Vigile pascale et dimanche de Pâques
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Lectures :
1. Vigile : Gn 1, 1 –2, 2 ; …. ; Rm 6, 3b-11 ; Mt 28, 1-10
2. Dimanche : Ac 10, 34a.37-43 ; Col 3, 1-4 (ou 1 Co 6b-8) ; Jn 20, 1-9 (Lc
24, 13-35)
Chers Frères et sœurs,
La Paix et la Joie du Ressuscité soient avec vous !
1. Depuis plus de 4 mois, nous vivons au rythme de la pandémie du Covid-19.
Quotidiennement, le monde est inondé par de nouvelles alarmantes. Il suffit de suivre
la télévision ou d’être connecté aux réseaux sociaux. Chaque jour, on nous fait
le décompte des contaminés et des morts, ailleurs et chez nous. Personne ne sait
ce qui va arriver chez nous. La peur a envahi l’homme, mis à genou, terrorisé par
un minuscule virus, invisible et qui n’épargne personne, riche ou pauvre, qui attaque
les enfants, les jeunes, comme les vieux, de tous les continents et de toutes
les races. Et pour se protéger, il faut se distancer des autres, avec des gestes
barrières, pour « se sauver », il faut s’enfermer chez soi, il faut vivre confiné.
Quel paradoxe, quel dilemme, quelle contradiction ? N’est-ce pas contraire à
nos habitudes ? Aujourd’hui, c’est le « sauve qui peut » face à la terreur
semée par le Covid-19. Nous sommes confinés, chacun dans son pays, chacun dans
sa maison. On dirait que ceux qui soutiennent que « chacun pour soi et Dieu
pour tous » ont finalement raison.
2. C’est dans ce contexte que nous avons vécu une bonne partie du carême,
la semaine sainte et que nous vivons le triduum pascal. Loin les uns des
autres, dans des églises, des cathédrales et des basiliques vides, dans la
méditation, nous célébrons la Pâques, la résurrection de Jésus, qui a vaincu la
mort et qui, par sa mort, nous donne la vie en abondance, la vie éternelle. En
effet, Jésus qui est venu partager notre condition d’homme, vient encore mourir
pour nous et nous sauver dans ce contexte. Pour nous chrétiens, sa passion, sa
mort et sa résurrection prennent aussi sens en ce moment précis. Car, si nous
souffrons avec Lui, Il souffre aussi avec nous, et avec Lui nous vivrons ; si
nous mourrons avec Lui, avec Lui nous régnerons parce qu’Il est notre salut
éternel (cf. 2 Tim 2, 11).
3. Les lectures de la vigile pascale et du dimanche de Pâques sont pleines
de renseignements pour nous. Elles nous apprennent que par la mort et la résurrection
de son Fils, Dieu vient créer toute chose nouvelle et nous appelle à vivre
autrement. Saint Paul nous exhorte en ces termes : « si donc vous êtes ressuscités
avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ,
assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre
» (Col 3, 1-2). Il s’agit pour nous de vivre sur cette terre en ne cherchant et
en ne désirant que les choses éternelles, qui mènent au ciel, de relativiser
nos richesses, les biens matériels qui empêchent de considérer Dieu comme l’Essentiel,
l’Unique trésor qui ne passe pas.
4. La résurrection de Jésus est le triomphe de la vie sur la mort, de
l’amour sur la haine, de la vérité sur le mensonge, de l’espérance sur la
désespérance, de la lumière sur les ténèbres. Même au coeur, même au moment le
plus sombre de nos souffrances, de nos misères, de notre désespoir, dans la
douleur de la mort qui nous afflige, l’espérance en la résurrection en Jésus
Christ nous apporte la consolation. Nous le voyons et le croyons, car Jésus est
sorti vainqueur du tombeau. La mort n’a pas retenu la vie dans le tombeau ;
elle n’a pas pu confiner la lumière dans les ténèbres de la nuit du péché. La
mort n’a pas pu confiner la Vie, l’Amour. La résurrection nous montre que les
chefs religieux et les pharisiens, malgré l’injustice et leur méchanceté, n’ont
pas pu imposer un confinement à l’amour.
5. Les disciples d’Emmaüs, ainsi que leurs compagnons qui étaient confinés
par peur des juifs, en ont fait l’expérience. Ils avaient peur d’être arrêtés
et éventuellement être tués comme Jésus. Avec Jésus ressuscité, ils ont vaincu
la peur et sont sortis de leur confinement pour aller rencontrer des frères et
des sœurs afin de leur annoncer la Bonne Nouvelle. En d’autres termes, par sa
résurrection, Jésus nous appelle à sortir de notre confinement et à entrer dans
l’espérance.
6. Malgré le confinement dû au Covid-19, je sais et j’espère que l’homme
intérieur, l’homme nouveau en nous n’est pas confiné. Car, la peur ne le
paralyse pas afin qu’il continue de manifester plus d’amour envers le prochain,
plus d’attention et de compassion que nous enseigne la passion de Jésus ;
attention et compassion que certains appellent « solidarité ». C’est cela que
nous sommes invités à vivre avec Jésus ressuscité. Ce confinement, qui est
comme notre mort extérieure, notre mise au tombeau, nous fera sortir de notre
enfermement pour vivre autrement avec nos frères et nos sœurs, en privilégiant
les choses qui ont une saveur d’éternité et qui répandent le parfum de l’amour
autour de nous.
7. Aujourd’hui, au silence de Dieu au cri de Jésus « Eli, Eli lama sabachtani ? » (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi tu m’as
abandonné ? (Mt 27, 46)), Dieu répond par la résurrection, signe de l’amour qui
semblait absent, « confiné » pendant toute la passion de Jésus. Dieu n’est pas
indifférent au cri de notre monde confiné. Au contraire, Il vient faire
resplendir notre humanité et éclore en nous toutes les richesses de sa divinité
et de sa gloire. De la même manière que Jésus disait à ses disciples à propos
de Lazare « cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de
Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifiée» (Jn 11, 4), Dieu, en ressuscitant
Jésus nous enseigne que « cette passion, cette épreuve ne conduira pas à la
mort, mais plutôt à la vie éternelle pour que le monde croie et que mon nom,
par mon Fils, soit glorifié ».
8. Nous souvenant de notre baptême par lequel nous avons été ensevelis avec
Jésus pour ressusciter avec Lui, demandons la grâce d’extirper de nos vies, de
nos cœurs, de notre société les maux qui nous conduisent à confiner les autres
dans l’obscurité du tombeau pour les ouvrir à la lumière des dons de la
résurrection : l’espérance, la paix et la joie. Avec le Christ Jésus
ressuscité, prions pour nous- mêmes et pour notre monde à l’épreuve du
confinement imposé par le Coronavirus.
9. Que la Vierge Marie, qui a veillé dans la foi et a continué à croire en l’accomplissement
des promesses de Dieu, nous accompagne pour découvrir la force de l’Amour qui a
fait jaillir la Vie du tombeau pour les siècles des siècles. Chers frères et sœurs,
dans la particularité de la célébration de la Pâques 2020, que vos cœurs ne se
troublent point. Mais que la paix et la joie du Ressuscité soient toujours avec
vous, avec ma bénédiction apostolique au nom du Père et du Fils et du Saint
Esprit. Amen.
A toutes vos familles, à tous et à chacun, je souhaite une bonne fête de
Pâques !
Inongo, le 11 Avril 2020
+ Mgr Donatien BAFUIDINSONI, SJ.
Evêque d’Inongo
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