Le week end passé, nous avions parlé de Chancelline, cette fillette de Taketa qui malgré les conditions de vie difficile, se créée des espaces de joie. Aujourd’hui, une autre histoire...drôle. Il s'agit de Charline, une fillette de trois ans, du village Bisenge.
Charline doit commencer l'école maternelle. Ses parents se préoccupent de lui obtenir le nécessaire: l'uniforme, une paire de babouches, une petite chaise, un sac pour les jouets et les cahiers. Sur place dans leur village, pas un seul magasin. A Taketa, le centre de la zone, les marchandises coutent assez chères car les commerçants y ajoutent trop de bénéfices. Alors il faut commander tout cela à Kinshasa qui est à 550 km. Pour ce, ses parents confient l'argent au voisin de parcelle qu'ils connaissent bien qui va vendre ses produits à Kinshasa. Le voyage aller retour dure au moins deux mois.
La rentrée scolaire est proche et notre voyageur ne rentre toujours pas. Une préoccupation pour les parents de Charline qui ne peuvent même pas le contacter. Au village, pas de connexion téléphonique. Enfin, après deux mois et une semaine, notre voyageur est de retour. Tôt le matin, tous vont le trouver: qui pour le saluer, qui pour avoir les nouvelles du voyage comme cela se fait chez nous. Charline et ses parents sont aussi là...pour retirer leur colis. C'est fait. Ils remercient notre voyageur pour le service rendu.
Une fois à la maison, ils ouvrent le paquet: uniforme, chaise pour la salle de classe, sac à dos, paire des babouches. Charline toute contente. Le jour J pour la rentrée scolaire, Charline est prête. Ses parents l'habillent avec l'uniforme..puis sac à dos avec des jouets...et enfin la paire des babouches. Mais ici il y a quelque chose qui ne va pas. Les babouches achetées sont identiques, elles ne peuvent être enfilées qu'au pied droit.
Notre voyageur n'a pas fait attention quand le vendeur à Kinshasa les lui remettait. Désespérée, la maman de Charline dit: " rentrer à Kinshasa pour changer cette paire de babouches, nous ne pouvons pas; d'ailleurs le vendeur n'a même pas remis une facture à celui à qui nous avions remis l'argent pour les achats; nous ne savons même pas dans quel magasin les achats ont été faits...que Charline porte cette paire malgré cette situation anodine et quand son pied aura "poussé" et qu'elle ne sera plus à mesure de la porter, on la jettera". Et notre Charline va au cours avec cette paire...ce sera ainsi pour au moins deux ans...!
Pauvre Charline....
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