dimanche 2 mai 2021

Appel pressant de Son Excellence Mgr Donatien Bafuidinsoni

« N’agissons pas comme des mercenaires, … »

Appel pressant à mes chers diocésains et diocésaines,

Aux hommes et aux femmes de bonne volonté,

Dans votre vie, mettez l’amour au-dessus de tout ; Et que la Paix du Ressuscité règne dans vos cœurs (cf. Col 3, 14-15) !

1. Il y a quelques années, nous avons accueilli avec joie la décision de la décentralisation des Provinces par le pouvoir central de la République Démocratique du Congo. Cette décision constitue, en fait, une véritable opportunité de décollage pour la Province de Mai-Ndombe, aux regards de ses innombrables ressources humaines, agricoles, aquatiques, halieutiques et géologiques. 

2. Avec une bonne gestion de toutes ces potentialités, on se serait attendu à l’amélioration des conditions de vie de la population. Mais, hélas !, nous sommes étonnés que devant les enjeux et défis majeurs actuels de développement, la classe politique provinciale choisisse de s’adonner aux querelles et débats stériles, alors même que la situation socio-économique de la population ne fait que se dégrader au jour le jour.

3. Nous en voulons pour preuves : l’absence de structures de base, de routes, d’entreprises, d’accès à l’eau potable, d’électricité, d’université ou d’instituts supérieurs dignes de ce nom. On ne dénombre même pas un seul petit centre de santé construit par le gouvernement provincial depuis que le Maï-Ndombe a été érigé en province !  Dans une province riche en bois, on est scandalisé de voir des élèves assis à même le sol dans de salles de classes en paille. 

4. Qu’on se le dise: le Mai-Ndombe ne se limite pas à Inongo.  Il faut aller à Kiri, Beronge, Yuki, Ntandembelo, Bongimba, Oshwe, Mushie, Makaw, Nkaw, Banzow, Semendwa, Sontin, Yumbi, et ailleurs pour toucher du doigt les vraies réalités de la province. On comprend alors que les politiciens continuent à nous distraire au lieu de se mobiliser et de nous mobiliser pour bâtir la province avec les richesses que Dieu nous a données.

5. En effet, sans vision commune, nos politiciens passent le clair de leur temps à défendre leurs propres intérêts et ceux de leur parti et parrains ; à se battre pour de poste ; à se laisser corrompre par des tireurs de ficelles et des pêcheurs en eau trouble qui prennent toute la province en otage.  Dès lors, l’on est en droit de se demander s’ils ont été réellement élus pour représenter le peuple.

6. Ces derniers temps, particulièrement, il s’observe un climat de tension et de division à tous les échelons et au sein de la population du chef-lieu de la province alimenté par certains acteurs politiques en quête de positionnement, de popularité ou en  mal d’ambition démesurée qui tourne à la mégalomanie. Cette situation peut, à tout moment, exploser et devenir incontrôlable : il suffit d’une petite étincelle !  Nous avons pourtant, encore frais dans nos mémoires, les tristes événements vécus à Yumbi en décembre 2018 qui devraient nous servir de leçon.

7. Au regard de ce qui précède, conscient de notre rôle de pasteur, nous tirons la sonnette d’alarme, en interpelant les filles et fils de Maï-Ndombe, chacun à son niveau de responsabilité, pour un changement profond dans la manière de vouloir servir ou de gérer cette province, si telle est la prétendue motivation du discours des uns et des autres.

8. Nous exhortons la population de Maï-Ndombe à rester unie et vigilante pour faire face aux velléités de division et d’embrasement de la Province. « Nous sommes tous frères », comme dit le Pape François dans son Encyclique Fratelli tutti.  Ne vous laissez pas tromper par des discours démagogiques et populistes. Formez-vous et informez-vous sur les vrais enjeux de notre province.

9. Que les acteurs politiques considèrent les jeunes à leur juste valeur et les aident à contribuer efficacement à la construction de la province, car ils valent plus que beaucoup de moineaux (cf. Lc 12, 7) ; on ne peut donc pas les acheter au vil prix de menus fretins ou d’une bouteille de bière. Nous vous supplions de vous abstenir de les exciter avec de fausses promesses pour des actions infructueuses ou destructrices.

10. Que tous travaillent dans la cohésion, dans la transparence pour l’intérêt de la Province.  Sans manipuler et instrumentaliser la population, recherchez la paix et utilisez la voix de la sagesse pour résoudre des éventuelles dissensions.  Que les uns et les autres visent l’intérêt supérieur de la province, en conscience, dans la vérité et de manière indépendante, sans se laisser prendre par l’effet enchanteur des billets de banque (cf. Mt 6, 24; 1 Tim 6, 10).  Que les acteurs politiques se rappellent qu’ils seront jugés sur base de la réalisation d’un programme d’ensemble, et non sur base de leur obéissance aux diktats de mentors.

11. Que ceux qui sont censés assurer la sécurité des biens, des personnes et des institutions agissent en toute neutralité et dans le strict respect de la loi.  Que les médias et ceux qui usent de réseaux sociaux veillent à ne pas distiller la haine fratricide entre les filles et les fils de la province.  Une bonne déontologie et un choix responsable sont des moyens efficaces pour ne transmettre que des messages de paix, de réconciliation, de l’amour du travail, seule voie pour un vrai développement de la province qui est déjà à la traîne dans plusieurs domaines.

12. Nous en appelons à un audit urgent et sans complaisance de la gestion des ressources locales et autres fonds alloués à la province par les instances habilitées, en l’occurrence l’Inspection Générale de Finance (IGF), pour que le respect des lois et du bien commun serve à bâtir réellement un état de droit.  Il est plus qu’urgent pour les autorités, aussi bien au niveau national que provincial, d’initier des projets de développement de la province de Maï-Ndombe pour la sortir de son enclavement et des ténèbres dans lesquelles elle risque d’être plongée encore longtemps, si l’on n’y prend pas garde.

13. Que la Paix offerte par le Ressuscité caractérise notre agir au quotidien et nous anime pour que la fraternité et l’unité fondent notre appartenance à la même province.  Confiants en l’avenir, chassons toute peur, toute division et bâtissons notre chère Province.  N’agissons pas comme des mercenaires, mais soyons de bons bergers les uns pour les autres, capables de nous sacrifier pour le bien de nos frères et sœurs (cf. Jn 10, 1-13), en travaillant pour le bien qui demeure (cf. Jn 6, 27).

14. Puisse la très sainte Vierge Marie, Reine de la Paix, intercéder pour nous et nous obtienne de son Fils Jésus, la grâce d’être des artisans de paix et de joie afin de nous reconnaître tous frères pour la plus grande gloire de Dieu.  En ce jour où nous célébrons saint Joseph, le travailleur, laissons-nous nous inspirer par son exemple.  De bon cœur, faisons notre travail pour plaire à Dieu et non aux hommes, accomplissons notre devoir d’état pour le bien de la communauté, et, ainsi nous assurerons un avenir meilleur aux générations futures.

Que la paix du Seigneur descende sur chacun de vous, sur vos familles, et sur vous demeure toujours, avec ma bénédiction apostolique.

Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.  Amen. 

Inongo, le 1er mai 2021 

+ Donatien BAFUIDINSONI, SJ.

Evêque d’Inongo

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