HOMELIE POUR LA PAQUES 2019
« Pourquoi
cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?
Il
n’est point ici, mais il est ressuscité » (Lc 24, 5).
1.
La liturgie de ces trois derniers jours, nous a fait entendre
et voir la manifestation de l’amour de Dieu.
Nous avons entendu et vu que Dieu est amour. Le jeudi saint, avec la célébration de la
dernière cène ; le vendredi saint, avec la passion où le Christ a porté
nos péchés jusqu’à la mort sur la croix ; et aujourd’hui, en cette nuit
sainte, nous célébrons la Pâques du Seigneur, notre passage de l’esclavage du
péché, notre passage de la mort à la vie.
« La mort a été engloutie par la vie ». Alors, nous ne devons plus chercher parmi les
morts celui qui est vivant. Il n’est pas
ici, dans ce tombeau, enfermé ; il est ressuscité !
2.
Tout cela, c’est l’expression de l’amour. Pour s’en convaincre, il nous suffit de
méditer les lectures qui nous ont été proposées aujourd’hui. C’est l’amour qui se dévoile depuis la
création du monde, quand Dieu a créé l’homme et lui a donné la mission de
prendre soin de la création. Mais hélas,
l’homme en a abusé et n’a pas répondu à la fidélité de l’amour de Dieu. Plus tard, un homme a été choisi pour sa foi
pour être le gardien de l’alliance de Dieu avec les hommes et les générations
futures : Abraham. Obéissant à
Dieu, il a dû quitter son pays, comme d’ailleurs ses descendants qui seront des
réfugiés en Egypte. Après des temps
favorables, les fils d’Israël seront opprimés, réduits à l’esclavage. Dieu enverra Moïse pour les faire sortir de
l’esclavage en traversant la mer rouge.
Ce passage signifie aussi notre Pâques, le jour où, plongés dans l’eau
du baptême, le Seigneur nous a libérés de l’esclavage du péché.
3.
« Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a
été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et
qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché ... Et si nous sommes passés par la mort avec le
Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité
d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir
sur lui … Lui qui est vivant, c’est pour
Dieu qu’il est vivant … pensez que vous
êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Rm 6, 6.8-11).
4.
Voilà pourquoi nous ne pouvons plus chercher le Vivant parmi
les morts. Lui qui est vivant, il nous
veut vivants avec lui, unis à lui par le baptême, pour que nous menions une vie
nouvelle, comme le Christ qui est ressuscité d’entre les morts, par la
toute-puissance du Père.
5.
Mener une vie nouvelle, c’est fixer à la croix l’homme ancien
qui est en nous. L’homme qui est souvent
esclave du péché. Cet homme qui a rompu
l’alliance avec Dieu en se voulant et en se faisant le rival de Dieu, son
concurrent, en s’arrogeant des droits qu’il n’a pas. Cet homme qui refuse d’être l’intendant des
dons reçus de Dieu, qui ne veut pas être le gardien de son frère, de son
prochain ; cet homme qui n’accepte pas son rôle de protecteur de toute vie
sur terre.
6.
La nuit de Pâques nous fait voir plusieurs signes de la
présence de Dieu dans notre vie de chrétiens.
Il nous suffit d’être attentifs aux paroles, aux gestes et aux symboles. Je voudrais que nous nous arrêtions à la
lumière, depuis l’allumage du cierge pascal.
Ce cierge qui vient chasser les ténèbres du monde, mais surtout de nos
cœurs. Sommes-nous disposés à laisser le
Christ illuminer notre vie pour que, devenus lumières partagées entre les
croyants, nous puissions briller là où les ténèbres du péché, du mal sévissent et
envahissent toutes les couches de notre société ? Sommes-nous disposés à être cette lumière,
cette lueur d’espoir au cœur d’une société dont l’avenir est chaque jour obscurci,
assombri à cause du mensonge, de la fraude, de la tricherie, de la séduction du
pouvoir, des richesses et des biens mal acquis ?
7.
Oui. Nous avons chanté
avec la multitude des anges. Avec joie,
nous avons reconnu maintenant la nuit qui arrache au monde, aveuglé par le mal,
ceux qui, aujourd’hui et dans tout l’univers, ont mis leur foi dans le Christ. C’est la nuit où, le Christ resplendira comme
le jour ; cette nuit même est lumière pour notre joie. Œuvre de notre foi, de notre espérance, cette
joie nous habite et monte comme une flamme dont la clarté ne diminue pas quand
on la transmet avec amour et par amour.
8.
La résurrection est une expérience de foi que nous vivons,
·
Chaque
fois que nous redonnons une lueur d’espoir à l’abandonné qui redoute les heures
de la nuit ;
·
Chaque
fois que nous luttons en faveur de l’innocent que l’on arrête comme un
malfaiteur ;
·
Chaque
fois que nous défendons l’accusé injustement condamné par un juge corrompu qui
n’a peur ni de Dieu ni des hommes, qui ne respecte pas les lois de son pays ;
·
Chaque
fois que nous nous faisons proches du prisonnier frappé, humilié ; du
malade abandonné dans nos hôpitaux délabrés ;
·
Chaque fois
que nous prenons le courage, contrairement à Pilate, de nous mettre du côté du juste
que l’on mène à la mort parce qu’il n’a fait que dire la vérité ;
·
Chaque
fois que nous nous faisons compagnons de l’homme que les siens ont trahi parce
qu’il a refusé de céder aux intérêts mesquins de ceux qui exploitent son
peuple ;
·
Chaque
fois que nous écoutons la voix et suivons l’exemple de celui qui jusqu’au bout
a fait confiance en Dieu et a accepté de donner sa vie pour ses amis et pour
qu’ils l’aient en abondance.
9.
Effort de notre foi et illuminée de la clarté de Dieu, la
résurrection est, plus que cela, mais aussi, le triomphe de la justice face
l’injustice, de la vérité face au mensonge, du pardon face à l’injure, à la
trahison, de la proximité face à l’indifférence, de la joie face à la tristesse. La résurrection est, plus que cela, mais
aussi, le recul des ténèbres devant la lumière, la victoire de l’amour face à
la haine, de la Vie face au mal ou au péché qui conduit à la mort.
10. Avec raison, nous chantons
« Alléluia ». Car nous ne devons
plus chercher le Vivant parmi les morts.
Il est (là où il y a) la Vie nouvelle, la Vie éternelle, auprès de Dieu,
pour les siècles des siècles. Amen.
Avec joie, à vous tous ici présents
et à vos familles, je souhaite une "Joyeuse fête de Pâques", et vous
accorde ma
bénédiction.
Fait à Inongo, le 20 avril 2019
X Donatien BAFUIDINSONI, SJ.
Evêque d’Inongo
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