lundi 15 octobre 2007

CENTENAIRE. HOMELIE DE MGR MONSENGWO





Chers frères et sœurs,

1. Aujourd’hui, « le regard fixé sur celui qui est l’initiateur de notre foi et qui l’amène à son accomplissement, Jésus-Christ » (He 12,2), l’Eglise de Dieu qui est à Inongo célèbre dans l’action de grâce, la liesse et l’espérance le Centenaire de sa naissance dans le fonts baptismaux.

2. Rassemblée autour de son pasteur et des autres successeurs des Apôtres, l’Eglise de Dieu qui est à Inongo évalue son parcours et observe le présent, afin de voir d’où elle vient, où elle se situe aujourd’hui et comment baliser son avenir.

3. En effet, cent ans se sont écoulés depuis qu’en 1907, deux valeureux pères de Scheut, Emile GEENS et Jules DENIS, brûlant d’amour du Christ et soucieux de partager avec leurs frères congolais les dons et merveilles reçus de Dieu, les deux valeureux missionnaires, disais-je, n’hésitaient pas, pour le Christ et l’amour de leurs frères, à braver les fureurs des tempêtes et des tornades du Lac Léopold II (Maindombe) et à fonder le poste de Mission d’Inongo.

4. Ce fut le point de départ de toute une aventure : l’épopée missionnaire de ce qui deviendra en 1953 le diocèse d’Inongo. Car en 1908, ces deux hérauts de l’Evangile du Christ seront rejoints par le Père Jules Van HOUTTE (Nkaa Yulu) et en 1910, le Père Jules Denis ira fonder la Mission de Bokoro en pays Sakata, tandis qu’en 1911, le Père Jules Van Houtte fondera la Mission d’Ibeke en pays Ekonda.

5. De ces trois postes – Inongo, Bokoro, Ibeke – naîtront toutes les autres missions et paroisses de notre circonscription ecclésiastique, dans le Vicariat apostolique de Léopoldville d’abord et celui d’Inongo ensuite à partir de 1953.

6. Mais que venaient-ils faire ces deux mindele venus du lointain Mpoto, quittant leurs familles, leurs villages et leurs congénères, pour venir s’installer au milieu des noirs et des autochtones du Lac ?

7. Ils venaient conquérir au Christ un peuple fidèle et nouveau, appelé à annoncer que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils Unique » (Jn 3,16), pour donner aux hommes le salut et la vie en plénitude (cf. Jn 10,10) et faire d’eux des enfants de Dieu (cf. Rm 8,12-15).

8. Cette conquête, ils venaient la faire non pas par les armes et la guerre, mais par la prédication de l’Evangile, afin que la société négro-africaine, enracinée dans les valeurs authentiques de sa culture et rejetant les antivaleurs de celle-ci, puisse se transformer de l’intérieur, en changeant de fond en comble ses us et coutumes de même que les relations existant entre les humains. Ces missionnaires venaient simplement dire aux membres de leur nouveau peuple qu’ils ont un Père dans les cieux, qu’entre eux ils sont des frères, car ils forment tous ensemble l’Eglise-famille de Dieu, lieu et sacrement d’amour, de pardon, de réconciliation, de justice et de paix. Entre eux il n’y a plus ni ethnie ni race ni classe sociale, car tous ne forment plus qu’un seul homme nouveau dans le Christ. Quelles que purent être les défaillances humaines, tel est le message central et essentiel qu’ils ont annoncé en paroles et en actes.

9. Ce que fut l’épopée missionnaire du Lac et les méthodes d’évangélisation, nous en trouvons des récits émouvants, pleins de verve et d’humanité dans les écrits de nos premiers missionnaires, notamment dans Les Soirées de Saint Broussebourg et Les tornades du Lac Léopold II du Père Hugo ROMBAUT, dans les livres d’histoire, de linguistique, d’anthropologie culturelle et religieuse du Père Jules DENIS, du Père Nestor Van EVERBROECK, du Père Philippe DE WITTE, du Père Edouard JANS, du Père Marcel STORME et d’autres encore. Ils eurent le mérite de sauvegarder notre patrimoine culturel et de l’améliorer, en annonçant l’Evangile en nos langues (lontomba, lokonda, lonkundo, kisakata - kidia, lingala).

10. La parole de Dieu semée en terre lacoise a porté des fruits abondants : mentionnons 4 évêques, 60 prêtres, 123 religieuses, quelque 10 frères missionnaires, 37 missionnaires ad gentes, de nombreux catéchistes, une multitude de chrétiens.

11. La formation de l’élite intellectuelle n’a pas été négligée : le petit séminaire de Bokoro, l’école normale d’Inongo devenue l’Intosa, l’école des monitrices, l’école d’apprentissage pédagogique (EAP), l’école moyenne d’Ibeke devenue le Collège Saint Dominique. Voilà pourquoi nous rendons grâce à Dieu pour toutes les merveilles qu’il a accomplies dans notre diocèse depuis cent ans. Lui seul connaît l’ampleur des grâces et des dons qu’il a déversés sur notre peuple. Aussi disons-nous avec l’Apôtre des Gentils : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions de l’Esprit dans le Christ » (Eph 1,3). C’est en effet à lui que va d’abord notre gratitude et notre louange, lui qui « a visité et racheté son peuple » qui est au Maindombe (cf. Lc 1,68), l’intégrant ainsi dans l’histoire du salut et le faisant passer des ténèbres du péché à la lumière de la Bonne Nouvelle du Christ : « Non pas à nous, Seigneur,… non pas à nous ; mais que toute gloire revienne à ton Nom » (Ps 115,1).

12. Au regard de cette œuvre merveilleuse, comment ne pas penser aux pionniers de la Mission d’Inongo et à toute la cohorte des agents pastoraux : évêques, prêtres, religieux et religieuses, auxiliaires de l’apostolat, catéchistes, enseignants, infirmiers(ères), agents de développement et de promotion sociale qui, généreusement, ont mis la main à pâte, pour que croisse le Royaume de Dieu dans notre région.

13. Mentionnons de manière particulière nos évêques qui, avec une sollicitude paternelle digne d’éloge, ont veillé sur le troupeau qui leur était confié : NNSS (Camille Van RONSLE, Noël de CLEENE et) Georges SIX, vicaire apostolique de Léopoldville, Jean Van CAUWELAERT d’abord missionnaire et puis fondateur du diocèse d’Inongo, qui porte allègrement ses 93 ans, Léon LESAMBO NDAMWIZE, premier évêque congolais d’Inongo avec ce que cela comporte de changement difficile de perspective dans l’action évangélisatrice, Philippe NKIERE KENA son successeur et actuel pasteur, missionnaire de son état que le Seigneur a renvoyé dans son Lac natal et Laurent MONSENGWO PASINYA, évêque auxiliaire en 1980-81, « missionnaire » à Kisangani-Boyoma. Nous pensons aussi au Père Adrien de SCHAETZEN, provincial (1948-52) et provicaire en 1953-54, après avoir été curé d’Inongo, au Père Jules De BOECK, longtemps père provincial et recteur emblématique du petit Séminaire, le Père Joseph Van ORSHOVEN, recteur du petit Séminaire, de l’école normale et provincial (1954-64), aux autres pères provinciaux parmi lesquels l’actuel, le Père MAURICE Nsambo originaire de ce diocèse. Comment oublierait-on l’Abbé Jacques BOKOLO, doyen de notre clergé diocésain, le Frère BONSENKWE, premier frère autochtone, affectueusement appelé « Noko » et qui refuse de vieillir… Certains curés incarnèrent par moment leurs paroisses : le Père DORVILLERS et MARIËN à Mushie et Nioki, le Père Antoine SCHELENS à Kutu, le Père Constant Van LOON à Basimba, le Père Paul ROUARD et Père Michel LECLUYSE à Bokoro, le Père Karel Van HERCK à Taketa, le Père SIMONS à Oshwe, le Père Albert HAHN et le Père Henri BAECKX à Nsontin, l’Abbé Jacques BOKOLO à Tolo et à Makaw, l’Abbé NGAZAIN au petit séminaire, l’Abbé BASILE à Inongo, le Père G. HUYGHE et Th. MOORS à Kiri ; Mgr BOLENGO à Nioki.

14. Le Centenaire est une évaluation, un examen de conscience, une interpellation. Le Centenaire, c’est une communauté chrétienne à l’épreuve de la fidélité au Christ et à l’Evangile. Les trésors de grâce et les valeurs évangéliques d’amour, de vérité, de fraternité, de pardon et de réconciliation, de justice et de paix que nous avons reçues, qu’en avons-nous fait ? Le Christ que nous connaissons et qui doit être notre vie, est-ce le Christ de l’Evangile et de la Bonne Nouvelle, ou bien est-ce un mélange confus de superstition africaine ? Notre christianisme est-il le christianisme venu de Jésus-Christ et des apôtres ou plutôt un christianisme de facilité et au rabais ? Notre Dieu, est-ce le Dieu et Père de Jésus Christ, Celui que nous appelons « notre Père, qui es aux cieux » ou bien est-il un Dieu que nous nous forgeons pour des besoins utilitaires ? Pour vous, pour toi, pour moi : Jésus Christ, Fils de Dieu, l’Unique Sauveur et Rédempteur du monde, qu’est-ce que cela signifie ? Un magicien, un grand sorcier, un féticheur de suppléance lorsque les autres féticheurs et sorciers ne sont plus à la hauteur de la tâche et de la besogne ?

Chers frères et sœurs,

15. Gardons-nous du retour au galop d’un ensemble de pratiques fétichistes en cours dans notre pays.

16. « Souvenons-nous de nos dirigeants qui nous ont annoncé la parole de Dieu ; considérons comment leur vie s’est terminée et imitons leur foi. Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui ; il le sera pour l’éternité. Ne nous laissons pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères » à la foi au Christ (He 13,7-9). Pour tous nos prêtres, missionnaires, agents de l’évangélisation au Lac, gardons une minute de prière silencieuse…

Chers frères et sœurs,

17. A vous, « l’Eglise de Dieu qui est à Inongo et au Lac, qui as été sanctifiée dans le Christ, appelée à être saints avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le Nom de Jésus Christ, notre Seigneur,
A vous, l’Eglise qui est à Inongo, notre Mère dans la foi et la vocation sacerdotale, qui célébrez dans l’allégresse le centenaire de votre évangélisation,
A vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (1 Cor 1,2).

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.



+ L. MONSENGWO PASINYA
Archevêque de Kisangani
Président de la CENCO
13.10.07

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