MESSAGE DE NOEL (2013)
« Aujourd’hui, nous est né un Sauveur….un nouveau-né»
( Lc 2,11-12)
Frères et Sœurs bien-aimés,
Joyeux Noël à tous et à
toutes!
Cette fête de Noël 2013
est remplie sûrement de sa densité propre. Que le Seigneur nous accorde de la
vivre dans toute sa profondeur. C’est un événement qui nous concerne
aujourd’hui ; toute notre humanité actuelle et tout l’univers.
Pour nous disciples de
Jésus-Christ en effet, nous croyons à
cette réalité inédite : un jour, en Palestine de cette époque là, le Fils de Dieu a pris chair de notre chair
humaine. Il est né comme un petit
enfant, d’une femme de notre terre,
du nom de Marie. Il est né comme un petit enfant pauvre. Il est dit en
effet dans l’Evangile de Luc : « vous trouverez un nouveau-né emmailloté et déposé dans une mangeoire » (Lc2,
12)
Chers frères et sœurs,
Oui, la naissance du Fils
de Dieu sauveur comme notre frère humain, nous introduit radicalement, nous et
tout l’univers, dans un temps nouveau.
C’est le temps d’une alliance nouvelle
entre Dieu et nous les humains et l’univers tout entier.
Le Fils
de Dieu a pris le visage d’un nouveau-né : désormais tout visage humain, en particulier celui du
pauvre, du faible devient le visage
même de Dieu.
Notre Dieu est le Dieu des pauvres, le Dieu des vauriens, le Dieu des faibles. Sa puissance est dans cet amour immense qui
l’a poussé à se faire le dernier, un nouveau-né. Sa puissance est dans cet amour immensément gratuit, sans
barrière et miséricordieux qu’Il nous a manifesté de par sa naissance. Et Il
continue à nous le manifester aujourd’hui de différentes manières ! Oui, le ciel et la terre sont remplis de sa
gloire, de sa miséricorde pour nous tous, pauvres. Pauvres, nous le sommes
tous de quelque façon, qu’on en soit conscient ou pas, qu’on l’accepte ou pas.
Temps d’alliance nouvelle, c’est le temps de
sortir de nos peurs; Dieu a accepté lui-même de revêtir notre condition humaine
dans toute sa nudité et sa dureté.
Temps d’alliance nouvelle, c’est le temps de
regarder notre monde avec émerveillement et espérance. Dieu lui-même a mis ses
pas dans les nôtres pour marcher avec nous, inscrit dans notre histoire humaine, celle d’hier et d’aujourd’hui,
comme celle d’ici et de partout ! Oui, Noël, c’est la fête de la radicale fraternité entre le
Fils de Dieu et nous, ses frères et sœurs humains. Il est venu partager
notre vie, au quotidien comme toujours, par le sacrement du pauvre. Même le culte rendu à Dieu n’est réel que s’il
s’accompagne de gestes de miséricorde pour le pauvre. Sinon, il est vain et
devient même une insulte : « qui écrase le pauvre, insulte son
Créateur ; qui a pitié des indigents lui rend hommage » (Proverbe 14,
31). Quand tu commences à ouvrir ton cœur et à considérer un pauvre comme la
chair de ta chair et le sang de ton sang (Is.58, 8), alors se dévoilera aussi
pour toi le visage de Dieu. Tout comme le Seigneur se laisse aussi voir par le
visage du pauvre. Ainsi chaque fois que tu méprises ton prochain, tu méprises
également le Seigneur. Quand tu nourris un affamé, tu nourris aussi le
Seigneur. Si au contraire tu refuses de donner à manger à ton frère affamé ou
tu refuses de donner à boire à ton frère assoiffé, tu l’as refusé également au
Seigneur (Mt 25,31-46). Le « dernier jugement » se fait ici et
aujourd’hui, dans ton ouverture ou ton refus à donner vie à l’autre plus démuni.
Le Pape François ne cesse de
nous rappeler la nécessité d’une présence efficace auprès des frères et sœurs
blessés de la vie : « Je vois avec clarté la chose dont a le plus
besoin l’Eglise aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures …Il
faut commencer par le bas » (Interview du Pape François aux Revues
jésuites, oct.2013).
La fraternité ou la mort, tel est le terrible défi auquel est confrontée notre humanité aujourd’hui.
L’heure est venue, frères et sœurs, de lutter pour la dignité des plus démunis
dont le Fils de Dieu a voulu revêtir la condition en vue de nous rassembler
tous et toutes dans une même famille humaine. Aujourd’hui, dans notre pays RDC
comme partout ailleurs dans le monde, le chemin qui conduit à bâtir un
« monde nouveau » passe par la reconnaissance effective de la dignité
des plus petits. C’est cela d’ailleurs la volonté du Seigneur. Si nous ne
suivons pas ce chemin là, nous ne ferons que creuser les différences et
construire un « enfer » sur terre : un monde de
continuelles divisions et de violences meurtrières.
Frères et sœurs,
Face à tous ceux qui, chez
nous comme ailleurs, ne songent qu’à gagner leur argent, à sauvegarder leur
pouvoir et leurs succès, à bien manger et bien boire, que faisons-nous ?
Les envier ou pleurnicher sur notre misère ne sert absolument à rien. Quelle
est ta mission à toi, disciple de Jésus-Christ ?
Tous ceux qui, à travers
l’histoire, ont lutté pour un monde différent, comme le grand africain Nelson
MANDELA en Afrique du sud, ont mis en avant plan l’intérêt de leurs frères et
sœurs, surtout les plus petits. Ils ont enduré des persécutions et des
souffrances de tout genre pour s’opposer à la domination de quelques uns sur
les autres en vue de la dignité humaine de tous et de chacun.
Si nous voulons réellement
un vrai changement dans nos familles, dans nos cités et villes, dans notre pays
et dans l’Eglise, il nous faut impérativement donner aux petits et faibles la place qui leur revient : la première !
Voilà le message révolutionnaire que nous
apporte le Fils de Dieu qui a accepté de naître comme un nouveau-né pauvre. Là
où l’on méprise les autres, le Seigneur n’est pas là : il n’y a ni justice
ni paix. Là au contraire où l’on donne aux petits leur vraie valeur, là le
Seigneur lui-même nous exaltera. Là nous pouvons dire : « aujourd’hui
le salut du Sauveur s’est manifesté au milieu de nous. L’heure de la vraie
fraternité avec les pauvres a sonné !
Frères et sœurs
bien-aimés,
Joyeux Noël. Remercions le
Seigneur pour les 50 ans du sacerdoce de
notre Cardinal Laurent MONSENGWO célébrés ce 22 décembre. Que le Seigneur
le comble de ses bénédictions.
Je prie le Seigneur pour
vous tous. Qu’Il nous accorde de bâtir un nouveau Mai-Ndombe selon l’esprit du
message de Noël que nous venons de lire ou entendre lire. Que le même Seigneur vous
bénisse et fasse de vous une bénédiction tout au long de l’année nouvelle 2014.
Paix et fraternité à vous.
Paternellement,
+ Philippe NKIERE KENA
Evêque d’Inongo
Inongo, le 24 décembre 2013
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