Homélie pour la Solennité du Christ-Roi 2023
Lectures : EZ 34, 11-12.15-17 ; 1 Co 15, 20-26.28 ; Mt 25, 31-46
Chers Frères et Sœurs,
Mes Chers Diocésains,
1. Nous célébrons aujourd’hui, la solennité du Christ, Roi de l’Univers. Aujourd’hui, nous confessons et professons que Jésus Christ est notre Roi, le souverain de nos vies. Il s’agit de la fête qui marque la fin de cette année liturgique A, et le commencement d’une nouvelle année B par le premier dimanche de l’Avent, temps de renouvellement, de préparation de la fête de la Nativité de notre Seigneur. Aujourd’hui, l’Eglise, notre Mère, nous donne de méditer sur la royauté que Jésus est venue instaurer sur terre et comme au ciel.
Réponse libre pour travailler pour la royauté du Christ
2. La célébration de la solennité du Christ-Roi est une invitation faite à chacun de se rallier au règne que le Seigneur est venu instaurer, en acceptant de vivre selon les préceptes ou les lois de sa royauté. Et si nous le reconnaissons comme notre roi, nous sommes aussi appelés à chercher son règne, à travailler pour que son règne vienne, se réalise et pour qu’il croisse, grandisse. C’est en toute liberté, sans contrainte et sans intérêt que nous répondons à son invitation à adhérer aux principes de sa royauté et à y conformer notre vie. Le Christ, Roi de l’Univers, n’est pas un employeur qui nous paie un salaire et à qui nous réclamions un décompte final.
3. Travailler pour son royaume, c’est accepter de se mettre à son service et au service des autres, c’est le connaître, l’aimer et le suivre jusqu’à la croix, le lieu de sa mort, mais aussi le symbole de la victoire de la vie sur la mort, le lieu du triomphe de la vérité sur le mensonge, de l’amour sur la haine, de la fidélité, de la loyauté sur la trahison. Se mettre à son service et des autres est un acte qui trouve sa source dans l’amour que Dieu nous porte et que nous devons lui manifester à notre tour, d’une part ; et d’autre part, se mettre à son service et des autres est un acte qui s’exprime et nous engage du fait de l’amour que nous devons témoigner les uns envers les autres. Bref, la loi fondamentale pour tous ceux qui veulent collaborer à
l’instauration de la royauté du Christ, c’est l’amour, cette capacité à se donner entièrement et jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie sur la croix.
Un Roi différent des rois de ce monde
4. Jésus Christ est le Roi de l’Univers ; un Roi différent des rois de ce monde ou de tous ceux qui leur ressemblent. Son Royaume n’est pas de ce monde. A ce propos, Jésus disait à ses disciples : « vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave » (Mt 20, 25-26). Jésus agit et se comporte à l’opposé de grands de ce monde : il est humble, simple ; Il tient en horreur les honneurs ; il ne se soucie pas de ce qu’il va manger ou va (se) vêtir ; il sait que l’argent est un mauvais maître. Il est toujours vrai ; ne se laisse influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence qu’il considère les gens, mais il enseigne le chemin de Dieu selon la vérité (cf. Mc 12, 14). Jésus ne cherche pas le pouvoir, il n’en a pas soif. C’est ainsi que lorsqu’on a voulu faire de lui un roi, « alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul » (Jn 6, 15). Pendant que chez nous, on cherche le pouvoir pour le pouvoir, pour s’enrichir, pour se servir au lieu de servir et de construire le pays. On le voit. Quand on nous propose le pouvoir, surtout politique, c’est la précipitation, même quand on sait qu’on est incompétent ; on veut y accéder ou le conserver par des moyens frauduleux, malhonnêtes, par la corruption, des coups bas. On accepte même d’être nommé quand on sait que l’on a échoué, et on vient endormir la population avec des discours lénifiants et des promesses fallacieuses.
Un royaume des frères et des soeurs
5. Notre option pour le règne du Christ ne doit pas se limiter à la parole. C’est cela que nous rappelle l’Evangile que nous venons d’entendre. Chrétiens, nous devons toujours garder présentes à l’esprit les paroles de Jésus : En effet, chaque que nous nous sommes mis au service de celui qui avait faim, qui avait soif, qui n’avait pas d’habit, qui était malade ou en prison, que nous avons accueilli un étranger, chaque fois que nous l’avons fait à l’un de ces plus petits, c’est à Jésus que nous l’avons fait (cf. Mt 25, 37-40). Le Royaume que le Christ est venu instaurer parmi nous, c’est un royaume des frères et des sœurs qui ne regardent pas les affinités culturelles, géographiques, linguistiques, puisque tous fils et filles d’un même Père, Dieu, qui nous a créés à sa propre image.
6. Chaque fois que nous ne vivons pas en frères, nous nous éloignons du Royaume que le Christ est venu instaurer. Et nous nous entendrons alors dire, de la part du Seigneur : « Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges » (Mt 25, 41). Chaque que nous oublions de vivre en frères et sœurs, nous nous mettons sous le règne, sous l’étendard du diable. Chaque fois que nous privilégions nos intérêts personnels, au détriment du bien commun, nous refusons de faire partie du règne du Christ, et nous choisissons la partie du Diable, etc.
Cherchez d’abord le Royaume de Dieu
7. Chers ordinands, c’est ce Roi, Jésus Christ, que vous avez choisi d’aimer et de suivre de manière particulière à travers le sacerdoce. C’est son sacerdoce que vous êtes appelés à aimer et à faire aimer. Après nos entretiens individuels, j’aimerais encore vous redire : c’est par la qualité de votre vie spirituelle que se mesurera la qualité de votre vie sacerdotale et de l’efficacité de votre ministère. Ne faites pas honte au sacerdoce du Christ, ne faites pas honte à l’église. Quand vos familles ou les gens vous voient, qu’ils soient fiers de vous et rendent grâce à Dieu. Ne soyez pas un scandale pour leur foi, la cause de leur tristesse, de leur souci, de leur déception. Aimez Jésus, aimez son sacerdoce auquel vous serez associés et, par vos paroles, vos actes, par votre comportement, faites aimer le sacerdoce en vue de la sanctification du peuple de Dieu.
8. Suivez les pas du bon pasteur dont il a été question dans la première lecture. Occupez-vous des brebis du Seigneur ; veillez sur elles. Et n’oubliez jamais, c’est au Seigneur qu’appartiennent les brebis qu’il a acquises par le prix de son sang. Dès lors, chaque fois que vous négligerez de vous occuper de ces brebis, dites-vous que vous rendez vain le prix du sang du Christ sur la croix. Et si vous osez dérouter ces brebis, par l’incohérence de votre vie ou par la négligence de vos enseignements, rappelez-vous que vous répondrez de leur vie. Car, « chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait », dit Jésus ” (Mt 25, 45).
9. Pour rester intendants du Royaume que le Christ est venu instaurer sur la terre, mettez-vous vous-mêmes sous son étendard, celui de la Croix. Ne le désertez jamais ! Que la Croix du Christ soit votre seule joie, votre seul honneur ! Car, grande est la tentation de perdre de vue le Royaume pour lequel vous serez ordonnés aujourd’hui, pour servir d’autres règnes, comme ceux de la recherche du bien-être personnel ; le règne des prestiges mondains ; le règne de l’argent et de pouvoir, de la recherche de la célébrité en se faisant passer pour les chasseurs de mauvais esprits, alors qu’on ne cherche qu’à exploiter la naïveté des gens simples. Gardez-vous de cela, de peur de vous entendre dire de la part du Seigneur : « Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges ! » (Mt 25, 41).
10. Aujourd’hui, vous entrez dans un presbyterium, une communauté des prêtres, des frères où il n’y a plus ni juif, ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre (cf. Ga 3, 28), ni samaritain, ni nazaréen, ni galiléen, ni romain, ni crétois, ni arabe, ni égyptien, ni ressortissant du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest, … une communauté des gens censés vivre les valeurs évangéliques, appelés à faire advenir le règne du Christ. Alors, « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). « En effet, le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. Celui qui sert le Christ de cette manière-là plaît à Dieu, et il est approuvé par les hommes. Recherchons donc ce qui contribue à la paix, et ce qui construit les relations mutuelles » (Rm 14, 17-19).
11. Aussi, « aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il y en a besoin, dites une parole bonne et constructive, bienveillante pour ceux qui vous écoutent. En vue du jour de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint-Esprit de Dieu : ne le contristez pas. Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ » (Ep 4, 29-32).
12. Frères et sœurs, en ce jour de joie, prions et confions nos frères à la bienveillance de la Vierge Marie, Mère des prêtres, afin que, diacre et prêtres
aujourd’hui, ils le demeurent demain et toujours pour la joie de notre Eglise, de notre diocèse pour les siècles des siècles. Amen.
+ Mgr Donatien Bafuidinsoni SJ
Évêque d'Inongo
Homélie à l’occasion de l’ordination diaconale de Gustave Bonga, et ordination sacerdotale de Béni Batikangai, Hermann Bitumba, Bienvenu Iyemebwi, Maxime Izansone, Yves Mbengele, Emmanuel Nzay, Joël Nzenza, en la cathédrale Saint Albert (Inongo), le 26 novembre 2023.
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