Chers frères et sœurs consacrés,
Que l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit vous soit source de joie, de dynamisme et d’espérance (Rm 5, 5).
Je voudrais avant toute chose vous dire simplement, mais sincèrement « Merci ». Merci pour votre présence dans notre diocèse d’Inongo : une présence précieuse et significative à tout point de vue. Merci pour tout ce que vous faites pour les communautés chrétiennes de notre diocèse et pour toute la population de Mai-Ndombe.
. Je pense ici à vous chers Missionnaires CICM (Scheut), à vous chères Sœurs diocésaines SCIC, à vous chers Frères de la Charité, à vous chères Sœurs Calasanciennes et enfin à vous chères Sœurs de la Divine providence (Créhen). Nous attendons les sœurs de la Charité de Namur…pour cette année.
Je confie à vos prières le début de formation pour les « Frères de la Communauté Agapè » à Inongo.
Je voudrais, ensuite, vous partager ma méditation sur le rôle des consacrés dans une population qui souffre. Comment être pauvre et même misérable dans une terre riche ? C’est un scandale ; c’est un péché, c’est une blessure à Dieu lui-même : « Qui donc est Dieu qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme ? » (Hymne, laudes 1e Samedi).
Chers frères et sœurs,
L’histoire de Caïn et Abel se poursuit encore aujourd’hui chez nous. Le frère ainé (Caïn) plus rusé et plus fort tue son petit frère (Abel) plus faible. Et quand Dieu lui demande où est son frère, il répond insolemment : « Suis-je le gardien de mon frère » ? (Gén. 4, 9).
Combien des « puissants » et « grands » dans notre société utilisent la ruse, le mensonge, la violence pour voler le salaire des pauvres ouvriers, pour vendre des produits périmés, pour violenter de diverses manières des faibles par des coups, des taxes et amendes exagérées !? C’est le système fratricide où Dieu, père de tous et défenseur des petits, est méconnu. On entre dans l’idolâtrie. On entre bien sûr dans le rejet, le mépris de l’autre. Et finalement, la terre qui boit le sang de l’autre, devient stérile : il s’ensuit la misère.
Or être consacré, c’est accepter de vivre radicalement notre baptême. La vie consacrée est une prophétie. Une prophétie de l’absolu de Dieu ; une prophétie de la radicale fraternité où tous et toutes jouissent d’une égale dignité (personne n’est ni au-dessus ni en dessous) ; une prophétie de la justice et de la sauvegarde de la création.
Frères et sœurs consacrés,
Qu’avons-nous fait concrètement de la dimension prophétique de notre vie ?
L’attachement au Seigneur est-il l’absolu de notre vie personnelle et communautaire ? Un absolu pour lequel nous voulons risquer toute notre vie ?
Quand, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos communautés, des frères et des sœurs (humains) sont opprimés, méprisés, marginalisés, notre témoignage de la radicale fraternité est mis à mal. C’est un défi. Un défi contre le virus de l’individualisme qui met nos vies à l’étroitesse. Racisme, tribalisme, népotisme risquent de nous enfermer de plus en plus dans des petits groupes clos.
Nous vivons dans une région très riche matériellement mais notre population est pauvre et même misérable. Le gaspillage de nos ressources naturelles est l’une des raisons ; le manque de justice sociale en est sûrement une autre, sans oublier le découragement et le laisser-aller de la population elle-même.
Dans ce contexte de la souffrance, de l’oppression et de la misère de notre peuple, où nous situons-nous ? Quel combat pour la justice et la sauvegarde de la nature menons-nous ? A qui donnons-nous priorité ?
Je vous invite chers frères et sœurs consacré (e)s de notre diocèse, de pouvoir organiser une rencontre de quelques jours au courant de cette année 2011.
Chaque congrégation enverra 2 ou 3 membres à la dite rencontre. Ce sera aussi une occasion de pouvoir fraterniser entre vous, mieux connaître les charismes les uns des autres, mieux vous situer dans notre diocèse. A vous de me proposer deux dates possibles et le lieu éventuel de la rencontre.
Frères et sœurs consacré(e)s,
Que la puissance d’amour qui est en vous, vous libère de la peur : « Qui nous séparera de l’Amour du Christ ? »
Que l’Esprit qui m’a inspiré de vous écrire cette lettre, vous habite et vous transforme en hommes et femmes prophétiques dont notre diocèse, notre pays, notre monde a tant besoin aujourd’hui.
Unis dans une même prière avec vous et pour vous en ce 2 Février 2011, je vous recommande à « Celui dont la force agit en nous, à Celui qui peut infiniment plus que ce que nous demandons ou comprenons… » (Eph. 3, 20)
Recevez, chers frères et sœurs, mes salutations cordiales en même temps que ma bénédiction au nom de Dieu Tout-Puissant dans l’Amour.
Votre Yayà,
Ya’ Philippe
Evêque d’Inongo
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