1ère lecture : 2 R 4, 42-44
Psaume : Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18
2ème lecture : Ep 4, 1-6
Evangile : Jn 6, 1-15
Quand nous lisons les textes bibliques de ce dimanche, nous sommes impressionnés par la place donnée aux chiffres : 20 pains d'orge pour cent personnes, cinq pains et deux poissons pour cinq mille hommes, douze paniers pleins de miettes… Et comment ne pas penser à d'autres chiffres qui en disent long : des centaines de milliers de tués dans les guerres, des millions d'affamés dans le monde, des zones entières sans hôpital, les élèves qui ne peuvent étudier parce que les parents n’ont rien, des malades « prisonniers » dans nos dispensaires parce qu’ils ne peuvent payer les soins reçus, des foules contraintes de marcher à pied par manque de moyens de transports…. Ces chiffres nous dispensent de paroles . C’est l’horreur.
Les lectures bibliques de ce dimanche nous montrent justement la disproportion entre la « nourriture disponible » et les besoins énormes : "Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ?" Nous aussi, nous sommes affrontés aux mêmes questions : devant toutes les catastrophes, devant les guerres et les famines, devant les demandes légitimes des parents et enfants acculés.. nous nous sentons désemparés et impuissants: que pouvons-nous faire ?
Et c'est là qu'il nous faut revenir à l'Evangile et regarder ce que fait Jésus. En ce jour, il nous propose de revoir d'une autre manière notre table de multiplication. Tout d'abord, il accepte le modeste goûter d'un enfant. Rien n'aurait été possible si cet enfant n'avait accepté de tout donner. Dieu a besoin de nos gestes de partage pour réaliser de grandes choses. C'est ainsi que les cinq pains et les deux poissons ont servi à nourrir cinq mille hommes. Une précision : le pain d'orge c'est celui des pauvres. C'est avec ce pain des pauvres qu'il nourrit toute cette foule. Il suffit du peu que nous avons, un peu d'amour, un peu de biens matériels et un peu de disponibilité pour vaincre la « faim », celle du corps et celle du cœur. Ce peu, nous le remettons entre les mains du Seigneur. C'est avec cela qu'il peut réaliser de grandes choses.
Une autre question se pose : Jésus a nourri les foules un jour. Et le lendemain ? Ils se retrouveront dans une situation tout aussi misérable. Alors pourquoi Jésus a-t-il fait de tels actes sans rien changer aux situations ? Quand on veut lutter contre la famine en effet, on ne se contente pas de donner à manger. On agit contre les causes qui provoquent la famine.
Le but de Jésus n'est pas de changer les situations ; il est de changer le cœur des hommes. C'est aux hommes renouvelés par l'Evangile d'opérer les redressements nécessaires. Quand on est imprégné du message d'amour du Christ, plus rien ne peut être comme avant. L'important c'est que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. Ce sont nos gestes d'amour et de partage qui font la valeur de notre vie.
La multiplication des pains est bien plus qu'un miracle ; c'est un signe qui nous parle de Dieu.
En lisant cet évangile, nous ne devons pas nous limiter au pain matériel. Bien sûr, ce pain est nécessaire pour notre vie. Mais le Christ voudrait nous inviter à faire un pas de plus. Il nous dit que Dieu est présent dans toutes les réalités et les événements de notre vie. C'est dans la foi que nous le rencontrons. Nous vivons de son amour. Autrefois, il a multiplié les pains. Ce geste est le signe de la multiplication de l'amour qu'il continue à réaliser en nous. Il nous envoie pour le distribuer à tous ceux et celles qui ont faim d'amour. Ainsi, il dépend de nous que le miracle ne s'arrête jamais, le miracle de l'amour entre les hommes.
En ce dimanche, c'est lui qui nous rassemble autour de la table du Christ ressuscité pour partager son pain. Nous le supplions : "mets en nous ton Esprit Saint pour que par nos gestes , nous continuons à contribuer au miracle que tu veux opérer dans notre monde." Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire