HOMELIE DE NOEL 2018
Lectures : Is 9, 1-3. 5-6 ;
Tite, 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
1.
Pendant quatre semaines, nous avons prié et chanté : « Venez,
Divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver … O Fils de Dieu, ne tardez pas,
par votre corps, donnez la joie à notre monde en désarroi, … ». Aujourd’hui, en cette nuit très sainte, la
lumière a jailli de nos ténèbres, une lumière a resplendi sur les habitants du
pays de l’ombre. Un Enfant nous est né,
un fils nous a été donné. Dieu a
prodigué la joie, a fait grandir l’allégresse et le peuple se réjouit de la
moisson, comme on exulte au partage du butin.
Car, le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule,
le bâton du tyran ont été brisés. Les
bottes des soldats qui frappaient le sol, les manteaux couverts de sang, les
voilà brûlés, le feu les a dévorés. Unissant
nos voix à celles des anges, chantons tous : Noël, Dieu vient sauver son
peuple. Désormais, sa tristesse se transforme en joie, son cœur meurtri bondit
d’allégresse, la justice et la paix régneront à jamais dans ses murs, dans son
pays !
2.
Aujourd’hui, comme à chaque fête de Noël, nous nous
demandons : pourquoi Dieu a-t-il envoyé son Fils Jésus dans le monde, en
le faisant naître de la Vierge Marie ?
Dieu a envoyé son Fils Jésus pour nous sauver, pour être notre
sauveur. Nous sauver de quoi et
pourquoi ? Dieu vient nous libérer
des ténèbres de la mondanité pour nous faire entrer dans la lumière de
l’espérance. Parce qu’il nous aime et
vient nous rappeler notre vocation d’être ses enfants.
3.
En effet, Dieu a vu que l’homme, créé à son image, était
défiguré par le péché, que certains se comportaient et se comportent comme Caïn
face à son frère Abel, que certains se comportaient comme David, comparé par le
prophète Nathan à l’homme riche qui avait beaucoup de brebis et des bœufs, et
qui a préféré prendre la brebis du pauvre pour donner un festin à son ami (2
Sam 12, 1-10). Dieu a vu que certains se
comportaient (et se comportent) comme Jézabel qui, avec la complicité des
anciens et des magistrats de Jizreel, a fait tuer Naboth pour ravir sa vigne au
profit de son mari Hacab, roi de Samarie, qui voulait agrandir son champ (1 R
21, 1-19). Dieu a vu que certains se
comportaient comme ces commerçants malhonnêtes qui augmentent le prix et
faussent les balances pour tromper, pour acheter les pauvres pour de l’argent
(Amos 8, 4-7). Dieu a vu que certains se
comportaient comme ce juge qui ne craignait pas Dieu et n’avait d’égard pour
personne et ne voulait pas rendre justice à la pauvre veuve (Lc 18, 2-5). Dieu a vu notre comportement comme les
collecteurs d’impôts à qui Jean Baptiste demandait de n’exiger rien au-delà ce
qui leur est ordonné, comme les soldats à qui il demandait de ne commettre
aucune extorsion ou fraude envers personne, et de se contenter de leur
solde (Lc 3, 11-14). Dieu a vu que
certains se comportent comme Hérode en tuant les innocents. Oui, Dieu a vu que la haine avait envahi les
cœurs des hommes, que l’égoïsme, la soif du pouvoir, de l’argent, des biens
matériels amènent certains à tuer, à voler et font des biens périssables leurs
trésors.
4.
Dans son immense amour pour l’homme, il a choisi de venir
partager notre condition d’homme, excepté le péché, pour sauver l’humanité du
péché de l’orgueil et de la suffisance.
En son Fils Jésus, Dieu a choisi d’habiter parmi nous, pour devenir l’un
de nous, l’un des nôtres en vue de notre salut.
Il s’est fait homme pour que nous devenions ses enfants, pour que nous partagions
la condition divine de son Fils. Dieu
vient dans notre monde pour que notre monde devienne sa demeure, pour que le
cœur de l’homme accueille Dieu. Vivant
avec nous, il partagera nos peines, nos joies, nos espoirs et nous enseignera à
vivre de l’amour qu’il a appris de son Père.
5.
Aujourd’hui, à Noël, Dieu prend le visage d’homme et nous
crée réellement à son image. A Noël,
l’homme est reconnu vraie image de Dieu.
Désormais, nous ne pouvons plus regarder l’homme, notre prochain, que
sous cette condition. Mon prochain
incarne le visage de Dieu, je dois reconnaître en tout homme la présence de
Dieu. Dieu n’habite pas seulement parmi nous ; il habite en moi, il
habite en mon prochain. Offenser
l’homme, faire du mal à l’homme, c’est offenser ou faire du mal à Dieu. Le respect de Dieu appelle le respect de
l’homme, de sa vie, de ses droits les plus fondamentaux, de sa dignité, de sa
liberté de vivre dans la paix et être heureux toujours et partout.
6.
Dieu a envoyé son Fils Jésus parmi nous dans la pauvreté,
dans la simplicité, couché dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de
place pour eux dans la ville, mais aussi dans les cœurs des hommes. Ainsi, Il voulait nous montrer que la
richesse de l’homme n’est pas dans ses biens, dans son pouvoir, mais dans sa
capacité à accueillir le prochain avec un cœur ouvert et sincère, simple,
humble et disponible, comme les bergers, afin que l’autre, le prochain
grandisse et s’approche davantage de l’Unique source de tout bien, de toute
richesse qui vaille la peine d’être désirée et (re)cherchée, c’est-à-dire Dieu. La pauvreté du cœur devient ainsi la
condition véritable pour accueillir Dieu, pour que l’homme s’ouvre à Dieu et à
son prochain.
7.
Et si nous ouvrons nos cœurs pour l’accueillir véritablement,
nous quitterons les ténèbres de l’égoïsme, de la haine, de la vaine gloire pour
devenir des fils et des filles de lumière, et notre monde sera rempli de joie
qu’apporte l’Enfant Jésus. Alors, nous
deviendrons un peuple capable de partager les richesses dont Dieu a fait de
nous des intendants, des gardiens pour le bien de tous ; nous deviendrons alors
un peuple capable d’aimer, un peuple ardent à faire le bien. Alors, nous construirons ensemble un pays où
régneront la justice et la paix.
8. Parce qu’ayant Dieu en nous, parce qu’il habite parmi, notre pays ne sera plus plongé dans les ténèbres, nos cœurs ne seront plus habités par l’obscurité, par la peur et l’incertitude créées par les ambitions démesurées des mortels qui se croient éternels. Mais, en accueillant l’Enfant Jésus, nous nous ferons petits, humbles, et nos vies, nos cœurs, notre pays seront illuminés par la lumière de l’amour de Dieu qui nous guidera sur les chemins de la paix, de l’espérance qui fait de nous des hommes libres, et non esclaves du péché, encore moins esclaves de celui ruse, qui trahit et qui défigure l’homme créé à l’image de Dieu.
9.
En toute humilité, allons contempler l’Enfant Jésus qui vient
transformer nos vies, nous apporte la paix et nous fait entrer dans la lumière
de l’espérance où notre joie ne s’éteindra jamais plus. Que nos cœurs soient des crèches où l’Enfant
Dieu habitera pour la joie du monde.
10. A vous tous, à vos familles,
j’accorde ma bénédiction pour une Joyeuse fête de Noël et une heureuse Année
2019, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Amen.
Evêque d’Inongo
« En
tout, aimer et servir »
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