vendredi 16 décembre 2011

Trop, c'est trop!



Consacre-les dans la vérité, ta parole est vérité ( JN 17)







Déclaration du Bureau national du CALCC

Le CALCC réaffirme la position de l’Eglise sur les élections et exige l’arrêt de la campagne contre le Cardinal

Constat

  1. Le Bureau du Conseil National de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo suit avec une attention toute particulière l’évolution de la situation politique du pays depuis les élections du 28 novembre 2011. Quelques jours après la publication des résultats provisoires par la CENI, force est de constater que toutes les missions d’observation de ces élections ont relevé de « graves irrégularités ». A leur tour, la CENI, le Gouvernement et le Président de la République ont reconnu ces irrégularités et les justifient par « l’inexpérience de la jeune administration électorale ».

Position de l’Eglise

  1. Dès les premières heures de l’annonce des résultats partiels, précisément le dimanche 4 décembre, la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, a attiré l’attention de la CENI sur sa manière de travailler. L’Eglise a exhorté la CENI à « s’en tenir impérativement à la vérité des urnes telle qu’exprimée et affichée au niveau des bureaux de vote ». Quatre jours plus tard, le 8 décembre, le Secrétariat général de la CENCO a récusé une interprétation forcée de la communication du Président de la CENCO qui voulait faire dire que « l’Eglise catholique était en accord avec les résultats de la CENI et le bon déroulement du scrutin ». Le 1er Secrétaire général adjoint de la CENCO a déclaré : « L’auteur de l’article, posté sur un site qui doit être celui de l’Ambassade de la RDC en Belgique, a fait un choix tendancieux allant jusqu’à déformer la vérité ». Au lendemain de la publication des résultats provisoires, soit le 12 décembre, Son Eminence Laurent Cardinal Monsengwo, Archevêque de Kinshasa, a conclu, après analyse, que les résultats rendus publics par la CENI « ne sont pas conformes à la vérité ni à la justice », priant les contestataires à ester en justice devant la Cour suprême.

  1. En recommandant la voie judiciaire, nonobstant la réputation peu heureuse de notre système judiciaire, l’Eglise cherche non seulement à promouvoir le droit et le respect de la loi, mais aussi à éviter à la Nation les affres des manifestations publiques qui souvent dégénèrent en affrontement et provoquent la destruction des biens et des pertes en vies humaines. L’Eglise met ainsi les magistrats de la haute cour devant leurs propres responsabilités. Que chacun fasse son devoir en âme et conscience, dans la vérité et la justice. L’Eglise demande que « les cas de fraudes avérés soient sévèrement punis ».

  1. Pour notre part, nous affirmons que les irrégularités observées et surtout la qualité des personnes impliquées dans ces actes posent un sérieux problème moral qui ne pourra pas être résolu par le système judiciaire. Lorsque des hauts cadres politiques sont directement impliqués dans la fraude, on ne peut pas espérer que le régime qui sortira de cette élection conduira les affaires publiques de manière sereine. Tel que les choses se sont faites, il est clair qu’on laissera se former et se consolider une maffia pour gouverner le pays. Et cela, nous ne pouvons pas l’accepter. Comme disent les Romains : « fraus omnia corrumpit », la fraude corrompt tout. En toute objectivité, si nous aimons notre pays, nous devrions avoir le courage de réorganiser ce scrutin. A défaut de tout reprendre, nous espérons que la Cour suprême pourra ordonner l’annulation des résultats des circonscriptions électorales où l’on a signalé des irrégularités y compris les actes de violence ayant entraîné la perturbation du scrutin et qu’elle ordonnera des sanctions exemplaires contre tous ceux qui ont provoqué la violence et la fraude.

Indignation.

  1. Pour avoir clairement remis en cause la crédibilité des résultats provisoires publiés par la CENI, l’Archevêque de Kinshasa fait l’objet d’une campagne inacceptable, à la limite de l’insulte de la part du Gouvernement, de la Majorité présidentielle et alliées.

  1. L’Archevêque de Kinshasa revêtu de la dignité cardinalice est le primus inter pares, le premier d’entre les égaux, au milieu de nos Evêques. Son statut cardinalice lui confère pas seulement une dignité mais une responsabilité individuelle et morale qu’il doit assumer pour l’Eglise qui est au Congo.

  1. Il faut le savoir, un Cardinal fait le serment de défendre la vérité et la foi jusqu’au sacrifice de sa vie. Dans un moment aussi difficile que celui-ci, le Cardinal regarde la pourpre qu’il porte et qui lui rappelle à tout instant ce serment. En ce moment particulier, ce que l’Eglise lui demande à lui, particulièrement bien plus qu’à tout autre chrétien, prêtre ou Evêque, c’est offrir sa vie pour défendre la vérité, même si cette vérité ne plaît pas à quelques uns parmi nous, il doit la défendre jusqu’au sacrifice de sa vie. Car en soi, la vérité libère. Et un Cardinal est prisonnier de la Vérité.

  1. L’exemple nous est donné avec le Cardinal Malula, Père de l’Eglise de Kinshasa. Au moment de l’institutionnalisation du MPR, il s’est dressé contre l’Etat au prix de sa vie. En ces années-là, comme aujourd’hui, il y avait des cadres chrétiens et même catholiques pour dénigrer le Pasteur dont la parole contrariait le Prince. Comme aujourd’hui, les médias publics étaient mis à contribution pour salir la réputation du veilleur.

  1. Le Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo proteste contre cette attitude et demande aux organisateurs de cette campagne d’y mettre fin, dans l’intérêt de tous. En cette période-ci, nous avons besoin de calmer les passions. Que l’argent et les honneurs du pouvoir ne nous aveuglent pas au point de miner les fondements de notre société.

  1. Confiant dans l’amour de Dieu et dans sa miséricorde, le CALCC appelle tous les fidèles catholiques à intensifier nos prières par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère pour que le Malin ne réussisse pas à nous entraîner dans la violence qui nous éloigne des desseins de Dieu et du merveilleux destin de notre pays.

Fait à Kinshasa, le 16 décembre 2011

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