Témoignage de l’abbé Joseph Belepe

Maman de l’abbé Charles Mpia: 

une grande légionnaire de Marie

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Nous pleurons notre chère mère, Maman Thecle. Ces nombreux ba nkoko (petits fils) à Inongo, l'ont surnommée affectueusement MT. Je connais la famille de l'abbé Charles. Sa maman est ma tante maternelle. Beaucoup ne le savent pas... Soit ! Mais si vous voulez un petit témoignage de ma part, je dirai que mon ministère à Saint Jean Likwangola m'a permis de bien connaître ce quartier bouillonnant d'Inongo et plus particulièrement les différentes couches de la population, enfants comme adultes, filles comme garçons. Résidents comme nouveaux venus. Dans ce quartier chaud, les gens sont très proches les uns des autres et surtout, très solidaires envers tout le monde. Je me limiterai à l'engagement et à la personne de Maman Thecle comme légionnaire, de longue date (depuis l'abbé Nzengeri).

 Jadis elle a joué le rôle d'accompagnement de légionnaires avec la maman de P. Lucien Ilibi, de pieuse mémoire. À la mort de cette dernière, elle était restée seule: seule à présider les rencontres dans leur curia (quand on entre au salon de la maison où elle habite, on s'en rend vite compte : statue de la Vierge Marie, symboles de la legio, bougies, ornements bleu et blanc, chapelets, livres de prière...), seul disais-je, à présider le Rosaire devant la grotte chaque soir à la paroisse durant le mois marial (justement durant le mois de mai et d'octobre), seule visiter ou à prendre des nouvelles de différents membres et leurs problèmes particuliers. C'est un vrai apostolat des pauvres par les pauvres.

 La légion de Marie est la mère et le fondement de tout apostolat des laïcs. Le papa de l'abbé Charles était aussi un grand pratiquant, en compagnie de son épouse. C'est ce genre de personnes qui sont toujours présentes à la messe et jamais en retard. La santé de l'un et l'autre a eu raison de leur zèle apostolique et de leurs obligations sociales et familiales. Mais maman Thecle était toujours confiante bien que souffrante et maintes fois, hospitalisée pour la tension artérielle. Un autre aspect à souligner de maman Thecle, c'est sa belle voix. Pendant le Rosaire, c'est elle qui entonnait les chants et faisait chanter le groupe de mamans légionnaires Son chant préféré, c'est : "Mama Maria, Mama wa Yezu, tookosenge yooooo, Mama aaah yaka eeee". 

Elle savait solfier, c'est-à-dire, faire ressortir toute la partition (notes et pause musicale), elle chantait par cœur toutes les strophes de manière artistiquement agréable à l'oreille (par exemple, " tala Mama, totelemi o boso bwa yo eee, Maman, yakaa eee, tosenge obundela biso etumba eee... C'est difficile de psalmodier). Bref, cela rappelait un peu son fils, Ya Sakis quand ce dernier jouait à l'harmonium ou au synthétiseur. 

Enfin, je terminerai par son losako. "Losako MT: Bikomba londjoloko...". Littérairement, tout celui qui se dit parent, se comprend bien ma double charge comme mère et épouse ". MT nous laisse un grand vide dans le cœur. Déjà, quand elle quitte Inongo pour Kinshasa pour se soigner... À Likwangola, l'avenue Basengele, je crois, s'est vue vidée de ses lieutenants, ses dames de fer (Maman Thecle et, avant elle, Maman Ilibi). Et la paroisse de Saint Jean voit ses "Tabitha, ses Dorcas ou encore ses ba " mamans ya Yeruzalem " courir vers ce qui est leur destin final : suivre l'Agneau immolé dans la Gloire éternelle. 

Du Haut du Ciel, que MT continue à réciter le saint Rosaire pour nous enveloppée de l'amour du Cœur Immaculé de Marie Mère de Dieu. Mon Eucharistie de ce lundi 18 mai sera célébrée à cette intention particulière. Toutes nos condoléances une fois de plus à l'abbé Charles et à toute notre chère famille. Bien sincèrement. 

Abbé Jef BELEPE