lundi 20 août 2007

LETTRE DE MPUTUVILLE

Ramenez-nous notre Madeleine McCann !

Avez-vous aperçu

Quelque part Madeleine

Ses yeux flamboyants

Se nourrissant toujours de ses larmes

Elle, l'ange du ciel

Ses pleurs, sans doute étouffés

Par des mensonges de ses ravisseurs

Nous autres, avec ses parents, Toujours la chérissant, Ne

perdant en rien L'espérance pour Elle D'être, demain ou

lendemain

Bercée par les caresses,

Irremplaçables

De ses parents.

Bien cher Tshiany Ilako, l'autre moi-même,

Je vais essayer de m'adonner, jour pour jour, à cet exercice de te livrer mes impressions sur Mputuville, modeste façon de contribuer à la mise à jour de connaissances et de tes informations sur le sujet. Je dois directement me distancer des images miroitées par nos confrères de la presse, de plus en plus nombreux, amoureux et maîtres des images caricaturales et surtout férus des émissions en direct, depuis que la télévision dite réalité soit devenue une vraie tombe pour la presse et pour l'art de communiquer lui-même. Je refuserai de croire que le journaliste soit un simple monsieur qui a comme job de communiquer seulement. Le noble et beau métier fait de son homme un individu qui analyse, qui aide à comprendre, qui compare, qui propulse des hypothèses, qui prépare l'information, qui l'évalue. Le journaliste est, anglicisme oblige, un manager de l'information. Gestionnaire de l'information, le monsieur de la presse n'a pas pour seule fonction de relayer l'immédiat, mais il doit aussi jeter un regard vers le passé, prédire l'avenir, en fait il est cuisinier de la communication, telle une sauce des crevettes et des champignons à la mwambe où sont mijotés oignons, sels et épices. Il requiert de l'art. Le vrai journaliste est un artiste. D'ailleurs, dans nos sociétés traditionnelles, le journaliste est poète, griot, conteur, noble. Hélas, tu dois te souvenir qu'en matière de la culture, de l'exercice de l'art, une seule loi reste de mise : O Tempora ! O Mores ! (Question de te donner de l'eau à la bouche et te rappeler tes Catilinaires).Voilà pourquoi je voudrais t'inviter à ce nouveau festin littéraire et scriptural avec un premier sujet, modeste façon de t'aider à faire ton entrée au concert de nations, du monde et aux débats d'idées. Car, ne nous faisons pas d'illusions, la fin du monde, l'apocalyps ne sont pas pour demain. Quand au déluge de Noé,si beau raconté que Dieu, s'il existe, puisse encore revenir sur sa promesse. Je voudrais partager avec toi un premier sujet qui ne sera pas politique et religion, comme nous en avions pris l'habitude. Car, j'ose croire que le changement que nous souhaitons et que nous attendons ne viendra pas du politique et de la religion. En tout cas, telle qu'elles sont vécues, prêchées et confectionnées chez nous, elles sont loin du changement que notre peuple espère et attend, elles passent vraiment à côté de leur but. Il semble que les vieux missionnaires ne furent pas à la mesure du feu de l'évangile, mais toutes nouvelles raccommodées par des messieurs en quête de gloire, d'argent ou du pouvoir, ne nous ont pas encore montrées de quoi elles sont capables. Elles n'ont réussi qu'à nous engendrer des illusions. Elles n'ont construit ni écoles, ni hôpitaux.

L'Afrique n'est certes pas exempte des conneries et de comportements glissant l'humain vers l'inhumain et l'éloignant de l'ange pour l'approcher de l'animalité.

Mais, dans ce grand et fameux rendez-vous du donner e tdu recevoir, l'Afrique doit être fière d'y apporter le sens de la vie et de sa plénitude, la valeur de l'homme.

Nous avons certes à apprendre des impératifs liés à la modernité : la valeur du travail, la division du temps, l'écrit comme symbole de la fin du nomadisme, l'usage et le maniement de la monnaie. Il est vrai que nombreuses valeurs morales sont en désuétudes à Mputuville ! On se marie et on divorce comme de la blague ; les femmes chassent leurs époux des domiciles, des époux se font champions de l'irresponsabilité et d'autres poussent l'opprobre jusqu'à tuer leurs femmes ! La liberté proche du libertinage rend les hommes irresponsables devant la dérive de l'humanité ; pire, la vie parfois ne donne pas l'impression d'être prise au sérieux : on tue souvent et on fait disparaître comme de la blague. Les jeunes, surtout eux, parfois abandonnés à une éducation diffuse en quête d'un redressement, glissent facilement vers la facilité, les drogues, le sexe et autres démons hantant cet âge sacré de toute vie. Voilà pourquoi je voudrais que tu te joignes à cette campagne menée à Mputuville depuis un mois, parce qu'elle fait appel à ce que l'homme a de plus humain : la valeur de la vie et la vie, c'est d'abord la vie des tous petits, la survie des enfants. Car, en arrivant à Mputuville, nous fûmes ahuris, abasourdis et liquéfiés par ce qui s'appelle ici la pédophilie , c'est-à-dire des messieurs qui, on ne sait poussés et piqués par quelles mouches, abusent denfants, les tuent, les enlèvent, les maltraitent. En Afrique, ils seraient appelés de vrais sorciers. Il n'y a pas pire qualificatif. Ces individus-là se constituent souvent en réseau, s'échangent des informations, des photos d'enfants… Dieu merci que les polices abattent un travail de titan pour les démanteler et les mettre hors d'état de nuire. D'où, en cette matière spécifiquement l'information devient une force, une arme.

Depuis plus d'un mois donc, jour pour jour, j'ai des yeux pleins des larmes lorsque l'information passe à la télévision, lorsque je l'entends dans des radios ou lorsque je la lis sur les colonnes des journaux. Il s'agit d'un enfant de 4 ans, une petite fille, Madeleine McCann , c'est son nom, disparu depuis le 3 mai alors qu'elle passait des vacances avec ses parents à Praia Da Luz, au Portugal. Elle a disparu de la maison, alors qu'elle y dormait avec deux autres enfants de la famille. Et depuis maintenant plus de cinquante jours, plus personne n'a entendu parler d'elle, plus personne ne l'a vue. Tu peux t'imaginer comment vivent les parents, les yeux ne pouvant plus se fermer et ne vivant que de l'espoir de la retrouver demain ou le lendemain,vivante. La chose est tout simplement incroyable pour nous autres africains et nègres. Nous vouons un amour fou à nos enfants et à tous les enfants. Je songe ainsi à notre enfance dans nos villages où les maisons n'avaient ni portes, ni serrures. Petits, nos parents devaient se rendre, tôt le matin, pour des travaux champêtres et nous autres, devrions rester, soit avec nos frères et sœurs, soit seuls. Seuls ?... façon de parler, car lorsque nous restions dans ces villages, nous étions enfants de tous, tous veillaient sur nous. D'ailleurs, un proverbe dit, dans le ventre de sa mère l'enfant lui appartient, une fois sortis, l'enfant appartient à la communauté, à la société, à tout le village .

Depuis cette disparition, les parents ont multiplié communiqués, prières, et que sais-je encore les pauvres… Une seule chose est inébranlable : l'espérance que notre fillette est en vie et que tous la retrouverons un jour. Voilà pourquoi je voudrais que tu te joignes et compatisse à eux. Nous ne devons certes pas nous lasser de garder espoir. A chaque fois que je vois les photos de Madeleine, j'ai des larmes aux yeux, et je songe à mes rejetons que l'asile et l'exil m'ont fait séparer voici quelques années. Non, cette fillette mérite d'être prêt de ses parents, sentir leur chaleur et leur amour… Madeleine, avec ses yeux d'enfant, remplis d'innocence, Madeleine, yeux d'enfant remplis de la joie d'anges et de la joie d'être enfant… auprès de ses parents. Madeleine… où tu es, saches notre enfant que nous aussi et tes parents continuons à t'aimer.

Chaque soir, avant de dormir et le matin avant de mettre tes jambes sur les rues, penses à Madeleine et offres à Dieu sacrifices et prières pour qu'elle nous soit rendue, vivante et souriante, elle l'innocente ange du ciel… Fais-toi aussi apôtre de cette cause noble et fais passer ce cri de cœur : Ramenez-nous Madeleine McCann !

Ramenez-la auprès de ses parents ! Malgré le silence et l'écart crées par les circonstances, portes-toi bien et en unions des cœurs.

Car, entre nous deux, c'est comme le dit le proverbe de chez nous : nul ne pourra interdire et dénier au chien d'être le complice du chacal, car les deux ont les mêmes empreintes digitales.

Ton alter ego, toujours complice,

Norbert X MBU- MPUTU

Newport, Pays de Galles (Grande Bretagne)

norbertmbu @ yahoo.fr

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