lundi 19 mai 2008

FILLES ET FILS DE BANDUNDU……(suite et fin)

Transports et communications

Les richesses de Bandundu ne seront d'aucun profit pour la population de cette province tant qu'i n'l y aura pas de véritables réseaux de communications.

Nous saluons les programmes et projets en exécution pour la réhabilitation de la nationale n°2 et de quelques voies de desserte agricole par le gouvernement et les partenaires étrangers. Cependant, nous déplorons la qualité de ces travaux qui, à certains endroits, sont visiblement éphémères et n'ont pas une longue vie. Nous craignons que ne soient confirmées les rumeurs de corruption au niveau de passation des marchés et du contrôle de la qualité du travail.

Nous demandons ainsi aux autorités politiques et à toutes les forces vives de la province de prendre des dispositions nécessaires pour un contrôle efficace.

Nous recommandons une politique de réhabilitation des routes qui tienne compte des principaux axes pour le désenclavement des quatre coins de notre province et sa croissance économique. Pour ce, une commission technique d'étude nous parait indispensable pour échapper à l'arbitraire. Nous constatons qu'il n'existe nullement une politique de transport en commun entre villes ou à l'intérieur de nos cités. Il appartient au pouvoir public d'assumer une telle responsabilité.

Nous tenons à rappeler aux autorités provinciales que la province de Bandundu ne se limite pas aux villes. Les paysans ont droit aux mêmes attentions que les citadins.


 

Justice et paix.

Nous sommes convaincus que la paix véritable n'est pas l'absence de guerre. Un peuple paupérisé, chosifié est loin de prétendre à une quelconque paix. Il n'y a pas de paix sans justice. En effet, que de tracasseries de la des policiers, des militaires et de certains autres agents de l'état.

Dans certaines ville ou grandes cités de notre province, ceux qui y entrent en véhicules, à bicyclettes, en pirogue…pour vendre leurs produits sont souvent embêtés par des barrières érigées illégalement pour leur soutirer l'argent sous plusieurs prétextes.

Nous demandons donc aux gouvernants de la province de mettre fin à ces pratiques de la deuxième République.

Nous dénonçons aussi la corruption qui s'installe de plus en plus dans nos services publics, jusque dans les appareils judiciaires. Beaucoup de personnes se passent pour des intouchables qui n'ont de comptes à rendre à la loi. Un pourboire est plus considéré que la compétence dans l'engagement des employés ; un dossier qui n'est pas accompagné d'une 'enveloppe' n'a généralement pas la chance d'être traité régulièrement dans nos administrations locales… Autant des choses pour lesquelles nous appelons nos autorités à mettre les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement de l'appareil judiciaire.

Les droits des tribus minoritaires ou marginalisés doivent être un souci spécial pour les autorités de la province. Les pygmées, pour ne citer que ceux là, ont droit à la vie et à l'éducation comme toutes les autres tribus de la province.

La problématique des frontières de la province avec l'Angola et le Congo-Brazzaville exige un regard spécial des dirigeants pour la sécurité et la prospérité économique particulièrement dans les régions de Kahemba, Bolobo et Kwamouth…. La transparence nécessaire avec les pays voisins permet d'apaiser davantage la population.

Les élections locales

Nous serons appelés de nouveau à nous rendre aux urnes. Le temps qui nous sépare de premières élections constitue une opportunité pour réfléchir et corrigées les erreurs d'hier. Ces élections dites « de la base » sont, à maints égards, plus importantes que les précédentes. L'enjeu principal est qu'on n'élit plus celui qui gouverne ou qui siège au loin, mais celui qu'on devra côtoyer tous les jours. Le vrai développement du pays ne sera pas dicté du sommet mais partira e la base.

Voilà pourquoi, les dirigeants locaux devront être des hommes et des femmes honnêtes, compétents, avisés et capables de conscientiser la population à se prendre en charge de façon efficace.

Nous invitons la population à bien réfléchir particulièrement sur les candidatures de ceux qui se cachent derrière les représentations de partis politiques ; car ceux-ci peuvent avoir un bon programme mais leurs candidats peuvent ne pas être à mesure de répondre aux attentes de la population.


 

Impôts et Salongo

L'engagement communautaire dans la gestion de la chose publique ne fit pas encore partie de notre culture. La politique moderne apprise par des colons nous a habitués au paternalisme. La mobilisation populaire pour le salongo n'a pas fait long feu. La culture de l'impôt est en perte de vitesse.

Il y a donc nécessité d'une grande éducation de la masse à la citoyenneté. Pour relever ce défi, parmi tant d'autres, nous invitons les autorités politiques et toutes les forces vives compétentes en la matière à s'engager dans cette formation indispensable pour le développement de notre province.

Nous demandons que soit entreprise la formation des agents publics de l'état à la culture du bien commun, à la transparence dans la gestion et à l'utilisation des fonds perçus au profit de la population. Dans le même ordre d'idées, il faut combattre l'impunité à tous les niveaux.


 

II. EXHORTATIONS

Chers sœurs et frères dans le Christ,

Ce survol des différents défis de la province nous aura permis de nous rendre compte qu'il y a encore beaucoup à faire pour l'avènement d'un Bandundu meilleur et prospère, où ses filles et fils vivront dans la dignité des femmes et des hommes créés à l'image de Dieu. Ainsi nous, vos pères évêques, exhortons chacun de vous, dirigeants er dirigés à donner le meilleur de vous-mêmes pour le salut intégral de Bandundu.

Au service des frères

Pour rappel, pendant la campagne électorale, la plupart des candidats se sont présentés auprès es électeurs comme étant leur sœur ou leur frère. En les votant, le peuple a exprimé son vœu de voir ces dirigeants gouverner dans un esprit d'équité, de solidarité et de fraternité. Nous invitons tous les élus du peuple à prendre au sérieux cette valeur négro-africaine et chrétienne dans le service de leurs sœurs et frères. Qu'ils soient donc les femmes et les hommes de la parole donnée.

Parmi le signes concrets de cette fraternité, nous soulignons la transparence dans la gestion de la chose publique et la franche collaboration entre ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont dans l'opposition. Nous exhortons les gouvernants à éviter tout esprit de triomphalisme, d'exclusion et surtout à ne pas se considérer comme des ennemis. Nous les invitons également à ne pas s'enfermer dans une attitude d'autosuffisance.


 

Nécessité de l'engagement de tous

Certes, nos dirigeants doivent faire montre de compétence, de bonne volonté et d'intégrité morale. Cependant, seuls ils ne pourront pas relever nos nombreux défis. Encore faut-il que chacune et chacun des filles et chacun des fils de Bandundu apporte sa contribution. Un peu de bonne volonté suffit pour que beaucoup des problèmes soient résolus au niveau de la base. On n'a pas besoin de l'intervention d'un ministre pour maintenir propre sa parcelle et ses environs.

Interpellation de la diaspora

Dans le même ordre d'idées, nous invitons aussi les ressortissants de Bandundu éparpillés dans le monde entier et capables d'investir, de bien vouloir penser à cette terre qui les a accueillis dans la vie et où ils ont appris à être hommes. Contrairement aux investisseurs étrangers qui ne voient que leurs intérêts, nous espérons que nos sœurs et frères allieront leurs intérêts au désir de voir leur terre natale se développer.

Chers sœurs et frères, en dépit du découpage territorial prévu par la constitution en vigueur, nous vous exhortons à garder une conscience vive d'être des sœurs et des frères, des filles et des fils du même Père. Que cette fraternité cimente et stimule notre collaboration dans la construction de cette terre de nos aïeux. Que nos ancêtres intercèdent pour notre province. La division de la province n'est pas la division des cœurs.


 

Aux agents pastoraux

Nous demandons à tus nos agents pastoraux de faire une large diffusion de ce message. Qu'ils s'imprègnent eux-mêmes de son esprit, qu'ils s'engagent activement dans cet élan de la construction de la province et qu'ils atteignent toutes les couches de leurs entités pastorales.

A la fin de notre message, nous voulons exprimer notre compassion pour nos sœurs et frères de KIKWIT, victimes de la pluie du 1er Janvier dernier et pour ceux de BUKAVU victimes du tremblement de terre commencé dans la nuit du 2 au 3 février. La charité du Christ nous invite à chercher les voies et moyens pour leur venir en aide. Solidaires et compatissants à leurs souffrances, nous prions pour que Dieu leur comble des grâces dont ils ont besoin en ce moment difficile.

Nous confions l'avenir de notre province, ses dirigeants et sa population à Notre Seigneur Jésus Christ et à sa Mère, la Vierge Marie, Notre Mère.

Que la bénédiction de Dieu tout Puissant soit sur le Bandundu et tout le Congo.


 

Fait à Kinshasa, le 06/01/2008

LES EVEQUES DE LA PROVINCE DE BANDUNDU

-Mgr Marie-Edouard MUNUNU KASIALA,
Evêque de Kikwit

-Mgr Philippe NKIERE KENA,
Evêque d'Inongo

-Mgr Gaspard MUDISO
Evêque de Kenge

-Mgr Louis NZALA
Evêque de Popokabaka et Administrateur apostolique d'Idiofa.


 

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