants qui souffrent parce qu’ils ne sont pas payés ou ne reçoivent pas un salaire digne alors qu’ils travaillent et peine chaque jour pour apprendre à nos enfants à lire, à écrire et à calculer, sans parler de ces fonctionnaires dont les chefs détournent le salaire, ou de cette pauvre maman vendeuse de poisson à laquelle le policier ou la maman catholique perceptrice au port ou à différents barrages rackette (de) l’argent ou la marchandise comme droit de passage.

5. Avec Noël, Dieu se fait proche de l’homme. « La proximité de Dieu apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité de la souffrance (cf. Lc 1, 79) ». Noël nous invite à accorder plus d’attention à tous ceux qui n’ont pas de place dans la salle commune, dans nos sociétés, tous ceux que nous reléguons à la périphérie de nos cœurs et de nos vies. Nous pouvons penser à tous ceux qui sont dans la rue pour diverses raisons comme les inondations suite au réchauffement climatique, aux réfugiés, aux déplacés, aux refoulés parce que chassés de nos frontières, à tous ceux qui abandonnent leurs terres à cause des conflits voulus et entretenus par les puissants de ce monde et qui ne cherchent qu’à assouvir leurs instincts primaires et passions humaines. Dieu, en l’Enfant Jésus, nous apporte la lumière pour nous ouvrir à son amour et à l’amour du prochain. Il est la lumière née de la Lumière qui dissipe les ténèbres du péché en nous et autour de nous. Avec Noël, laissons-nous illuminés par l’Enfant Jésus afin que par notre présence nous puissions éclairer le chemin de ceux qui cherchent Dieu dans l’obscurité de leur vie, que par notre bonté, notre générosité, notre joie nous aidions nos frères et sœurs à reconnaître que Dieu vient diviniser notre humanité. 


6. Mes frères et sœurs, Dieu vient faire sa demeure chez nous, dans nos cœurs. Mais, comment est notre demeure, comment sont nos cœurs et dans quel environnement vivons-nous pour l’accueil avec joie ? Si notre cœur est sain, soigné, « propre », notre demeure pour accueillir Dieu sera aussi sain et soigné. Dieu nous invite à accueillir son fils, à accueillir l’homme et à en prendre soin. Aussi nous donne-t-il la nature, la création pour en prendre soin et en être responsable. En effet, il y a un lien entre le soin que nous accordons à notre relation avec Dieu et le soin que nous mettons dans notre relation avec l’environnement, l’espace ou la demeure que nous occupons. Ne dit-on pas que l’extérieur, la manière dont nous prenons soin de ce qui nous entoure révèle notre être intérieur, ce que nous sommes en profondeur ! Dieu, qui vient chez nous, est-il content d’être accueilli dans nos villes inondées, sales ou pleines d’immondices, de sachets, de bouteilles en plastique et des déchets qui traînent partout, avec nos cités menacées par des
érosions, polluées sans cesse, avec de la fumée suffocantes de nos cuisines, dans une chaleur de plus en plus étouffante, etc. Comment accueillir l’enfant Jésus quand nous-mêmes nous sommes menacés de disparition par inintelligence, par imprudence ou insouciance, parce que nous ne savons pas prendre soin de la planète terre, notre « maison commune » ?

7. Dans nos familles, quand un enfant est né, on cherche à savoir à qui il ressemble. Aujourd’hui, à qui est-ce que l’Enfant Jésus ressemble ? J’aimerais un jour que les gens qui nous regardent puissent dire que nous ressemblons tous à Jésus. Si cela est difficile par le visage ou la morphologie ou la couleur de la peau, au moins que notre cœur ressemble à celui de l’Enfant Jésus qui apporte la paix et la joie à l’humanité. C’est en nous voyant nos cœurs pleins de bonté que les autres diront que nous sommes vraiment des enfants de Dieu. Avec Noël, nous sommes appelés à devenir des voies du salut, ceux que Dieu utilise pour que les autres trouvent en lui le salut, pour que l’humanité soit sauvée à travers nos œuvres de charité et de miséricorde, de proximité, de compassion et d’amour. C’est ainsi que le Dieu invisible se rend visible à nos yeux.

8. Comme Dieu est venu partager nos joies et nos peines, efforçons-nous d’être proches de nos frères et sœurs, surtout ceux qui souffrent pour partager ensemble la joie et la paix de Noël. Dieu l’a fait ; à nous de le faire à notre tour. Comme les bergers qui ont accueilli avec grande joie l’annonce de cette bonne nouvelle, hâtons-nous pour devenir nous aussi des messagers, des évangélisateurs pour dire au monde qu’ « aujourd’hui nous est né un sauveur et gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ».

9. En cette fin de l’année 2019, et au seuil de la nouvelle année 2020, que « Jésus soit la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde ». Dans la foi, ouvrons nos cœurs pour accueillir l’Enfant Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, qui se révèle dans l’humilité et la fragilité humaine, et demeure notre espérance et notre joie de chaque jour. Que la Vierge Marie intercède pour nous et nous aide à contempler le mystère de l’incarnation où l’homme est recréé à l’image de Dieu pour l’éternité.

10. A chacun et à chacune, à vous tous et à vos familles, je souhaite un « Joyeux Noël » et une heureuse année 2020, avec mes prières et ma bénédiction. Amen. 

+ Mgr Donatien Bafuidinsoni
Évêque d'Inongo

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